Bourdais, qui est en quête d'un quatrième titre consécutif sans précédent en Champ Car, a confirmé vendredi qu'il se joindra à l'écurie de F1 Toro Rosso l'année prochaine.

Bourdais, qui est en quête d'un quatrième titre consécutif sans précédent en Champ Car, a confirmé vendredi qu'il se joindra à l'écurie de F1 Toro Rosso l'année prochaine.

«Enfin, ça se réalise! s'est exclamé Bourdais. Je suis très satisfait d'avoir enfin ma chance en Formule 1 et aussi parce que l'équipe démontre un certain potentiel.»

Plus jeune lorsque le Français a fait ses classes en course automobile en Europe, son objectif était d'accéder à la F1. Mais les portes ne se sont pas ouvertes devant lui et Bourdais s'est plutôt exilé aux États-Unis, où il est devenu l'un des meilleurs pilotes de l'histoire des courses de monoplaces en Amérique.

La transition vers la F1 pourrait ne pas être facile pour lui maintenant.

À 28 ans, Bourdais est beaucoup plus âgé qu'une recrue habituelle en F1. À titre d'exemple, citons le cas de son nouveau coéquipier Sebastian Vettel, âgé de 19 ans, qui a récemment remplacé Scott Speed, le seul pilote américain en F1, chez Toro Rosso.

Speed, Vettel et Vitantonio Liuzzi, celui que Bourdais remplacera, n'ont pas encore marqué un point après 11 des 17 courses cette saison pour l'écurie de fond de grille Toro Rosso.

C'est le jour et la nuit avec l'écurie de pointe Newman/Haas/Lanigan pour laquelle Bourdais conduit depuis son arrivée aux États-Unis en 2003 après avoir gagné le championnat de F3000 l'année précédente.

L'équipe américaine compte sept championnats et 101 victoires en CART et en Champ Car. Et Bourdais, couronné recrue de l'année à sa seule saison où il n'a pas remporté le titre, a obtenu 28 positions de tête et 27 victoires en 68 départs avant l'épreuve qui sera disputée dimanche à Elkhart Lake.

«C'est formidable que cela se concrétise enfin mais, d'autre part, j'ai aussi des sentiments mitigés car je me suis fait beaucoup d'amis et j'ai de très bons souvenirs» a confié Bourdais, vendredi, alors qu'il s'accordait quelques moments de détente entre les essais libres et la séance de qualification.

«Mais, entre-temps, ce n'est pas fini et nous avons un autre championnat à tenter de remporter et nous sommes définitivement très concentrés sur cet objectif.»

Bourdais devance le Néerlandais Robert Doornbos, pilote essayeur pour l'écurie Red Bull, par seulement 11 points au classement avec six courses à disputer.

Le Français a obtenu un point pour avoir dominé, vendredi, la première séance de qualification et s'être assuré la position de tête provisoire. Il a bouclé son tour le plus rapide du circuit de 6,48 km en une minute 42,385 secondes.

Le Québécois Alexandre Tagliani a signé le neuvième chrono en 1:43,689 et le Torontois Paul Tracy n'a pu faire mieux que le 15e rang en 1:44,716.

Une deuxième séance de qualification aura lieu samedi après-midi et établira la grille de départ définitive.

Questions-réponses avec Bourdais

Q: Le contrat signé, on imagine un soulagement ?

R: «Enfin, ça se réalise ! Il faut des résultats pour y arriver. Cela a pris plus de temps que prévu, il m'a fallu beaucoup de saisons Champcar pour montrer ce que je sais faire. Mais c'est le début d'une nouvelle aventure qui je l'espère sera longue.»

Q: Votre avenir paraissait bloqué en F1 et puis soudain tout s'est ouvert. Que s'est-il passé ?

R: Nicolas (Todt son agent) a de bonnes connexions avec notamment Gerhard Berger. Il a eu la chance de pouvoir le convaincre. Pendant des années, on a frappé à la porte. En 2003, on n'était pas loin avec Arrows, mais l'équipe a disparu pendant l'été. En fin d'année dernière honnêtement, je n'y croyais plus. Mais finalement comme souvent, c'est quand on n'y croit plus que cela se débloque.»

Q: Quand les négociations ont-elles débutées ?

R: «L'an passé pendant l'été je me confie à L'Equipe en disant que je n'y crois plus trop et une semaine plus tard, Nicolas me dit qu'il a discuté avec Gerhard Berger. Il me dit que l'écurie Toro Rosso est intéressée. Après il y a les tests de décembre et ceux au printemps.»

Q: Justement on a beaucoup parlé de vos tests. Quel rôle ont-ils joué dans la décision de l'écurie ?

R: «Ils étaient curieux avant les essais. Mais il fallait que ces tests se passent bien pour les convaincre.»

Q: L'an prochain vous allez conduire une F1. Est-ce un rêve qui se réalise ?

R: «C'est une nouvelle aventure, rien d'autre. On peut parler de rêve de gamin. Mais depuis que je suis pilote, ce n'est plus un rêve mais une possibilité de carrière. Les rêves n'existent que lorsqu'ils ne sont pas accessibles. Donc ce n'était un rêve que lorsque j'étais gamin.»

Q: Quel jugement portez-vous sur l'écurie que vous allez intégrer ?

R: «L'intérêt de cette relation n'est pas jouer dans le bas du classement mais d'être régulier dans le Top 10. On va grandir ensemble. C'est un défi avec beaucoup de travail. L'écurie travaille beaucoup, ils sont bien structurés. C'est un Petit Poucet qui veut grandir.»

Q: Et la voiture ?

R: «La voiture se bat pour rentrer dans les deuxièmes séances de qualification, pas pour la victoire. Mais ce n'est pas une voiture qui stagne. La voiture a montré qu'elle a du potentiel. Il y a certes beaucoup de travail à faire. Mais il y a eu beaucoup nouvelles technologies. En plus cette année, elle est arrivée moins vite (plus tard) que prévu. Ils sont donc dans une phase de rattrapage.»

Q: Quel est votre programme d'ici là ?

R: «Je vais me concentrer sur la fin de saison Champcar car c'est évidemment très important. Le dernier Grand Prix est à Phoenix le 2 décembre. Après, je prends quelques jours de repos et on reprend le travail.»

Q: En tant que seul pilote français, vous risquez d'avoir beaucoup de pression médiatique. Comment allez-vous l'aborder ?

R: «Aux États-Unis aussi, il y a beaucoup de pression. La demande sera similaire, j'imagine. Donc je pense que ce ne sera pas beaucoup plus difficile que ce que je connais déjà. Et puis je ne rentre pas en F1 comme si j'étais Michael Schumacher. Il y aura des pilotes beaucoup plus demandés que moi.»

Q: Quel regard portez-vous sur la saison actuelle de F1 ?

R: «C'est une des saisons les plus disputées avec quatre pilotes capables de gagner le titre. C'est une belle bagarre. Et puis il y a aussi l'actualité extra-sportive. Dès qu'on est dans le domaine politico-sportif, cela prend des proportions énormes.»