Le Britannique Jenson Button (Brawn GP) a assommé la concurrence dimanche en remportant à Istanbul son sixième Grand Prix sur les sept disputés depuis le début de la saison, ses poursuivants semblant incapables de lui disputer le Championnat du monde cette année.

Sebastian Vettel (Red Bull), désigné comme son principal rival, avait pourtant réalisé la pole position samedi, ce qui laissait entrevoir une fin de l'hégémonie du pilote Brawn GP.

Dimanche, Vettel n'a malheureusement fait illusion que sur quelques virages, au premier tour, le temps de commettre une petite faute et de se faire doubler par le leader du Championnat.

«C'était au 9e ou au 10e virage. J'ai presque perdu ma voiture. C'était mon erreur», a raconté Vettel. «Mais ça n'aurait pas fait de grande différence. Jenson était trop rapide aujourd'hui. Je n'aurais pas pu le retenir», a-t-il souligné.

L'espoir allemand, pour qui une stratégie à trois arrêts pour ravitaillement avait été décidée, s'est en outre fait dépasser par son coéquipier, l'Australien Mark Webber, qui n'en a effectué que deux. «Je ne comprends pas pourquoi on est resté sur trois stops. On n'a pas fait du bon boulot. Il faudra améliorer cela», s'est agacé Vettel.

«En commençant une course en pole, on veut la gagner (...). Nous pensions que nous avions une chance de battre Jenson», a rappelé Vettel, troisième du Championnat et désormais relégué à 32 points du leader.

Mais Brawn GP et Button «étaient sur une autre planète (...). On a enfin vu aujourd'hui ce que Jenson était capable de faire», a-t-il constaté, impuissant.

Dans le paddock, certains estimaient ainsi que Brawn GP ne donnait pas son plein potentiel depuis le début de la saison, malgré la franche domination de Button, bien secondé par Barrichello.Voiture «scandaleuse»

Le cavalier seul du Britannique dimanche permet de lever ce doute. En début de course, alors que sa monoplace était plus chargée en essence, Jenson Button a régulièrement pris plus d'une demi-seconde au tour à Vettel, et davantage encore aux autres pilotes.

«J'avais déjà eu des voitures rapides, mais parfois compliquées à conduire. Celle-ci était immense. Elle s'adaptait parfaitement à mon pilotage», a expliqué Button. «À un moment, à la radio, j'ai dit à mon équipe qu'elle était scandaleuse», s'est-il souvenu, les yeux dans les nuages.

Scandaleusement agréable à conduire, il s'entend! Mais l'avantage que sa monoplace confère à l'Anglais relève tout autant du scandale, pour ses infortunés adversaires.

Dommage, pour Brawn GP, que Barrichello, pourtant très vindicatif cette semaine, quand il avait affirmé être candidat au titre, n'ait pas tiré profit de cet ascendant. Sans cela, l'écurie de Ross Brawn aurait pu réaliser un quatrième doublé.

Le Brésilien a d'abord pris un mauvais départ, qui lui a fait perdre une dizaine de places, puis il a multiplié les fautes, pour finalement abandonner sur problème mécanique, alors qu'il roulait en toute fin de peloton. Quand il a prématurément ôté son casque, Barrichello avait le masque.

Encore deuxième du classement, le Brésilien pointe désormais à 26 longueurs de son coéquipier.

Le reste des points a été distribué à Jarno Trulli (Toyota, 4e), Nico Rosberg (Williams, 5e), Felipe Massa (Ferrari, 6e alors qu'il avait remporté les trois derniers GP de Turquie), Robert Kubica (BMW Sauber, 7e), et Timo Glock (Toyota, 8e).

Les deux pilotes Toro Rosso, Sébastien Buemi et Sébastien Bourdais ont terminé quinzième et dix-huitième.