Lewis Hamilton a écrasé de sa supériorité le Grand Prix de Hongrie, dimanche à Budapest, en s’imposant largement devant Max Verstappen (Red Bull) et son coéquipier de Mercedes, Valtteri Bottas. Le Canadien Lance Stroll a pris la quatrième place, son deuxième meilleur résultat en carrière.

Hamilton sans rival

En remportant dimanche pour la huitième fois le Grand Prix de Hongrie, le Britannique Lewis Hamilton a pris la tête du Championnat du monde de F1, tout en égalant un autre record de Michael Schumacher, seul avant lui à avoir gagné huit fois sur un circuit. Après être devenu samedi le premier pilote de l’histoire à obtenir 90 positions de tête sur la grille de départ, Hamilton a fait preuve dimanche d’une supériorité qui laissait croire que sa Mercedes et lui n’auraient aucun véritable rival cette saison. Vite détaché en tête, il avait relégué à un tour tous les autres concurrents, sauf Verstappen et Bottas, avant de s’arrêter à la fin pour « chausser » des pneus tendres et aller chercher le point supplémentaire du record du tour.

« Honnêtement, c’est l’une de mes courses préférées en carrière, même si j’ai toujours été seul en tête », a raconté le vainqueur après la course. « J’ai vraiment poussé très fort, particulièrement à la fin pour le meilleur tour. Nous avions une voiture, une stratégie et des arrêts parfaits. Je suis impatient d’aller à Silverstone [pour les prochaines courses], même si je m’ennuierai des spectateurs et de l’énergie qu’ils me procurent. »

Hamilton ne devance encore son coéquipier Bottas que par cinq points au championnat, mais c’est difficile de penser que la direction de l’équipe puisse vraiment laisser le Finlandais libre de se battre pour le titre. Préparons-nous donc à assister à maintes autres « démonstrations » du maestro Hamilton.

Le bon coup de Stroll

Lance Stroll a signé dimanche l’un de ses meilleurs résultats en carrière, avec une course sans bavure et une solide quatrième place. Le Canadien avait pris la troisième place du Grand Prix de l’Azerbaïdjan en 2017, son seul podium, et il avait aussi été quatrième en Allemagne en 2019, bénéficiant chaque fois d’un peu (beaucoup) de chance. Ça n’a pas été le cas dimanche : Stroll a tiré le meilleur d’une voiture compétitive pour obtenir le résultat qu’il méritait. Et il ne s’est pas laissé piéger sur la piste détrempée au départ ou dans la gestion délicate de ses pneus à mesure que les conditions évoluaient.

PHOTO DARKO BANDIC, AGENCE FRANCE-PRESSE

Lance Stroll

Le Canadien a aussi profité de la fin de semaine plus difficile de son coéquipier, Sergio Pérez (7e), pour le devancer nettement… juste au moment où des rumeurs faisaient état de l’embauche imminente de l’Allemand Sebastian Vettel pour la saison prochaine.

« Je suis très heureux de cette quatrième place. J’étais deuxième après le départ, et ç’a été amusant de me battre avec Max [Verstappen] et Valtteri [Bottas]. Mais j’ai surtout roulé seul en route vers ce résultat. Le plus important, c’est que j’ai réussi à obtenir des points pour l’équipe, comme Checo [Pérez]. Nous avons maintenant disputé trois courses et avons paru forts dans chacune d’elles. Je crois que nous étions près du podium aujourd’hui, parce que je me suis battu avec Bottas. Nous aurions peut-être pu adopter une stratégie différente, mais c’est toujours facile à dire après coup. »

Quoi qu’il en soit, l’équipe Racing Point a confirmé ce week-end qu’elle pouvait se mêler à la lutte pour les premières places et elle se retrouve à égalité de points (40) avec McLaren au championnat des constructeurs, devancée par seulement Mercedes (121) et Red Bull (55). Le brio des voitures roses continue par ailleurs de susciter les doutes des équipes concurrentes. Renault a encore déposé une réclamation après la course au sujet du système de refroidissement des freins des Racing Point et le fera sans doute après chaque course jusqu’à ce que la FIA rende une décision.

