Champion canadien en Atlantique. Il fait ensuite ses débuts en F1 avec McLaren lors du GP de Grande-Bretagne. Il passe ensuite chez Ferrari pour deux courses.

1977

Champion canadien en Atlantique. Il fait ensuite ses débuts en F1 avec McLaren lors du GP de Grande-Bretagne. Il passe ensuite chez Ferrari pour deux courses.

PALMARÈS EN F1 (1977-1982)

Six victoires en Grand Prix et une autre lors de la Course des Champions (1979), une course hors-championnat présentée à Brands Hatch.

1978 : 10e au championnat (17 points). Cette année-là, il remporte sa première course en F1 à l'occasion du Grand Prix du Canada, sur le circuit qui portera plus tard son nom.

1979 : Deuxième au championnat (53 points)

1980 : 12e au championnat (6 points)

1981 : Septième au championnat (25 points)

1982 : 15e au championnat (6 points au moment de l'accident qui lui coûte la vie lors des essais du GP de Belgique)

L'image de ce petit garçon de 11 ans, debout près du tombeau de son père, quand on a transporté le corps de la Belgique jusqu'à Berthier, ne m'est jamais sortie de la mémoire. Comme l'image de John John Kennedy saluant son père quand le cortège funèbre passait devant lui.

Jacques avait 11 ans quand sa vie a basculé. Il perdait son père et, dans un sens, il perdait une partie de sa mère. Écrasée par la douleur et la fatalité, Joann Villeneuve a traversé des années extrêmement dures après la mort de son mari et de l'homme qu'elle aimait.

J'ai toujours compris la très grande pudeur de Jacques à parler de son père. Il ne pouvait mener sa vie et devenir champion du monde, complétant ainsi le parcours interrompu par la mort de Gilles, sans se détacher de son souvenir écrasant.

D'ailleurs, c'est plus tard, quand il a atteint l'âge de 32 ans, que Jacques a pu s'installer dans l'ancienne Ferrari de son père et enfin communier à son aise avec le passé.

On est toujours bouleversé quand on voit un père pleurer son fils mort trop tôt. On se dit qu'il y a un ordre naturel des choses. Les fils sont supposés survivre aux pères. Pas le contraire.

Dans le cas de Villeneuve, il y a quelque chose de profondément injuste de voir un enfant de 11 ans être privé d'un père de 32 ans. Tellement jeune, tellement fougueux, tellement beau. Et puis, je présume que vieillir en sachant qu'on va être encore tout jeune quand on va atteindre l'âge de son père à sa mort, doit être plutôt traumatisant.

***

Vingt-cinq ans depuis la mort de Gilles Villeneuve. Vingt-cinq ans et sa disparition précoce touche encore les coeurs.

Joann Villeneuve est une superbe femme dans la cinquantaine. Yeux limpides, cheveux noirs, passion de la vie dans les traits. Mais quand cette belle femme qui a mûri parle de son mari, elle parle d'un tout jeune homme qu'elle aimait d'un amour «passionnel» pour reprendre son expression. Un amour de fusion. C'est un amour figé dans le temps. Dans ses souvenirs, Gilles Villeneuve sera éternellement jeune. Il ne prendra jamais de rides. Il ne peut en être autrement. Il n'y aura jamais place pour une tendresse fatiguée par les années.

«J'adorais cette vie bohème. Au début, on n'avait pas d'argent. Je le suivais partout. J'adorais passer des heures dans les garages, j'aimais regarder de près les mécanos qui travaillaient dans les moteurs ou les suspensions. J'étais dans mon élément, j'étais avec lui, je partageais sa passion», racontait Joann Villeneuve lors d'une conversation, il y a deux semaines.

«Et quand Gilles a signé son contrat avec Ferrari, il a pris la décision d'acheter une caravane. C'était sa façon à lui de recréer la famille. Il y avait un chauffeur qui conduisait la caravane sur le site des différents Grands Prix en Europe. Souvent, il faisait des essais dans les jours précédant un week-end de course. Moi, je prenais l'avion et j'allais m'installer dans notre caravane le mercredi. C'était chouette. Je cuisinais et souvent, les journalistes québécois venaient manger à la maison. C'était une sorte de famille.»

Elle se rappelle du grand Chartier, notre Richard dont la tignasse est tout juste un peu moins de feu, 25 ans plus tard, et qui passait sept ou huit semaines en Europe pour La Presse dans l'entourage du clan Villeneuve.

