En infligeant une suspension de trois courses «avec sursis» à McLaren-Mercedes, coupable de mensonges au GP d'Australie, la Fédération internationale de l'automobile (FIA) a préservé les intérêts de l'écurie anglo-allemande et du championnat du monde 2009 de Formule 1.

Le Conseil mondial a joué l'apaisement, une sage décision alors que la saison européenne de F1 débute le 10 mai en Espagne et continue 15 jours plus tard par le prestigieux Grand Prix de Monaco, et alors que toutes les cartes ont été redistribuées cet hiver, provoquant des surprises à répétition.

Il y a eu les trois victoires de Jenson Button dans sa Brawn-Mercedes, le doublé des Red Bull en Chine. Il y a eu aussi les contre-performances des McLaren et des Ferrari, les polémiques autour des diffuseurs et du KERS.

Les mensonges de Lewis Hamilton étaient graves, surtout de la part d'un champion du monde en titre, mais il était temps de tourner la page pour ne pas gâcher l'euphorie d'un début de saison palpitant, marqué par des quantités de dépassements et déjà de gros écarts aux classements du championnat.

Au GP d'Australie, à la suite d'un dépassement d'Hamilton par Jarno Trulli (Toyota), pendant une sortie de la voiture de sécurité, le pilote italien avait été déclassé de sa 3e place au bénéfice du pilote anglais, celui-ci ayant affirmé qu'il était passé en force, sous les drapeaux jaunes. Un gros mensonge.

Le président de la FIA, Max Mosley, a jugé «parfaitement équitable» cette suspension de trois courses. Elle ne prendra effet que si d'autres révélations sont apportées dans cette affaire, ou si McLaren-Mercedes viole à nouveau le code sportif de la F1 dans les douze prochains mois.

«Le sport reprend ses droits»

Comme il fallait trouver de bonnes raisons de faire preuve de clémence, la FIA s'est basée sur le «changement radical d'attitude de McLaren, cela n'a plus rien à voir avec ce qui se passait auparavant», a résumé le président Mosley.

Oubliée l'arrogance des anciens maîtres de la F1 à l'époque d'autres polémiques, le team manager Martin Whitmarsh était arrivé tout seul, sans avocat, mercredi matin place de la Concorde. Il avait préparé le terrrain en écrivant une lettre d'excuses confidentielle au président Mosley.

«Nous sommes conscients d'avoir fait de graves erreurs et j'étais heureux de pouvoir présenter à nouveau nos excuses», a dit Whitmarsh à sa sortie, une heure plus tard. «J'ai aussi pu garantir aux membres du Conseil mondial que nous avions pris les mesures nécessaires pour que ceci ne se reproduise plus».

«Notre équipe a coopéré de manière très franche et ouverte avec la FIA. Le Conseil mondial en a tenu compte, cette affaire est désormais classée et le sport reprend ses droits», a réagi Norbert Haug, vice-président de Mercedes Motorsport.

Mosley avait déjà obtenu que Ron Dennis, le patron historique de McLaren, s'éloigne de la F1, ce qu'il espérait depuis longtemps. Dave Ryan, le directeur sportif, a été licencié parce qu'il avait menti et incité Hamilton à mentir. Le ménage était fait, la FIA a pris acte. Rideau.