(Tokyo, Japon) Félix Auger-Aliassime contre Andy Murray. La vedette montante du tennis contre le double champion en titre qui, malgré un corps meurtri, s’accroche au rêve d’un triplé.

Ça devait être le choc du premier tour des Jeux de Tokyo. Sauf que quatre heures avant la partie, les médecins de l’équipe britannique, inquiets de l’état physique de Murray, lui ont demandé de choisir. Ou bien le simple. Ou bien le double. Mais pas les deux. Murray a choisi le double, ce qui a forcé les organisateurs à lui trouver un remplaçant de dernière minute.

Ils ont proposé sa place à un Australien.

Max Purcell.

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Max Purcell

C’est qui, lui ?

Le 190joueur au classement mondial. Un gars surtout connu sur le circuit pour ses vidéos sur YouTube, dans lesquelles il raconte les coulisses de sa vie de joueur professionnel. C’est aussi un spécialiste du double. En 2020, il fut d’ailleurs finaliste aux Internationaux d’Australie.

Entendons-nous : Max Purcell devait être un amuse-gueule pour Félix Auger-Aliassime. Un petit-four avant les grandes assiettes. Pourtant, très tôt dans la partie, ça s’est mis à sentir le roussi pour le joueur québécois. Il peinait à placer ses premières balles de service en jeu. Moins de 50 % de réussite dans la première manche, perdue 4-6.

Son adversaire, lui, servait très bien. Félix Auger-Aliassime a dû attendre au milieu de la deuxième manche pour réaliser un premier bris. C’était un peu tard. Purcell s’en est remis et a forcé un bris d’égalité, qu’il a facilement remporté, 7-2. L’Australien a rugi comme un lion. Le Canadien, tristounet, s’est dirigé vers le vestiaire, avant de venir nous rejoindre dans la zone mixte. Il était franchement déçu de son après-midi.

Voyez les faits saillants du match

« C’est sûr que ça fait mal. Surtout qu’en venant ici, j’avais des possibilités de connaître un meilleur tournoi. De partir aussi tôt, c’est inattendu. Je suis très déçu. Ce n’est pas ça que j’espérais du tout. Ce n’est pas ça que j’imaginais dans les circonstances actuelles. »

« J’ai joué un très mauvais jeu sur mon service au premier set. Ça m’a coûté très cher. Après, je n’ai pas vraiment trouvé les solutions pour me remettre dans le match. Un peu au deuxième set, mais encore une fois, c’était insuffisant pour mon niveau de jeu aujourd’hui. »

Félix Auger-Aliassime s’est autocritiqué comme ça pendant 10 minutes. Évidemment, ce n’était pas sa première défaite. Ni sa dernière. Mais c’est évident qu’elle l’a piqué plus que les autres.

« Parfois, quand tu perds un match comme celui-là, tu ressens des choses. Tu as de la difficulté à être constant. Et même à trouver des solutions lorsque tu ne joues pas bien. C’est ce que je dois améliorer. Il y a beaucoup de parties [dans une saison]. Tous les joueurs ont des bonnes et des mauvaises séquences. Sauf que les meilleurs trouvent une façon de s’en sortir lorsqu’ils connaissent une mauvaise journée. »

Ce revers ne marque pas la fin de son parcours olympique à Tokyo. Félix Auger-Aliassime est aussi inscrit en double mixte, avec Gabriela Dabrowski. On devine que ce n’est pas le titre qu’il visait ici. Mais comme il l’a rappelé à la fin du point de presse, ça reste une compétition olympique. « Avec Gabriela, on va tenter de faire le mieux possible. »

Désolé, vous n’avez pas gagné

La cycliste Annemiek van Vleuten menait la course sur route des Jeux de Rio, en 2016, lorsqu’elle a été victime d’une chute traumatisante. Pendant un moment, les médecins ont même craint pour sa vie. Mais elle s’en est remise. Très bien, même. Dimanche, l’athlète de 38 ans a survolé le circuit du mont Fuji. Au moment de traverser la ligne d’arrivée, sa plus proche poursuivante se trouvait à près de 100 mètres derrière elle.

Van Vleuten, triomphante, a levé les bras au ciel, convaincue d’être la nouvelle championne olympique. Le hic ? Une Autrichienne était déjà passée par là, 75 secondes avant elle. Une information qu’elle n’avait jamais reçue, entre autres parce que les communications par oreillettes sont interdites aux Jeux olympiques.

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Annemiek van Vleuten

Après avoir appris la couleur de sa médaille, van Vleuten fulminait contre la règle interdisant les oreillettes. Avec raison. « C’est censé rendre les courses plus intéressantes, mais ça les rend plus confuses », s’est-elle plainte.

Souhaitons que ce règlement soit modifié le plus vite possible, pour éviter une autre confusion comme celle survenue dimanche. Personne n’a bien paru dans cette histoire. Sauf la véritable gagnante, Anna Kiesenhofer, une cycliste sans contrat professionnel qui, dans la vie de tous les jours, enseigne les concepts fondamentaux de l’analyse vectorielle et l’analyse de Fourier en vue de résoudre des problèmes pluridisciplinaires d’ingénierie scientifique à l’École polytechnique fédérale de Lausanne !

Heu…

Parlant de règles désuètes, le temps est venu de récrire le chapitre sur les substitutions à la balle-molle.

Dans leur partie contre les Japonaises, dimanche, les Canadiennes ont procédé à des changements défensifs tellement complexes – y compris le retrait de leur lanceuse partante avant même le premier tour au bâton des Japonaises ( !) – que plus personne n’était capable de suivre. Lorsque l’entraîneur-chef du Canada a voulu renvoyer cette même lanceuse au monticule, un peu plus tard, les arbitres s’y sont opposés.

Les Canadiennes ont alors quitté le terrain pour protester. Gros, gros malaise. Ça a duré une dizaine de minutes. Les arbitres – pourtant les meilleurs au monde – étaient aussi médusés que je le suis devant l’horaire des navettes menant aux sites des compétitions.

La substitution a finalement été autorisée. Mais je cherche encore l’explication.

Ce n’est pas normal qu’un changement à la balle-molle soit plus compliqué à comprendre que l’analyse de Fourier…