La Fédération internationale de l'automobile (FIA) s'est montrée clémente mercredi envers Ferrari, qu'elle a décidé de ne pas sanctionner autrement que financièrement malgré les consignes d'équipe transmises à Felipe Massa lors du Grand Prix d'Allemagne de Formule 1.

Le Brésilien, alors qu'il menait la course à Hockenheim devant son coéquipier Fernando Alonso, avait été averti par radio que l'Espagnol, mieux placé que lui au Championnat, était plus véloce en piste: «Fernando est plus rapide que toi. Peux-tu me confirmer que tu as compris le message?».

Massa avait alors étrangement balbutié un changement de vitesses au 47e tour de l'épreuve, permettant à Alonso de le dépasser, puis de remporter la course.

Son ingénieur de course, qui lui avait transmis la consigne, s'était ensuite excusé, à nouveau par radio. Le Brésilien s'était plus tard montré extrêmement taciturne en conférence de presse, son visage fermé semblant contredire sa propre version des faits, à savoir qu'il avait sciemment laissé passer Alonso.

En effet, Massa ne pouvait pas dire que Ferrari l'avait poussé à ralentir, les «directives d'équipe qui interfèrent avec les résultats d'une course» étant «interdites», selon l'article 39.1 des règles sportives 2010 de la FIA, l'un des deux auxquels la Scuderia était accusée d'avoir contrevenu.

Ferrari, dont le recours excessifs au consignes d'équipe sous l'ère Schumacher avait précipité leur bannissement en 2002, avait d'ailleurs écopé d'une amende de 100.000 euros au soir du GP d'Allemangne, le 25 juillet, infligée par les commissaires de course.

«Hypocrisie»

Une sanction que le Conseil mondial de l'automobile, une entité de la FIA, qui s'est réuni mercredi au siège de la Fédération internationale, place de la Concorde à Paris, a donc choisi de ne pas alourdir, selon le président italienne Angelo Sticchi Damiani.

Ferrari, qui depuis lors criait au complot - «Assez d'hypocrisie, cela s'est toujours produit», s'était indigné a posteriori le président de Fiat et de Ferrari, Luca di Montezemolo -, peut souffler.

L'écurie doyenne de la F1, qui aurait pu se voir retirer les points engrangés à Hockenheim au classement constructeurs, voire à celui des pilotes, ne perd pas toutes ses chances de titre(s).

Fernando Alonso, 5e du général avec 141 points, reste à 41 longueurs de son meilleur ennemi, le Britannique Lewis Hamilton (McLaren). La perte éventuelle des 25 points de sa victoire allemande aurait à coup sûr anéanti tous ses espoirs de sacre.

Reste la détestable impression de conflit d'intérêt permanent prévalant en F1. Car le président de la FIA, Jean Todt, n'est autre que l'ex-patron de Ferrari et le père de Nicolas, l'agent de Felipe Massa. «Sa» Fédération pouvait-elle dès lors lourdement punir Ferrari?

Red Bull, qui joue le jeu de la concurrence loyale entre Sebastian Vettel et Mark Webber depuis le début de la saison, ce qui a eu pour mérite de conserver l'intérêt du Championnat, pourra se mordre les doigts si Alonso vient à être couronné à Abou Dhabi, dernière étape de la saison 2010.