Après un intermède de trois mois, la Formule E reprend ses droits aujourd'hui, à Buenos Aires, sur un circuit et dans des conditions qui ne sont pas sans rappeler Montréal, lieu de clôture de sa troisième saison. De quoi se familiariser un peu plus avec cette discipline.

Chaud, chaud, chaud

À Buenos Aires, comme à Montréal, il peut faire très chaud l'été. Le thermomètre devrait avoisiner les 35 ℃, aujourd'hui. « Si ça devient très chaud, une batterie est moins performante », observe l'ancien champion de Formule Atlantic, Patrick Carpentier. Lors de sa brève expérience de pilote chez Venturi fin 2015, Jacques Villeneuve avait noté que la température de la batterie est plus compliquée à gérer que l'énergie. « Plus il y a de longues lignes droites, plus il y a de problèmes de surchauffe de la batterie, disait-il. Pour gérer ça, il faut faire de temps en temps de très longs bouts en roue libre. Ça casse le rythme d'élévation de la chaleur et ça permet de gagner un tour ou deux plus tard dans la course. Dès qu'on est trop en surchauffe, ça coupe [le moteur]. »

Photo fournie par Formule E

Partout en ville

Comme à Montréal, le circuit de Puerto Madero est en milieu urbain. Les promoteurs veulent montrer ces véhicules électriques « dans leur environnement préféré », les centres-villes, les rendant plus accessibles aux spectateurs. Long de 2,48 km, Puerto Madero ressemble un peu à Long Beach, de l'avis de Patrick Carpentier, observateur attentif de la FE : « Avec des épingles vraiment serrées après le départ, c'est un circuit où il y a un peu d'embouteillage dans les relances et les dépassements. C'est vraiment un circuit typique de ville qui a causé beaucoup de surprises ces deux dernières années. Les meneurs ont souvent eu de la difficulté à terminer ou à éviter un mur. Il y a passablement de l'action. Le tracé crée un effet d'entonnoir par endroits, ça serre, surtout le virage no 1 après la longue ligne droite. »

Photo fournie par Formule E

Des moteurs améliorés

En attendant des changements profonds dans deux ans, les FE de cette année sont dans la continuité des deux premières saisons à un élément majeur près, le moteur électrique. Les écuries peuvent dorénavant mettre au point le leur et le fournir à une équipe. Les groupes propulseurs possèdent un ou deux moteurs, longitudinal ou transversal, associé(s) à une boîte à 1, 2 ou 3 vitesses. En course, la voiture a plus de puissance que par le passé, 170 kW (230 ch) au lieu de 133 kW (180 ch). Mais la pleine puissance autorisée durant les essais et les qualifications est la même, 200 kW (270 ch), et la vitesse de pointe est encore limitée à 225 km/h.

Photo fournie par Spark Racing Technology

La prochaine voiture de Formule E pour l'année 2018-2019.

Des arrêts aux puits particuliers

Toujours fourni par Williams Advanced Engineering - division du groupe Williams -, le bloc-batterie a une capacité limitée à 28 kWh pour une autonomie maximale de presque 30 minutes. Résultat, chaque course dure une cinquantaine de minutes et les arrêts aux puits sont encore destinés à changer de voitures et non pas de pneus - ce qui est interdit. « Le changement de batterie n'est tout simplement pas une option pour des raisons de temps et de sécurité, nous avait expliqué le promoteur Alejandro Agag, lors du lancement du championnat en 2014. Nous avons préféré avoir des courses plus longues et rendre le changement de voiture excitant et stratégique pour le pilote et l'écurie, comme l'est le changement de pneus en F1. »

Photo fournie par Formule E

Les favoris sont là

Pour cette troisième course de la saison à Buenos Aires, on devrait assister à un duel entre le Britannique Sam Bird (DS Virgin Racing), vainqueur l'an dernier, et Sébastien Buemi (Renault e.dams), leader du classement général. Mais Felix Rosenqvist (Mahindra Racing) pourrait venir jouer les trouble-fête. « Il aurait dû gagner la deuxième course de la saison, il a mal calculé son énergie, il a dû sortir pour changer de stratégie, commente Patrick Carpentier. [...] Il a fait quelques petites erreurs mais c'est une recrue en FE. Il a déjà une position de tête, il est très rapide sur un tour lancé. » Le Suédois de 25 ans n'est pas un inconnu pour nous puisqu'il était le coéquipier et rival d'un certain Lance Stroll l'an dernier, en Formule 3.

Photo fournie par Formule E

Vainqueur des deux premières courses à Hong Kong et Marrakech, Sébastien Buemi est le leader du classement général du championnat.

Finale épique à Montréal?

Vainqueur des deux premières courses à Hong Kong et à Marrakech, le champion du monde en titre Sébastien Buemi sera-t-il couronné une troisième fois à Montréal ? Son équipe Renault e.dams, dirigée par Alain Prost, et Abt Schaeffler Audi Sport, écurie expérimentée issue du DTM, sont les deux équipes à battre cette saison. Présentes en FE depuis la création du championnat, elles s'y sont beaucoup investies. Mais la victoire tient à extrêmement peu de choses en FE. Témoins le problème de Sam Bird dans les puits à Hong Kong et l'erreur de Felix Rosenqvist à Marrakech. « Ces deux dernières années, le championnat s'est décidé à la dernière course, j'espère que ce sera la même chose à Montréal », fait remarquer Patrick Carpentier.

Photo fournie par Formule E