Le souvenir de Gilles Villeneuve est tellement fort qu'il y a quelques années, un samedi soir, j'étais dans un petit salon d'un hôtel réservé aux écuries, à une dizaine de kilomètres de Monza. Tom Moser, de BAT, m'y avait déniché une chambre. J'ai oublié son nom mais un fan de Gilles est venu me trouver. Il voulait avoir des nouvelles de Chartier et de Guy Robillard, notre Guy D'Houne national, qu'il avait connus dans ces années bénies. Semble que certains soirs, ça jasait tard devant la caravane des Villeneuve. Et que Gilles n'était pas le premier à aller se coucher.

***

Puis, tout a basculé. Il y a eu de petites morts avant l'accident de Zolder. Gilles avait découvert qu'on n'est jamais vraiment " le fils " d'un magnat de la course. Oui, Enzo Ferrari l'aimait, mais quand il s'est agi de parler business, Gilles a vite compris que c'est ailleurs qu'il pourrait devenir partenaire dans la propriété d'une écurie de Formule 1. Et quand Didier Pironi a trahi l'honneur des pilotes en doublant Gilles dans le dernier tour du Grand Prix de San Marino, et que M. Ferrari n'a rien fait pour remettre les pendules à l'heure, Gilles a su qu'il n'aurait plus sa place chez Ferrari. Ou plutôt que Ferrari ne serait plus dans son coeur.

Et il y avait eu aussi les petites morts d'une aventure qui s'était prolongée. Petites morts dans le coeur de Joann, petites morts dans le coeur de Gilles et petite mort dans le coeur de l'autre. Des petites morts quand on est le pilote le plus célèbre au monde, qu'on a 30 ans, il risque d'y en avoir plusieurs. Comme il y en a dans la plupart des humbles shops dans le monde entier.

Mais quand la Ferrari de Villeneuve s'est écrasée et que le corps de Gilles s'est envolé pour aller s'écraser contre une clôture, de l'autre côté de la piste, il n'est resté que l'essentiel. L'amour.

J'étais à Montréal et à Berthier dans les jours qui ont suivi. J'ai rencontré Joann Villeneuve au Ritz-Carlton au lendemain des funérailles. Elle était dans un état de choc profond. Complètement anéantie. Elle n'était plus une jeune femme de 30 ans qui vit le meilleur et le pire de la F1, elle était une veuve. Et une veuve célèbre que Pierre Elliot Trudeau s'était dépêché de prendre par le bras à la sortie de l'église pour être certain que les télévisions du monde entier montreraient qui était le père protecteur dans ce pays. Lui, Trudeau, et pas René Lévesque qui était sorti derrière le couple.

«Ça m'a pris bien plus qu'un an pour absorber le choc et la peine, me disait-elle la semaine dernière. C'est un monde qui s'écroule. Tu perds tes points de repère. Moi, Gilles, je l'aimais d'un amour passionnel. Ça été long avant qu'il n'y ait plus de peine quand je pensais à lui. Puis, arrive un moment où tu restes sereine. Tu te rappelles et tu n'as plus mal.»

Vingt-cinq ans. Gilles avait 32 ans.

Vous avez vu Elvis avec Céline. Il est mort à 42 ans. S'il était disparu quatre ans plus tôt, il aurait laissé une image de dieu grec à la beauté parfaite.

Vous avez vu Brigitte Bardot ? Toute ridée, toute plissée par les années et le soleil de Saint-Tropez.

Si elle était disparue comme Marilyn Monroe, à 35 ans, toute la planète aurait gardé l'image de BB aux seins gonflés et aux longs cheveux blonds sur les épaules.

Mais l'image de la jeunesse parfaite ne pourra jamais remplacer 25 ans de vie.

Les gagnants sont ceux qui vieillissent et qui se souviennent des éternellement jeunes.

Joann, Mélanie et Jacques...

GILLES VILLENEUVE

Né le 18 janvier 1950 à Saint-Jean-sur-Richelieu.

A épousé Joann Barthe en 1970. Ils ont eu ensemble deux enfants, Jacques (né en 1971) et Mélanie (née en 1973). Le frère cadet de Gilles, aussi appelé Jacques, a aussi fait carrière en course automobile.

Décédé le 8 mai 1982 à Zolder, en Belgique

1967

Début en course régionale de motoneige Skidoo

1976

Champion canadien et américain de Formule Atlantique, avec neuf victoires en 10 courses dont une à Trois-Rivières