Arrivé chez Aston Martin au début de la saison, où il succédait à Otmar Szafnauer, Mike Krack a reçu le mandat de mener l’équipe du milliardaire canadien Lawrence Stroll au sommet dans les cinq prochaines années.

Une grosse commande.

Formé chez BMW, où il a occupé plusieurs postes de responsabilités, l’ingénieur luxembourgeois est optimiste, même si Stroll n’est pas réputé pour sa patience. « Nous nous entendons très bien », a-t-il assuré, jeudi, lors d’un point de presse ponctué par les éclairs et le tonnerre de la tempête qui s’est abattue sur la métropole en fin d’après-midi. « Nous avons une vision très claire de ce que nous voulons faire, des attentes très élevées aussi, mais nous avons les moyens de les atteindre. »

Les ressources sont là, en effet, et l’équipe construit actuellement une usine à la fine pointe de la technologie à Silverstone en Grande-Bretagne. « Les travaux progressent rapidement et ce sera vraiment une grosse amélioration quand tout sera complété », a expliqué Krack.

Actuellement, notre personnel travaille dans plusieurs bâtiments, plusieurs sites. Les réunir au même endroit aura des effets très positifs sur l’efficacité, mais aussi sur l’esprit d’équipe.

Mike Krack

Restera quand même à rejoindre les équipes de pointe. Aston Martin n’a d’ailleurs pas hésité à « piger » parmi elles, « débauchant » plusieurs ingénieurs de Red Bull, une manœuvre qui a fini par mener à des accusations de tricherie de la part de l’équipe rivale. Si Krack assure que son personnel n’a rien à se reprocher, il s’amuse aussi un peu de voir Christian Horner se préoccuper des performances d’Aston Martin.

« Je pense que toute cette affaire ne mènera à rien et que Red Bull devrait se concentrer sur la lutte au championnat. Nous ne sommes pas vraiment inquiets, car nous n’avons rien fait de mal », avait-il indiqué à Monaco.

N’empêche que l’introduction d’une version remaniée de l’Aston Martin AMR22, visiblement inspirée de la Red Bull, a permis à l’équipe de progresser dans la hiérarchie. L’épreuve monégasque a ainsi marqué un tournant pour Aston Martin, Sebastian Vettel atteignant la troisième phase des qualifications avant d’obtenir la dixième place. Il a encore mieux fait à Bakou, avec une nouvelle qualification dans le top 10 et une sixième place. Si Lance Stroll n’a encore marqué que deux points, les performances récentes de son coéquipier permettent d’espérer que le Canadien pourra le rejoindre bientôt dans la lutte pour les points.

Photo Olivier Jean, LA PRESSE

Lance Stroll

En fait, Lance a surtout été victime de beaucoup de malchance. Nos données montrent que nos deux pilotes ont des performances équivalentes et je n’ai aucun doute sur la motivation de chacun d’eux.

Mike Krack

De la « nouvelle » Aston Martin, Krack se contente de dire : « Il y a eu plusieurs améliorations marquées – il y en aura d’autres, encore ici –, et nous pensons que nous avons un plus grand potentiel de développement. Sebastian a bien fait à Bakou et la piste est un peu similaire ici à Montréal, même si elle est un peu plus rapide.

« Nous ne croyons pas que les conditions seront aussi favorables à notre voiture, mais nous sommes quand même optimistes et nous allons continuer de travailler afin de progresser dans la hiérarchie. »

À moyen terme, Krack espère voir Aston Martin grimper au classement du Championnnat des constructeurs. Actuellement huitième, à égalité avec Haas, l’équipe vise le milieu du peloton. « Nous avons une bonne équipe, les bonnes personnes aux bons endroits. Nous avons montré que nous pouvions réagir et trouver des façons de progresser. Je pense que nous ne terminerons pas la saison où nous sommes en ce moment… »

Le retour en forme de Vettel – il avait raté les deux premières épreuves de la saison en raison de la COVID-19 – a aussi relancé les interrogations sur la suite de sa carrière. À 34 ans, le quadruple champion du monde a laissé planer des doutes sur ses envies de rester en F1. Et on parle de l’arrivée prochaine de Mick Schumacher chez Aston Martin, au côté de l’inamovible Lance Stroll.

En entrevue avec un périodique spécialisé allemand, Krack a estimé : « Quand on a quelqu’un comme Sebastian, on doit essayer de le garder. C’est un mélange de qualité de pilotage, d’expérience et d’une personnalité très positive qui nous fait avancer. Ce serait bien de créer les conditions afin qu’il puisse continuer d’utiliser son talent avec nous. »