Verstappen, brouillon et brillant

Max Verstappen est sans doute le pilote le plus doué du plateau, avec Lewis Hamilton, mais le Néerlandais est encore loin d’avoir la maturité de son rival. Dimanche, on a d’abord vu le Verstappen brouillon, quand il a envoyé sa Red Bull dans les rails de sécurité pendant le tour de formation sur la piste détrempée. Avec tout juste 30 minutes à leur disposition, les mécaniciens de l’équipe ont réussi à changer la suspension avant gauche et à replacer la voiture sur la grille quelques secondes avant la procédure de départ. C’est ensuite le pilote brillant qui a disputé une course superbe, remontant de la septième à la deuxième place, avant de résister jusqu’au bout au retour de Valtteri Bottas.

« Ce n’est sûrement pas ce que je voulais, mais les mécaniciens ont été extraordinaires », a reconnu le Néerlandais après la course. « Je ne sais vraiment pas comment ils ont réussi. Ils ont terminé de justesse, mais la voiture était comme neuve, meilleure que depuis le début du week-end. C’est fou, je ne pensais pas prendre le départ, alors deuxième, c’est comme une victoire. »

Le deuxième pilote de l’équipe, Alex Albon, s’est lui aussi bien battu dimanche pour revenir en cinquième place, devant Sebastian Vettel (Ferrari), Pérez, et Daniel Ricciardo, au sein d’un groupe qui a animé la course. Reste que Verstappen et Red Bull se retrouvent déjà très loin aux championnats des pilotes et des constructeurs, alors que la saison s’amorçait sur des circuits qui leur étaient favorables.

Latifi, bon départ, puis désastre

Qualifié 15e, le Canadien Nicholas Latifi a pris un excellent départ sur la piste détrempée et était 10e quand tout le monde s’est arrêté monter des pneus lisses. La suite a été plus difficile pour le pilote de l’équipe Williams.

« J’ai pris un excellent départ, et c’est important sur ce circuit. J’étais bien placé et je me suis appliqué à garder la voiture en piste pendant les premiers tours », a-t-il expliqué à la suite de la course. « Après mon changement de pneus, je croyais que la voie était libre, j’ai vu la lumière verte et je suis parti. Malheureusement, [Carlos] Sainz était là. Nous nous sommes touchés, j’ai eu une crevaison et j’ai dû faire un tour complet au ralenti. Après ça, la course était pratiquement terminée pour moi, car j’étais à plusieurs tours du meneur. Nous avons quand même décidé de continuer afin d’acquérir de l’expérience, même si la voiture était abîmée, très lente et que c’était vraiment difficile de la garder en piste. En plus, je devais me méfier des autres concurrents qui continuaient de me doubler.

« C’est dommage, parce que nous avions eu un excellent week-end jusque-là, avec nos qualifications en Q2 et George [Russell, son coéquipier], qui a failli atteindre Q3. La voiture progresse, et c’est de bon augure pour la suite. Je ne crois pas que nous serons aussi compétitifs à Silverstone, un circuit qui convient moins bien aux caractéristiques de notre voiture, mais nous allons dans la bonne direction. »

Racisme : un rappel à l’ordre

Les dirigeants de la F1 s’étaient engagés à promouvoir la lutte contre le racisme et à favoriser la diversité, mais Lewis Hamilton a dû faire un rappel à l’ordre dimanche après qu’on n’ait pas diffusé adéquatement la protestation symbolique des pilotes avant l’hymne national. « Il va falloir parler aux gens de la F1 afin qu’ils fassent un meilleur travail », a affirmé le champion du monde en entrevue. « Les choses n’ont été faites correctement qu’au premier Grand Prix. Ils disent se battre pour la diversité et contre le racisme, mais ne nous donnent pas la tribune pour le faire. Tout est bâclé, ils doivent nous donner plus de temps. Je vais communiquer avec eux pour tenter de mieux coordonner les choses. »

Hamilton a aussi révélé que les pilotes n’étaient pas tous d’accord sur les façons de manifester. Le président du comité des pilotes, Romain Grosjean, serait de ceux qui croient qu’il n’est plus nécessaire de protester avant les courses. « J’ai essayé de lui parler pour lui rappeler que le problème du racisme était toujours là et qu’il fallait continuer de nous battre », a souligné Hamilton.

Prochaine épreuve : Grand Prix de Grande-Bretagne, Silverstone, 2 août