L'Allemand Sebastian Vettel, 26 ans, au volant d'une Red Bull-Renault de plus en plus invincible, a dominé une saison 2013 de Formule 1 qu'il a terminée en trombe pour se lancer à la poursuite des records de Michael Schumacher.

Les amateurs de statistiques retiendront qu'il est devenu, un dimanche dans la banlieue de New Delhi, le plus jeune quadruple champion du monde de l'histoire de la F1, rejoignant au passage Alain Prost au palmarès. Sauf que le champion français avait 38 ans lorsqu'il a décroché son 4e et dernier titre en 1993. Vettel avait 6 ans et commençait à regarder la F1 à la télévision.

Certes Vettel n'a pas encore conquis cinq titres d'affilée, comme Michael Schumacher chez Ferrari (2000-2004), mais «Schumi», l'idole de jeunesse de Vettel, avait dû attendre ses 32 ans bien tassés pour coiffer sa 4e couronne, en 2001. Vettel n'avait alors que 13 ans et bouclait déjà sa 7e saison de karting, marquée par une victoire à la Monaco Kart Cup et une autre à Paris-Bercy, en lever de rideau des vedettes de la F1.

Comme beaucoup de records de la F1 sont détenus par Schumacher, le parallèle avec Vettel va continuer un moment, et les comparaisons aussi. Cette fin de saison 2013 a déjà permis à celui qu'on surnommait «Baby Schumi» de battre un des records du «Baron Rouge», celui des victoires consécutives: 7 en 2004 pour Schumacher, contre 9 cette année pour Vettel, entre le GP de Belgique et celui du Brésil.

Un palmarès impressionnant 

En gagnant à Interlagos, Vettel a aussi réussi à égaler un autre record de Schumacher, celui des victoires en une seule saison: 13 en 2004 pour l'aîné alors à l'apogée de sa carrière et lancé comme un bolide sur la route de son 7e et dernier titre mondial.

Et c'est bien cela qui donne le frisson à ses rivaux. Le Vettel de 26 ans est déjà au même niveau, voire meilleur, que le Schumacher de 35 ans qui allait ensuite être battu deux saisons de suite par Fernando Alonso (2005-2006). Ce même Alonso que Vettel vient de dominer deux saisons d'affilée en collectionnant victoires, positions de tête et records du tour.

Dans le détail aussi, les statistiques de Vettel sont effrayantes: 39 victoires en 120 GP, soit une course sur trois, et 62 podiums, donc une course sur deux; 45 poles et 22 meilleurs tours, pour faire bonne mesure. Car même si Vettel dit et répète qu'il ne cherche pas à battre des records, qu'il aime surtout gagner des courses, il fait tout comme si c'était son obsession ultime.

Webber tire le rideau chez Red Bull

À ce rythme-là, et si la Red Bull de l'an prochain est aussi efficace que la RB9 de 2013, Vettel risque de détourner de la F1 les admirateurs qui y étaient revenus à la fin du monopole Schumacher. Sauf s'il continue en 2014 à pratiquer l'alternance de ses quatre premiers sacres: une année à suspense, incertaine jusqu'au bout, comme en 2010 et 2012, suivie d'une année nettement dominée, comme en 2011 et 2013.

C'est ce qu'espèrent secrètement ses rivaux, pour qui le changement de réglementation technique, en 2014 avec l'arrivée de nouveaux moteurs V6 turbo hybrides, va peut-être redistribuer les cartes. À condition toutefois que Mercedes et Ferrari soient parvenus à mettre au point un moteur au moins au niveau du bloc Renault, en termes de fiabilité comme de performance.

Mark Webber, lui, ne sera plus chez Red Bull. Il a tiré le rideau fin 2013, lassé de se battre, même à armes supposées égales, avec le phénomène Vettel. L'Australien de 37 ans va se refaire une santé psychologique en endurance, une catégorie dans laquelle trois pilotes se partagent équitablement les honneurs. Ce ne sera jamais le cas chez Red Bull, où tous les salariés sont dévoués à la cause de Vettel.