En 1994, la tragique disparition d'Ayrton Senna a été vécue comme un choc par le monde de la Formule 1. Dans de nombreux pays, les fan clubs à la mémoire du Brésilien se sont multipliés. Mais leur ferveur restait discrète. Nettement plus discrète que la passion vouée à Gilles Villeneuve.

En 1994, la tragique disparition d'Ayrton Senna a été vécue comme un choc par le monde de la Formule 1. Dans de nombreux pays, les fan clubs à la mémoire du Brésilien se sont multipliés. Mais leur ferveur restait discrète. Nettement plus discrète que la passion vouée à Gilles Villeneuve.

Si Ayrton Senna avait été couronné champion du monde à trois reprises, Gilles Villeneuve, lui, comptait six victoires seulement à son palmarès. Six victoires en tout et pour tout, mais une aura semblable à celle d'un multiple champion.

Si Gilles Villeneuve continue de compter des fans dans de nombreux pays, c'est en Italie que son culte est le plus fort. À Monza, 25 ans après sa disparition, la fameuse «Libreria Autodromo», située dans l'enceinte du circuit, ne compte plus les livres, posters ou modèles réduits consacrés à Gilles. Parmi le public massé autour du circuit milanais, on trouve toujours des pancartes où l'on peut lire «Gilles vivo», même après toutes ces années.

La passion des Italiens pour Gilles Villeneuve s'explique avant tout par les liens qui unissaient Gilles Villeneuve à l'Italie. Il y a vécu. Il en parlait la langue. Et surtout, c'est sur une Ferrari que le Québécois a remporté toutes ses victoires.

Le Commendatore Enzo Ferrari le considérait un peu comme son fils spirituel, celui qu'il n'a pas eu. Le fondateur de l'écurie Ferrari adorait le style flamboyant de Gilles Villeneuve, sa propension à ne jamais renoncer, même lorsque sa monoplace était réduite à un état catastrophique - on se souvient notamment de son retour au stand sur trois roues, au Grand Prix de Hollande, sur le circuit de Zandvoort.

Enzo Ferrari adorait Gilles et c'était donc automatiquement le cas de toute la Péninsule italienne. Les Italiens, par nature, affectionnent les caractères entiers et un peu fous, ce qui était exactement le cas de Gilles Villeneuve.

Les Italiens sont également animés d'une grande foi. Et ils croient aux signes du destin. Deux ans après le décès de Gilles Villeneuve, le championnat de Formule 1 est revenu à Zolder pour un dernier Grand Prix de Belgique. Une course remportée par Michele Alboreto, sur Ferrari, après que les deux monoplaces de la Scuderia eurent monopolisé la première ligne de la grille de départ.

Cette victoire se pose comme un mystérieux et ultime hommage à Gilles Villeneuve : cette saison-là, en effet, a été dominée par les McLaren Porsche. En 1984, la Scuderia était incapable de faire triompher ses pilotes et ce Grand Prix de Belgique, à Zolder, fut la seule victoire de la saison des Ferrari. Pour beaucoup de tifosi, y compris pour certains membres de l'écurie italienne, cette victoire mystérieuse s'apparente à un signe divin, qui n'a fait que renforcer le mythe de Gilles Villeneuve en Italie.

Bien sûr, sur les circuits du monde entier, le nombre de banderoles portant le nom de Gilles Villeneuve diminue chaque année. Mais aujourd'hui encore, 25 ans après le drame, ils sont encore nombreux à vénérer le nom du pilote Ferrari le plus aimé de toute l'Italie.