Certains sont contents d’avoir déjà trouvé une place. D’autres tentent de ne pas trop s’en faire. D’autres encore savent trop bien qu’ils pourraient manquer de temps.

Le jeu des chaises musicales bat son plein en Formule 1. À l’approche de la mi-saison, pas moins de 9 des 20 pilotes qui se disputent le championnat 2024 ne savent pas encore avec certitude quelles couleurs ils défendront en 2025.

Ils étaient encore plus nombreux en début de campagne, puisque Sergio Pérez (Red Bull) et Fernando Alonso (Aston Martin) n’ont prolongé que récemment leur association avec leur écurie respective. Sans parler de Lewis Hamilton (passant de Mercedes à Ferrari) et de Nico Hülkenberg (de Haas à Sauber), qui savent déjà depuis un moment qu’ils changeront de paddock.

Le marché des transferts, si l’on peut le nommer ainsi, est plus chaud que jamais. Et les cas de figure sont nombreux.

Hülkenberg, par exemple. À 36 ans, il se retrouve dans une position qu’il n’a, de son propre aveu, jamais connue auparavant. Pilote de milieu, voire de fond de grille, depuis son entrée sur le circuit en 2010, il a jusqu’ici vivoté de contrat en contrat, sans plan durable. Avec en poche une entente déjà valide pour 2025, il se dit enfin en position « confortable », surtout après avoir été aussi longtemps « de l’autre côté », celui de l’incertitude. « C’est une bonne situation dans laquelle se retrouver », a-t-il témoigné, jeudi, en point de presse.

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Lewis Hamilton et Nico Hülkenberg changeront tous deux de couleurs l’an prochain.

Tout près de lui, Sergio Pérez ressemblait aussi à un homme soulagé. Au cours des derniers jours, Red Bull lui a accordé une prolongation de contrat de deux ans. « Négocier entre les courses n’est pas facile, a-t-il avoué. Je suis heureux de mettre cette distraction de côté. »

À ce jeu, le bonheur des uns fait forcément le malheur des autres. Le siège de Pérez, chez Red Bull, était assurément le plus convoité de la grille. A priori, on pourrait dire la même chose de celui que laisse vacant Hamilton chez Mercedes, mais il semble que le jeune prodige italien Andrea Kimi Antonelli, qui a grandi au sein de l’écurie, pourrait devenir le dauphin du Britannique à seulement 18 ans.

Sainz, Ocon…

Pour l’heure, Carlos Sainz fils apparaît comme le principal perdant de la valse des pilotes. Pour celui qui devra céder sa place à Hamilton chez Ferrari, l’avenir n’est pas clair. « Il y a encore plusieurs options sur la table », a-t-il assuré aux journalistes, jeudi, au circuit Gilles-Villeneuve.

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Carlos Sainz fils est toujours sans volant pour l’année prochaine.

Il s’amuse en lisant les rumeurs à son sujet. Celles-ci l’ont envoyé tantôt chez Mercedes, tantôt chez Red Bull, tantôt chez Williams. Ce qu’il recherche en priorité, c’est une entente de plusieurs saisons. « Je crois fermement qu’en Formule 1, pour connaître du succès, il faut un projet à moyen ou long terme », a-t-il dit.

L’actuel détenteur du quatrième rang du classement des pilotes est bien conscient qu’il devra vraisemblablement profiter des prochains mois pour monter sur le podium, vu le fossé qui sépare les trois écuries de tête des sept autres. Qu’à cela ne tienne, les changements réglementaires prévus en 2026, annoncés jeudi matin par la FIA, devraient resserrer l’écart dans le peloton, selon lui. « Ce sera un tournant, croit-il. Je pense que l’avenir est très positif pour moi. »

Pour lui comme pour d’autres, il ne faudra pas s’étonner si les choses s’accélèrent au cours des prochaines semaines, voire des prochains jours.

Les candidats intrigants ne manquent pas. Esteban Ocon vient tout juste d’annoncer qu’Alpine et lui avaient « mutuellement » convenu de se séparer à la fin de la présente saison. Un accrochage entre son coéquipier Pierre Gasly et lui, il y a deux semaines à Monaco, a fait grand bruit. Même si la nouvelle de son départ de l’écurie a rapidement suivi, il ne faut pas y voir de lien de causalité, a-t-il insisté.

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Esteban Ocon

« On discute depuis des mois, a-t-il affirmé, pendant l’une des mêlées de presse les plus courues de la journée. Alpine n’est pas le genre d’équipe qui prend ses décisions en se basant sur une seule course. »

Sans connaître de résultats époustouflants sur la piste, Ocon a néanmoins donné à l’écurie française, en 2021, son unique triomphe à ce jour.

Pierre Gasly est lui aussi sans contrat à la fin de la saison, au fait. Désinvolte, il a dit qu’il était « encore tôt » pour se prononcer sur son avenir et que, du reste, il trouvait « emballant » le bouillonnement du moment.

Guanyu, Bottas, Magnussen…

À l’instant où le départ d’Ocon a été officialisé, le nom de Zhou Guanyu a été associé à Alpine, dont il a été pilote d’essai à son arrivée en Formule 1. Le principal intéressé s’est montré très enthousiaste à l’idée, soulignant la « bonne relation » qu’il a toujours eue avec l’organisation qui lui a « donné [sa] chance ». « Rien n’est confirmé », a-t-il toutefois précisé, prudent.

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Zhou Guanyu

Si Guanyu se magasine un poste, c’est qu’il sait déjà que lui ou Valtteri Bottas – sinon les deux – devra quitter Sauber pour faire une place à Nico Hülkenberg en 2025.

Bottas, 34 ans, a indiqué qu’il devrait « faire [son] choix rapidement ». Après des années fastes chez Mercedes (deux deuxièmes et deux troisièmes places au classement général), il a dû se contenter de volants peu prestigieux chez Alfa Romeo puis chez Sauber.

« Je sens qu’ils veulent des changements au sein de l’équipe, a-t-il avancé. […] On m’a toujours dit que je faisais partie du projet, mais ç’a été plus silencieux, récemment. Je dois bien lire la situation et prendre mes décisions en conséquence. »

Pourrait-il se retrouver sans poste en 2025 ? lui a demandé un reporter. « J’ai bon espoir de trouver un siège, a-t-il répondu. Mais dans ce sport, rien n’est assuré avant d’avoir signé un contrat. »

Kevin Magnussen, chez Haas, a quant à lui convenu qu’il « y a une chance » qu’il soit le pilote en trop lorsque tout le monde se sera casé. « L’équipe me connaît bien, je ne crois pas que j’aie à leur prouver quoi que ce soit », a-t-il lancé. Il a signifié à la direction sa volonté de rester ; toutefois, sans perdre espoir, il sait que la balle n’est pas dans son camp.

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Kevin Magnussen

« Je veux courir en Formule 1, a-t-il martelé. Jusqu’à ce que ce ne soit plus une possibilité, je vais me concentrer sur ça. »

Jamais, à sa connaissance, autant de pilotes ne se sont retrouvés sans contrat la même année. Dans ce contexte, « le plus important, c’est de rester positif et de garder son calme ».

« Plus jeune, j’aurais été plus stressé et j’aurais ressenti plus de pression, a-t-il philosophé. Aujourd’hui, je peux mettre ça de côté, retourner dans la voiture et conduire. »

Ça ressemble en effet à la meilleure solution. Même si c’est sans doute plus facile à dire qu’à faire.