C'est le tournant de la saison: la Scuderia Ferrari, hier, a démontré sa supériorité sur les tracés rapides qui vont émailler l'été. Restent les 17 points d'avance de Fernando Alonso...

C'est le tournant de la saison: la Scuderia Ferrari, hier, a démontré sa supériorité sur les tracés rapides qui vont émailler l'été. Restent les 17 points d'avance de Fernando Alonso...

Avec six victoires et trois deuxièmes places, la première partie de la saison avait été plus que triomphale pour Alonso. Si bien qu'en arrivant à Indianapolis, il y a deux semaines, l'Espagnol pouvait tranquillement commencer à préparer les célébrations de son deuxième titre mondial.

Aujourd'hui, deux semaines plus tard à peine, la situation a totalement changé. Aux États-Unis, péchant par excès de prudence, Michelin avait aligné des gommes incapables de tenir le rythme. Et Alonso avait terminé à la cinquième place.

Ce n'était pas grave. Indianapolis devait rester une parenthèse, un faux-pas vite oublié dans la voie triomphale qu'ouvrait à Alonso la fiabilité et la vitesse de la Renault R26.

Beaucoup plus inquiétantEn arrivant à Magny-Cours, vendredi, l'équipe française affichait ainsi une belle assurance. De retour sur ses terres, tout devait bien se passer, d'autant que le circuit nivernais marquait le retour des tracés rapides, aux appuis marqués, qui avaient été le théâtre des triomphes du début de saison.

Mais contre toute attente, les Ferrari, hier, se sont montrées intraitables. En plaçant ses deux voitures en première ligne, puis en assurant une victoire indiscutable à Michael Schumacher, la Scuderia a frappé un grand coup. «Indy, c'était spécial, mais ici, c'est beaucoup plus inquiétant, confirme Denis Chevrier, le directeur de l'exploitation de Renault. On pense tout de suite que les problèmes viennent des pneus, mais c'est trop facile. Quand on est un peu faible, comme nous l'avons été aujourd'hui, il faut travailler tous les domaines. On doit gagner un dixième par le moteur, un dixième dans les freinages, un dixième avec l'aérodynamique... et c'est tant mieux, parce que cela nous place devant un vrai défi technique, un régal pour un ingénieur.»

Dès le départ, hier, Fernando Alonso s'est retrouvé troisième, bloqué derrière la deuxième Ferrari de Felipe Massa, qui permettait à Michael Schumacher de prendre le large. L'Allemand ne connaissait aucun problème, et creusait son avance de plusieurs dixièmes au tour. Derrière lui, Felipe Massa jouait parfaitement sa partition de second, protégeant la fuite de son chef de file tout en essayant de jouer sa carte pour terminer deuxième.

Du coup, jaugeant la situation, Renault a modifié la stratégie prévue initialement à trois arrêts pour la réduire à deux. Un coup de maître. «Quand on a vu que Michael avait creusé le trou, on s'est rendu compte qu'on ne pourrait jamais le rattraper et on a changé de tactique, poursuit Denis Chevrier. On s'était réservé cette possibilité, mais on devait prendre la décision avant le premier ravitaillement, parce que c'est là qu'on doit mettre l'essence qui permet d'aller assez loin pour n'arrêter qu'une autre fois. De trois arrêts, on est passé à deux. Il devenait certain qu'on ne rattraperait jamais Michael, mais au moins espérait-on passer Massa.»

Une stratégie qui a porté ses fruits et qui a permis au champion espagnol de monter sur la deuxième marche du podium. Témoin de la saison exceptionnelle de Fernando Alonso, il est monté 10 fois en 11 Grands Prix sur l'une des deux premières marches du podium!

Mis à part le tracé de Budapest, très sinueux, ou celui de Monza, aux lignes droites et aux chicanes évoquant le circuit Gilles Villeneuve, les Grands Prix à venir revêtent des caractéristiques similaires à celles de Magny-Cours.

Du coup, les Ferrari se posent en favorites de cette fin de saison. À moins que les R26 ne progressent très vite. Ce qui dépend, désormais, du talent de ses ingénieurs. «On dirait que Ferrari a compris quelque chose que nous n'avons pas encore compris», conclut Denis Chevrier. «On va devoir travailler très dur, à commencer par la semaine prochaine, aux essais privés de Jerez.»

En Formule 1, le duel se joue aussi bien dans les bureaux d'études que sur la piste.