(Doha) Un pilote « au sommet de son art » au volant de la monoplace la plus performante de la grille de Formule 1 : cette saison, Max Verstappen et Red Bull ont assis un peu plus leur position parmi les plus grands noms de la F1, envoyant au tapis la concurrence… et tout suspense.

Les chiffres sont implacables : l’écurie autrichienne a déjà remporté 15 des 16 Grands Prix disputés depuis le début de la saison avec, au centre de la machine bien huilée Red Bull, un pilote — « Son » pilote — le désormais triple champion du monde Verstappen, couronné samedi au Qatar.

Lié jusqu’en 2028 avec Red Bull, une confiance très rare en F1, le Néerlandais est « au sommet de son art », a salué le patron de l’équipe Christian Horner.

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Le patron de l’équipe Red Bull Christian Horner

« Il a cette faim intérieure, cette détermination et cette énorme capacité qu’il canalise », poursuivait-il au soir du GP du Japon fin septembre, où l’écurie a décroché son deuxième titre de rang. Dans le même temps, « Mad Max » signait son 13e succès de l’année.

Au volant d’une Red Bull bien née, le Néerlandais s’est même offert un nouveau record cette saison, celui du plus grand nombre de victoires d’affilée-dix, plus que tout autre pilote avant lui.   

« Bon compromis »

Bien née, la RB19 l’est sans conteste : dans la continuité de sa grande sœur, la RB18 avec laquelle Verstappen avait remporté son deuxième titre l’an dernier, la monoplace 2023 est quasi imbattable en piste.  

Avec, pour ses adversaires, l’impression d’appartenir à « un plateau de Formule 2 face à une Formule 1 ».

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Max Verstappen au volant de sa Red Bull RB19

« Les choses sont ce qu’elles sont, c’est la méritocratie » reconnaissait sur Sky F1 le patron de Mercedes Toto Wolff à l’issue du GP de Hongrie en juillet, où Verstappen s’était imposé avec plus de 30 secondes d’avance sur son premier poursuivant. Offrant par là même à Red Bull un 12e succès d’affilée record.

Outre la stratégie et la fiabilité, la force de la monoplace, conçue par l’ingénieur Adrian Newey, réside dans une efficacité conjuguant vitesse dans les lignes droites est un appui aérodynamique important.

Pourtant, de l’aveu même du directeur technique de Red Bull, la RB19 « n’est pas très forte partout, elle est simplement “ moyenne-bonne ” partout ».  

« C’est le résultat d’un bon compromis », selon Pierre Waché.  

Aussi, rappelle-t-il à l’AFP : « la domination dépend des autres […] nous avons fait une très bonne voiture, mais la performance n’est jamais absolue, elle est relative par rapport aux autres ».

Les autres justement, au premier rang duquel l’on retrouve Ferrari et Mercedes, et qui n’ont jamais réussi à tenir la dragée haute face aux surpuissantes Red Bull de Verstappen et, dans une moindre mesure, celle du Mexicain Sergio Pérez, davantange en difficulté.

« Retirer Max de l’équation »

Cette suprématie ne signifie pas que « Red Bull à la solution miracle », tempère Frédéric Vasseur, à la tête de Ferrari, seule autre écurie pour l’instant à s’être imposée en GP (à Singapour en septembre).

Il poursuit : « je ne suis pas sûr que nous devions changer quelque chose, nous devons nous améliorer partout, dans chaque domaine, dans chaque département ».

S’améliorer pour offrir davantage de batailles aux avant-postes, une chose souhaitée les fans, à l’heure où l’intérêt pour la catégorie reine du sport auto n’a cessé de grandir ces dernières années-grâce à la série Netflix Drive to Survive, mais aussi à la lutte épique pour le titre en 2021 opposant Verstappen à Lewis Hamilton (Mercedes).

À ceux qui voient déjà la F1 perdre de son intérêt, tant la suprématie de Verstappen cette saison est insolente, Stefano Domenicali, patron de la discipline, a répondu cet été au quotidien néerlandais De Telegraaf : « je ne suis pas du tout inquiet […] Max est très dominant, mais pendant les courses, il se passe beaucoup de choses plus loin dans le peloton ».

Et pour cause. Sans l’homme fort du moment, la discipline aurait connu six vainqueurs différents : outre son coéquipier chez Red Bull Pérez, victorieux de deux courses et Carlos Sainz (Ferrari), vainqueur à Singapour-Fernando Alonso (Aston Martin), Charles Leclerc (Ferrari), Lewis Hamilton (Mercedes) et Lando Norris (McLaren) auraient aussi goûté aux joies de la victoire.

« Nous devons simplement retirer Max de l’équation », ironisait fin juillet Toto Wolff.