Red Bull et Mark Webber ont royalement dominé le Grand Prix de Hongrie de Formule 1 dimanche à Budapest, où l'Australien a pris la tête du championnat du monde grâce à son panache et à un choix stratégique qui lui a offert la victoire.

Il s'est imposé devant un Fernando Alonso chanceux et un Sebastian Vettel d'humeur massacrante pour avoir encore une fois laissé échapper une victoire qui lui tendait les bras.

Deuxième sur la grille à côté de son coéquipier Vettel (en pole position), mais du côté sale de la piste, l'Australien a commencé par se faire doubler au départ par Alonso (Ferrari), qu'il a été incapable d'inquiéter pendant 15 tours, sur un ruban étroit rendant les dépassement quasi impossibles.

Mais un fragment d'une monoplace présent sur la piste provoquait la sortie de la voiture de sécurité au 16e tour. Tous les hommes de tête décidaient de s'arrêter changer leurs pneus, sauf Webber, qui se retrouvait aux commandes de la course, devant son coéquipier.

«Nous n'avions pas beaucoup de temps (pour décider). Quand on est arrivé devant la ligne droite des stands, je pensais, dans ma tête: "Allez Fernando, s'il te plaît rentre, s'il te plaît rentre", pour que je puisse tenter quelque chose de différent. Et il est rentré!», a raconté Webber, tout sourire.

L'Australien, en modifiant sa stratégie, cherchait seulement à dépasser Alonso, plus lent. Mais les commissaires allaient changer le destin de la course, en infligeant une pénalité à Vettel -passage au stand obligatoire, pour avoir laissé trop d'espace entre sa monoplace et celle de Webber alors que le GP était neutralisé.

La donne changeait pour l'Australien, qui pouvait désormais gagner. Mais il devait pour cela garder ses pneus le plus longtemps possible tout en distançant Alonso - 2e grâce à la pénalité de l'Allemand - afin de ressortir des stands en tête après son propre changement de gommes.

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«Ce n'était pas un pari impossible, mais il y avait des risques. Je devais creuser un écart de 20 secondes. Mon pneu avant gauche n'a pas vraiment aimé cela, surtout dans la dernier virage», a-t-il remarqué.

La tâche fixée était toutefois à la mesure du talent de Mark Webber, qui a enchaîné les tours rapides, prenant régulièrement une seconde au tour à Alonso.

A l'inverse Vettel ne réussissait pas à doubler l'Espagnol, privant Red Bull d'un doublé mérité, tant la supériorité des monoplaces austro-britanniques sur la concurrence a semblé énorme à Budapest.

«Sans (la pénalité), cela aurait été une promenade de santé pour moi dimanche. Mais au moins nous avons sauvé le podium», a réagi Vettel, dont le visage fermé trahissait le dépit.

«Nous avons vraiment eu de la chance que sur ce circuit on ne puisse pas doubler», s'est réjoui Alonso. «Ailleurs il l'aurait fait tôt ou tard», a poursuivi le pilote Ferrari, qui a expliqué s'être senti «comme un pilote d'une des nouvelles écuries. Je faisais de mon mieux et pourtant (les Red Bull) s'éloignaient.»

Felipe Massa, sur la deuxième Ferrari, échoue au pied du podium. Il devance Vitaly Petrov, 5e, qui réalise le meilleur résultat de sa jeune carrière pour Renault, devant un autre rookie, Nico Hülkenberg, 6e pour Williams.

Lewis Hamilton est le grand perdant du jour. Contraint à abandonner précocement sur un ennui de boîte de vitesses, le Britannique a dû laisser la tête du Championnat au vainqueur du jour. Mark Webber le distance désormais de 4 petits points (161 contre 157).

McLaren perd également le premier rang au classement constructeurs, dont s'empare Red Bull pour 8 longueurs (312 contre 304).

Schumacher pénalisé de 10 places

Par ailleurs, Michael Schumacher sera pénalisé de dix places sur la grille du prochain Grand Prix de Belgique de Formule 1 pour avoir dangereusement serré Rubens Barrichello contre le muret des stands alors que celui-ci le dépassait dimanche à Budapest, a annoncé la FIA.

Le septuple champion du monde allemand, qui a terminé 11e en Hongrie, perd avant même d'arriver à Spa-Francorchamps toute chance d'y réaliser un bon résultat, après la sanction de la Fédération internationale de l'automobile.

Schumacher et Barrichello, qui ont tous les deux été entendus après course par les commissaires de la FIA, ont cohabité chez Ferrari pendant 6 saisons, entre 2000 et 2005, l'Allemand étant alors clairement favorisé par rapport au Brésilien.

Les rapports entre les deux hommes manquent depuis lors sérieusement de cordialité.

Dimanche, Barrichello, qui avait adopté une autre stratégie que l'Allemand, essayait de le passer, chaussé de pneus neufs, pour le gain de la 10e place. Mais Schumacher lui a opposé une résistance plus que limite, qui aurait pu se solder par un accident.