Un terme que l'on continue d'utiliser, probablement autant par nostalgie que par manque de vocabulaire, même si les constructions de verre et d'aluminium d'aujourd'hui n'ont plus guère de points communs avec les caravanes sur roues d'autrefois.

Un terme que l'on continue d'utiliser, probablement autant par nostalgie que par manque de vocabulaire, même si les constructions de verre et d'aluminium d'aujourd'hui n'ont plus guère de points communs avec les caravanes sur roues d'autrefois.

Le problème, pourtant, ne semble guère justifier les solutions démesurées qui se bousculent désormais dans les paddocks : les écuries déplacent près de 100 personnes sur chaque Grand Prix (ingénieurs, mécaniciens, équipes de marketing, etc), et y invitent plusieurs dizaines de clients, amis, ou personnalités.

Pour permettre à tout ce monde de se reposer, de se restaurer, et de disposer d'un lieu de rencontre, chaque équipe déplace une structure mobile sur les circuits, ainsi qu'une batterie de cuisiniers et de serveurs.

Aux origines du sport automobile, on se la jouait simple. Le sandwich avalé dans un coin de garage régnait sans partage, et les mécaniciens, mains dans le cambouis, n'en demandaient d'ailleurs pas davantage.

Au début des années 60, les premiers invités ont commencé à fréquenter les paddocks. C'est ainsi qu'en 1964, le manufacturier Goodyear a décidé de financer un petit bus muni d'un auvent, sous lequel chacun était le bienvenu.

Depuis, les motor-homes se sont généralisés, jusqu'à ce que l'écurie McLaren, à la fin des années 90, décide de passer aux motor-homes à deux étages, le niveau supérieur étant déployé sur les circuits et rentré pour rouler sous les ponts d'autoroute. Les hostilités étaient lancées. Peu après, Renault innovait avec le «Taj-Mahal» : au lieu de motorhomes et de tentes posés les uns à côté des autres, Renault les avait reliés par un faux plancher et un toit en verre. Résultat : beaucoup de place pour recevoir les invités.

McLaren n'allait pas se laisser devancer. L'année suivante, l'écurie anglaise lançait son «Communication Centre», un ensemble de bureaux et de salles de réunions en aluminium et en verre, que l'écurie monte et démonte sur chaque circuit. Un bloc fermé qui a coûté près de 20 millions de dollars canadiens.

La réplique allait venir de Red Bull : l'an dernier, la marque de boisson énergétique profitait de son rachat de Minardi pour occuper la place des deux équipes en une seule construction, pompeusement dénommée l'«Energy Station» : un monstre de 32 mètres sur 14, nécessitant 25 camions pour se déplacer et trois jours de montage. Un ensemble qui permet d'accueillir jusqu'à 500 personnes, et que l'écurie utilise pour divertir le paddock.

À quoi une telle débauche d'effort et d'argent peut-elle bien servir? À rien, bien entendu. Il ne s'agit guère plus qu'épater la - petite - galerie constituée du club très fermé du monde de la F1.

Jusqu'ici, Ferrari, refusait de tomber dans ces travers tape-à-l'oeil. À Maranello, on ne voulait pas dépenser d'argent qui pouvait être investi dans les voitures.

Une théorie qui se conjugue désormais à l'imparfait : ce week-end, la Scuderia a inauguré une tour de trois étages, massive et dépassant toute autre construction du paddock avec ses 11 mètres de haut. «On voulait un ensemble intégré et efficace», explique Jon Williams, son concepteur. «Le rez, c'est pour les journalistes, les conférences de presse et le bar. Les étages supérieurs sont réservés à nos invités.» Bâtie sur des blocs préfabriqués de huit tonnes chacun, la tour Ferrari se monte en un jour grâce à une grue créée par l'occasion.

McLaren, bien entendu, ne va pas se laisser devancer par la Scuderia et par Red Bull dans ce championnat de l'absurde que l'équipe anglaise a elle-même initié. L'écurie anglaise prépare ainsi une réplique cinglante, un monstre de quatre étages, qui sera dévoilé lors du Grand Prix d'Angleterre, en juillet prochain.

L'ego des hommes n'a pas fini de les pousser à l'absurde. Et la Formule 1, comme toujours, en constitue une illustration extrême.