« Je suis ici parce que je pense que je peux être champion du monde. C’est pour ça que je me lève tous les matins. »

Cette citation, elle vient de Sergio Pérez. Le pilote Red Bull a rencontré La Presse, mercredi soir, dans le cadre de son partenariat avec Patrón Tequila. Vêtu d’un pantalon blanc et d’une chemise bleu poudre, le Mexicain dégageait un calme apaisant. Il n’a pas tardé à se dire ravi d’être de retour à Montréal, « un des week-ends les plus spéciaux de l’année ».

« Les partisans sont incroyables ici et il y a beaucoup de Mexicains et de personnes d’Amérique latine qui viennent. »

La dernière fois que les partisans canadiens ont vu Pérez en action sur le circuit Gilles-Villeneuve, il portait les couleurs de Racing Point – aujourd’hui appelée Aston Martin. Il avait pris le 12rang, derrière entre autres Carlos Sainz et Lance Stroll (son coéquipier de l’époque). Disons que le portrait a changé.

Avec cinq podiums dont une victoire à Monaco en huit Grands Prix cette saison, Pérez pointe actuellement au deuxième rang chez les pilotes. Son coéquipier chez Red Bull, le champion en titre Max Verstappen, est le seul à le devancer. Nous avons donc affaire à un duel fratricide au sommet.

« C’est [un début de saison] encore meilleur que je ne l’avais imaginé, pour être honnête, dit le pilote. Nous avons eu quelques problèmes avec notre fiabilité, nous avons été un peu malchanceux pour quelques courses, mais je pense que, somme toute, nous avons été compétitifs. »

C’est le moins qu’on puisse dire.

Un grand défi

Le 22 mai dernier, lors du Grand Prix d’Espagne, Pérez était en tête au 49tour lorsqu’il a reçu l’ordre de laisser Verstappen le devancer. « Ce n’est pas juste, mais OK », a-t-il laissé entendre au micro avant de s’exécuter.

Quand on lui demande s’il a eu de la difficulté à accepter la situation, le pilote affirme que non. « J’ai eu une bonne conversation avec l’équipe », dit-il. À savoir s’il accepterait de le refaire maintenant qu’il est bien placé dans la course au championnat, il répond qu’il ferait confiance à son équipe « à 100 % ». « S’ils me disaient de le faire, je ferais ce qu’ils me demandent. Je ne vois pas pourquoi ça n’aurait pas de bon sens. »

Le Mexicain affirme d’ailleurs que Verstappen et lui ont une « bonne relation et un bon niveau de respect l’un pour l’autre ». « C’est évidemment un pilote très talentueux. Il est capable de livrer d’excellentes courses et d’excellents résultats. C’est un grand défi pour moi de l’avoir comme coéquipier. »

Mais il demeure que Pérez veut gagner. C’est son objectif ultime.

Si j’étais ici en train de penser que je veux finir deuxième, je devrais plutôt rester à la maison. […] Je suis ici parce que je veux gagner et je pense que je peux y arriver. Avoir cette motivation, c’est ce qui m’anime. C’est pour ça que je suis là.

Sergio Pérez

Pérez a 32 ans. Voilà plus de 10 ans qu’il œuvre dans la discipline reine du sport automobile. Du chemin, il en a parcouru.

Pas plus tard qu’en 2020, il se retrouvait sans siège après sept ans chez Racing Point – auparavant Force India. Deux ans plus tard, il conduit pour une équipe de pointe. Et le championnat des pilotes est plus accessible que jamais.

« Je pense que je conduis à un niveau extrêmement élevé, soutient-il. Arriver à maintenir ce niveau toutes les semaines et toute la saison, c’est ce qui va ouvrir la porte à se battre pour le championnat. Être dans la course, penser au championnat, au fait que tous les points comptent, c’est un grand défi et une énorme occasion pour ma carrière. »

La vie te réservait de belles choses, non ? lui demande-t-on.

« Assurément. On se dit toujours qu’on doit tirer le meilleur des occasions qui nous sont données. […] C’est ce que j’ai fait. Même si ces années avec Red Bull n’étaient pas arrivées, je serais tout de même très fier de ce que j’ai accompli dans le sport parce que j’ai donné mon maximum avec ce que j’avais. »

Fierté mexicaine

Avec sa victoire à Monaco le 29 mai, sa troisième en Grand Prix, Pérez est devenu le pilote mexicain ayant connu le plus de succès de l’histoire de la Formule 1, surpassant Pablo Rodríguez. Mais cela ne veut « rien » dire pour lui.

« Je n’aime pas les comparaisons entre Mexicains parce que notre pays est comme ça. Dans mon pays, on dit toujours : ça, c’est mieux, ça, c’est pire. Je n’aime pas ça. En tant que Mexicain, je suis vraiment fier de ce que les autres ont accompli, de ce que j’ai accompli. Je m’en fous d’être le meilleur ou pas. L’important, c’est que nous soyons tous fiers les uns des autres.

« Je crois qu’il y a beaucoup de talent dans mon pays et j’adorerais voir un Mexicain faire encore mieux que moi. Je me sentirais extrêmement fier. »