Un gala de boxe ambitieux, des vedettes dans un festival de cinéma à grande échelle et un match de soccer comptant les meilleurs joueurs au monde : les promoteurs d'événements ne manquent pas d'idées pour assurer le rayonnement de Montréal. Les fonds avancés par Ottawa et Québec pour sauver le Grand Prix ne leur sont toutefois pas acquis.

Le ministre provincial responsable de la région de Montréal, Raymond Bachand, est ouvert à l'idée que Québec investisse dans un projet de remplacement au Grand Prix du Canada. À condition, toutefois, que l'événement engendre des retombées fiscales importantes. «Quand ce sont des projets qui rapportent, on est toujours prêts à les regarder», a déclaré le ministre Bachand, en marge d'un point de presse dans le quartier Saint-Michel, à Montréal.

Dans leur montage financier qu'ils ont présenté à Bernie Ecclestone, Québec et Ottawa étaient prêts à investir conjointement 5 millions par année pour maintenir la course de Formule 1 à Montréal. «Ce n'est pas comme si on avait 5 millions à donner, a relativisé le ministre Bachand. Le Grand Prix nous rapportait 15 millions dans nos poches, et on investissait une partie de ce montant. Alors ça prend des événements (qui engendrent des retombées fiscales).»

 

Or, les événements proposés jusqu'à maintenant ne semblent pas répondre à ce critère. «De façon générale, ce sont des beaux projets culturels, sportifs, ou autres, mais ce ne sont pas nécessairement des projets qui ramènent des retombées fiscales», a souligné Raymond Bachand.

 

Mais qu'est-ce qui peut amener à Montréal des retombées de l'ordre du Grand Prix ?

 

«Je m'amuse, mais est-ce qu'il faut faire un Disneyland montréalais ? Est-ce que l'on doit réaménager un lieu, ou encore offrir des spectacles qu'on ne peut voir nulle part ailleurs ? C'est une question qui va demander une très grande réflexion aux Montréalais», affirme Daniel Gélinas, qui a présidé toute l'année la Société du 400e anniversaire de Québec. Pour assurer le succès des célébrations dans la Vieille Capitale, il dit avoir misé notamment sur l'exclusivité de certaines vedettes ou événements, comme Paul McCartney et le Moulin à images.

 

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Des idées

 

«La perte du Grand Prix, c'est infiniment triste et j'espère que l'événement reviendra à Montréal un jour. Mais il y a des gens qui ont des projets. C'est le temps de les présenter, ces idées ! Oui, il faut voir ça comme une opportunité», lance Gilbert Rozon, président fondateur du Festival Juste pour rire.

 

L'homme d'affaires suggère de concentrer les festivals montréalais au mois de juillet, afin d'attirer les artistes de partout dans le monde à Montréal. Il s'inspire de ce que fait la ville d'Édimbourg, en Grande-Bretagne, qui organise 30 jours d'événements artistiques chaque mois d'août.

 

Pour sa part, le président de Culture Montréal, Simon Brault, croit qu'il faut rassembler les secteurs culturel et sportif. Il cite en exemple les grandes compétitions internationales auxquelles s'ajoutent souvent un volet culturel. «Au fond, les Jeux olympiques, c'est de plus en plus un croisement entre la culture d'un lieu et la compétition sportive, expose-t-il. On devrait appliquer cette approche là à d'autres événements internationaux qui pourraient avoir lieu ici.»

 

Le maire de Montréal, Gérald Tremblay, a réitéré hier sa proposition de créer un fonds spécial destiné au développement de nouveaux événements. «Le secteur privé sera peut-être prêt à considérer l'idée», a dit hier le maire Tremblay, rappelant que le milieu touristique était prêt à délier les cordons de la bourse pour sauver le Grand Prix.

 

Questionné si des événements l'intéressaient, Gérald Tremblay s'est engagé à «écouter attentivement» les suggestions qui lui seront faites. Il a toutefois rappelé l'idée d'organiser une course automobile de 24 heures dans la métropole. «On va analyser les propositions à leur mérite», a dit le maire.

 

Dix idées pour remplacer le Grand Prix

 

1- Méga gala de boxe

 

Le proposeur : Yvon Michel, promoteur montréalais.

En gros : On parle encore du combat Leonard contre Duran en juin 1980 à Montréal. Pourquoi ne pas le faire chaque année ? Un bassin d'amateurs plus que suffisant. A-t-on des promoteurs avec les reins assez solides ?

 

2- Matchs de soccer de très haut niveau

 

Le proposeur : Marcel Aubut, homme d'affaires.

En gros : Inviter à Montréal les plus prestigieuses équipes de soccer international.

Le match Portugal-Ghana a fait vendre 30 000 billets, alors imaginez le United.

Le Canada est-il vraiment un marché assez intéressant pour les bonzes du foot ?

 

3- Course d'endurance pour voitures électriques

 

Le proposeur : Jacques Duval, chroniqueur automobile.

En gros : Pendant 24 heures, des voitures électriques circuleraient sur le circuit Gilles-Villeneuve pour la première course du genre.

Une plateforme de recherche intéressante et un intérêt certain.

Outre Les 24 heures du Mans, les autres courses d'endurance attirent-elles vraiment les regards ?

4- Les X-Games 

 

Le proposeur : Tourisme Montréal.

En gros : Les jeux olympiques des sports extrêmes ne sont disputés qu'aux États-Unis, mais Tourisme Montréal aimerait les présenter ici.

Bon pour le commerce du genre extrême et pour rajeunir l'image de la ville.

Installations sportives à mettre à niveau et doutes sur les retombées économiques.



5- La NFL au stade


 

Le proposeur : L'idée circule beaucoup.

En gros : La ligue nationale de football est intéressée à aller vers de nouveaux marchés. Pourquoi pas ici ? Les billets seraient vendus le temps de dire touch down.

Serait-il possible d'obtenir un match de la NFL chaque année ?

 

6- Une étape du Tour de France

 

Le proposeur : Marcel Aubut, homme d'affaires.

En gros : La plus prestigieuse course de vélo transporterait tout son cirque outre-Atlantique, le temps d'une étape spéciale avant de rentrer en France.

Une extraordinaire visibilité internationale. Une logistique très difficile à gérer pour l'organisation.

Photo: Reuters

Un surfeur lors des x games aux États-Unis

7- Red Bull Air Race

 

 

Le proposeur : Tourisme Montréal.

En gros : Compétition aérienne de vitesse qui se déroule au-dessus de l'eau.

Un spectacle absolument extraordinaire pour la télévision, avec la ville en arrière-plan.

Pour éviter les ponts, il faudrait déplacer la compétition dans l'est, ou au-dessus de la Voie maritime. Où s'installeraient les spectateurs ?

 

8- Un festival de films prestigieux

 

Le proposeur : Serge Losique, président du Festival des films du monde.

En gros : Faire de Montréal un festival de films aussi grand que Cannes, en investissant pour faire venir de grands noms du cinéma.

Les grandes vedettes attirent les regards... et les fans.

Montréal subit déjà la concurrence de Toronto.

Photo: Reuters