Le Mexicain Sergio Pérez a remporté dimanche à Bakou un Grand Prix d’Azerbaïdjan très mouvementé.

Le pilote de l’équipe Red Bull a profité de l’abandon de son coéquipier Max Verstappen et d’une rare erreur de Lewis Hamilton pour enlever la deuxième victoire de sa carrière. Sebastian Vettel (Aston Martin) et Pierre Gasly (Alpha Tauri) ont complété un podium étonnant.

« Bakou est toujours un peu fou, et je suis vraiment heureux de cette première victoire avec Red Bull. C’est dommage pour Max, parce qu’il avait fait une belle course et qu’il méritait la victoire. Cela aurait été formidable de réussir un doublé pour l’équipe, mais au bout du compte, c’est quand même un résultat fantastique. »

Sur un circuit favorable à ses voitures, l’équipe Red Bull a porté à 26 points son avance au Championnat des constructeurs, mais l’écart aurait pu être encore plus important. Verstappen filait vers la victoire quand son pneu arrière droit a éclaté en pleine ligne droite, à cinq tours de l’arrivée.

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Max Verstappen a joué de malchance…

« C’est fou comme on peut haïr ce sport parfois, a lancé le Néerlandais, dépité, en point de presse après son abandon. Je n’ai rien senti d’anormal, puis tout à coup, le pneu est sorti de la jante, je suis parti à droite et j’ai heurté le mur assez solidement. C’est un endroit très dangereux pour avoir un pneu qui explose à cette vitesse.

« Jusque-là, la voiture était parfaite, et je sentais que nous pourrions réussir le doublé facilement. Mais il n’y a pas de garantie dans ce sport. C’est dommage de ne pas avoir profité de cette occasion de creuser l’écart avec Lewis au Championnat des pilotes, car nous savons que Mercedes va retrouver sa supériorité sur les circuits normaux.

« Cela dit, nous avons vu aujourd’hui [dimanche] que tout peut arriver et, grâce à Sergio, nous avons obtenu un excellent résultat d’équipe. C’est un merveilleux coéquipier et, faute d’avoir gagné, je suis content que ce soit lui qui l’ait fait ! »

Verstappen, qui devance Hamilton de quatre points (105-101), sait qu’il peut maintenant compter en Pérez sur un « lieutenant » efficace, capable de rivaliser avec les Mercedes et assez expérimenté pour ne pas tomber dans des guerres internes.

Vrai qu’Hamilton va trouver bientôt des circuits plus favorables à sa voiture, mais il va devoir se battre.

Le mauvais bouton !

À la traîne vendredi lors des premiers essais libres, Hamilton et l’équipe Mercedes ont pourtant bien failli gagner ce Grand Prix. Le Britannique semblait condamné à la troisième place quand l’accident de Verstappen lui a offert une occasion de jouer son va-tout lors de la reprise de la course, à deux tours de l’arrivée.

Mieux parti que Pérez, Hamilton n’a toutefois pu éviter le tout droit dans le premier virage, la faute à un mauvais réglage de ses freins. Le temps de repartir, tout le monde était passé et il a dû se contenter de la 15e place, un résultat qui met fin à une série record de 56 classements de suite dans les points (top 10).

« Une journée décevante et une leçon d’humilité, a reconnu le septuple champion du monde. Je suis vraiment déçu pour l’équipe, qui avait fait un travail remarquable pour nous mettre en position de gagner, alors que nous n’étions même pas dans le top 10 vendredi.

« Quand Checo [Pérez] s’est approché de moi à la relance de la course, j’ai tourné le volant et j’ai accroché le bouton qui modifie l’équilibre des freins. Cela a provoqué le blocage de mes freins avant, et je n’ai pu prendre le premier virage. »

C’est l’un des moments les plus durs depuis plusieurs saisons : une seconde, nous avions tous les points, la suivante, nous n’avions plus rien !

Lewis Hamilton

L’erreur d’Hamilton a été d’autant plus coûteuse que son coéquipier Valtteri Bottas n’était pas là pour prendre la relève. Le Finlandais, très décevant depuis quelques courses, n’a jamais été dans le coup, et les ingénieurs de Mercedes n’ont pas manqué de le lui signaler pendant la course, qu’il a terminée au 12e rang.

Le directeur de l’équipe, Toto Wolff, a toutefois préféré souligner que la voiture n’était pas suffisamment compétitive présentement.

« Nous n’arrivons pas à trouver les bons réglages pour gérer la température des pneus. Nous savons où est le problème et nous devons simplement travailler à combler notre écart [avec Red Bull]. Je n’ai toutefois aucun doute que notre équipe va revenir en force. »

Stroll dans le mur

Superbe deuxième, Vettel a offert à l’équipe Aston Martin son premier podium de la saison. Parti de la 11e place, après avoir raté sa place Q3 par quelques centièmes de seconde, le quadruple champion du monde a offert une performance digne de sa réputation.

« Je suis vraiment comblé, et cette deuxième place représente beaucoup pour toute l’équipe. Nous n’anticipions pas de grimper sur le podium, mais nous avons progressé tout au long du week-end, et la voiture était vraiment performante en course. J’étais déçu samedi, mais nous avons pu choisir nos pneus pour la course et cela m’a aidé à gagner deux places au départ, puis une autre en roulant plus longtemps avant l’arrêt aux puits.

« Cela nous a aussi placés en excellente position pour la fin de la course, et j’ai pu en profiter au maximum. J’étais très bien dans la voiture, très confiant, et avec notre stratégie et tous les rebondissements, nous avons pu obtenir ce résultat très spécial. »

Lance Stroll aurait lui aussi pu profiter des conditions pour obtenir un excellent résultat.

Lointain 19e sur la grille de départ, le Québécois a pris un bon départ et il était revenu dans les points à la mi-course. L’un des derniers à ne pas avoir changé ses pneus, il était idéalement placé pour profiter d’une éventuelle neutralisation de la course. C’est malheureusement lui qui a provoqué la sortie de la voiture de sécurité, au 31e tour, quand une défaillance de son pneu arrière droit a provoqué une violente sortie de piste.

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La voiture de Lance Stroll après sa sortie de piste

« C’est très frustrant de ne pas finir la course, mais je suis O.K., a rassuré Stroll, en point de presse. Nous étions vraiment bien partis pour marquer de bons points en roulant plus longtemps et en devançant plusieurs concurrents qui avaient stoppé plus tôt. La course se déroulait vraiment en notre faveur.

« Je ne sais pas exactement ce qui m’a projeté dans le mur, il va falloir enquêter avec les gens de Pirelli. Ça n’a pas été un week-end facile pour moi [il est aussi sorti de piste en qualifications]. »

Il y a plusieurs éléments positifs à retenir de la course, le rythme de la voiture et bien sûr le podium de Sebastian. Toute l’équipe mérite des félicitations !

Lance Stroll

Vettel n’a pas été le seul vétéran à se signaler dimanche à Bakou. L’Espagnol Fernando Alonso a lui aussi profité des rebondissements pour remonter à la sixième place, son meilleur résultat de la saison chez Alpine. Et Kimi Räikkönen (Alfa Romeo) a pris la 10e place, son premier point de la saison à 41 ans !

Charles Leclerc (Ferrari, 4e), Lando Norris (McLaren, 5e), Yuki Tsunoda (Alpha Tauri, 7e), Carlos Sainz (Ferrari, 8e) et Daniel Ricciardo (McLaren, 9e) ont aussi marqué des points.