Alain Prost, favorable à une réduction des coûts en Formule 1, laisse entendre que le pilotage dans la discipline reine du sport automobile a perdu de son lustre.

«Aujourd'hui, je gagnerais plus d'argent, mais je serais moins intéressé par le monde de la F1», avoue le Français quadruple champion du monde de la discipline.

L'annonce par Honda de son retrait de la compétition cette année, le choix de la banque Crédit Suisse de retirer le parrainage apporté à l'écurie BMW Sauber ou encore la décision, mardi, de la banque néerlandaise ING, qui commandite notamment Renault, de réduire ses coûts, ne sont pas selon lui des événements de nature à fragiliser profondément la Formule 1.

«Il ne faut pas paniquer. Il y a une logique économique. Je préfère des gens qui disent «on réduit» plutôt que «on arrête'. A part Honda, il n'y a pas panique à bord», a-t-il confié à The Associated Press en marge de la présentation, mercredi, à Paris de l'équipe cycliste Caisse d'Epargne, son commanditaire dans le Trophée Andros de courses sur glace.

«En F1, il y a le même problème pour tous: continuer avec des budgets réduits. Les constructeurs et les écuries étaient allés trop loin. Je n'avais jamais connu la F1 avec une débauche de moyens comme ces dix dernières années», souligne-t-il.

S'il estime que la réduction des coûts passe par la limitation des essais, il est défavorable à l'instauration d'un moteur unique, comme l'avait suggéré la Fédération internationale de l'automobile.

«Je suis contre le moteur unique. La Formule 1 doit rester la vitrine des constructeurs. Les voitures peuvent être proches, mais elles doivent être différentes, car les constructeurs doivent montrer qu'ils sont les meilleurs, juge-t-il. Mais personne n'est pour le moteur unique».

Selon lui, cette suggestion de la FIA a été faite «pour provoquer les écuries et qu'elles acceptent certains changements».

Au-delà des restrictions financières, le Français de 53 ans, vainqueur de 51 Grands Prix entre 1980 et 1993, estime qu'un certain l'âge d'or de la F1 est révolu.

«Il y a moins de dépassements et plus de stratégie. Tout se passe plus dans les stands. Les pilotes pensent seulement à la vitesse. Nous, il fallait préserver les freins, les boîtes de vitesse, surveiller la consommation d'essence. Les voitures sont aujourd'hui figées. Nous, on les réglait jusque sur la grille de départ», souligne Prost, surnommé «Le Professeur» pour sa science des réglages.

«Sur le plan de l'intérêt, j'ai vécu l'âge d'or. Mais il y avait des accidents, des morts. Les pilotes d'aujourd'hui connaissent l'âge d'or de la sécurité», reconnaît-il.