Dans le milieu du basketball montréalais, les voix sont unanimes : l’Alliance de Montréal, franchise nouvellement intégrée à la Ligue élite canadienne de basketball (LECB), a le profil pour créer une nouvelle vague d’engouement envers ce sport déjà en pleine expansion.

La vice-présidente des opérations de l’Alliance, Annie Larouche, a constaté à son arrivée en poste que malgré une hausse de popularité, le basketball était encore très fragmenté au Québec. Que ce soit pour les volets scolaire, civil ou de haute performance, « tout le monde fait les choses de son côté », selon elle.

Nous, on doit être l’élément rassembleur dans tout ça. Le premier rôle d'une équipe sportive professionnelle, ce n’est pas d’être un organisme communautaire, mais c’est une responsabilité qui vient avec.

Annie Larouche

Pour Joey McKitterick, président de la Montreal Basketball League, cela fait au moins cinq ans que la métropole est prête à accueillir une véritable équipe professionnelle.

M. McKitterick est conscient que d’autres formations, comme les Dragons, le Matrix ou le Jazz de Montréal, ont tenté le coup dans le passé, au sein de différents circuits. Mais contrairement à l’Alliance, ces clubs n’évoluaient pas dans la LECB, qu’il considère comme « la meilleure ligue » professionnelle ayant existé au Canada.

Celui qui gère la plus grosse organisation de basketball pour mineurs à Montréal pense que l’Alliance devra faire « du bon travail auprès des 6 à 10 ans ». Si elle souhaite favoriser le développement de ce sport, qui fait de plus en plus d’adeptes depuis le championnat des Raptors de Toronto en 2019, il sera nécessaire, à son avis, de leur permettre de rencontrer les joueurs.

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, LA PRESSE

En plus de la Montreal Basketball League, Joey McKitterick dirige les programmes de Brookwood et de Brookwood Elite.

« Le sport, ça permet aux jeunes d’être bons dans quelque chose et de bien se sentir. Ça aide la confiance en soi, les relations… les bienfaits sont difficiles à quantifier. L’Alliance ajoute une autre couche pour le basketball : une douzaine de joueurs pros qui sont en ville, ça montre aux jeunes ce qu’ils pourraient réussir à faire un jour. »

Ça tombe bien, puisque le plan d’Annie Larouche correspond à cette vision. Ayant 23 ans d’expérience comme directrice des relations communautaires chez les Alouettes de Montréal, dans la Ligue canadienne de football (LCF), cette dernière veut, autant que possible, visiter des écoles de la grande île.

Notre mission, c’est de nous impliquer. Oui, on offre un divertissement et du basketball de haut calibre, mais notre responsabilité est aussi de développer le sport à partir de nos racines.

Annie Larouche

« Retirer un plafond »

Woodwendy Séraphin, cofondateur de l’académie Dynastie Basketball et entraîneur au collège Jean-de-Brébeuf, perçoit la création de l’Alliance de Montréal comme la solution à un problème qui existait depuis longtemps dans la province.

Il y a présentement une finalité du basket au Québec, parce qu’il est scolaire. Si tu n’es pas exceptionnel, ta carrière arrête quand tu termines l’école. L’Alliance permet de retirer ce plafond. Ça va aider les jeunes à persévérer.

Woodwendy Séraphin

À 36 ans, il a toujours pensé que copier le système américain (où les programmes de basketball sont gérés par les écoles) n’était pas à l’avantage du Québec. Selon lui, il faut plutôt suivre le modèle européen, au sein duquel existent des clubs indépendants accueillant fréquemment des joueurs d’âge adulte.

« J’ai plein d’amis en France qui ont joué pro, qui gagnaient 3000 ou 4000 $ par mois, raconte l’entraîneur. L’avoir appris plus tôt, j’aurais fortement considéré cette avenue. Ici, ne pas avoir de professionnels, ça fait mal au rêve. Si, rapidement, tu te rends compte que tu ne joueras pas dans la NCAA ou la NBA, tu fais quoi ? Tu abandonnes ? »

PHOTO MARCO CAMPANOZZI, LA PRESSE

Woodwendy Séraphin dans le gymnase du collège Jean-de-Brébeuf, où il fait partie du personnel d'entraîneurs

Lui-même un ancien joueur amateur, Woodwendy Séraphin peine à trouver un aspect négatif à la création de l’Alliance. « Je pense que ça va créer un écosystème de basket. Il pourrait y avoir plus d’entraîneurs, d’arbitres et de préparateurs sportifs », entrevoit-il.

Pour que ça fonctionne, Joey McKitterick a un souhait. « J’espère qu’ils vont aller voir la communauté, qu’ils vont s’intégrer, que leurs joueurs ne soient pas des étrangers », avance-t-il.

Annie Larouche, de son côté, estime être sur la bonne voie. Avec une petite touche montréalaise, de surcroît.

« Avoir des joueurs locaux, c’est super important. On a choisi les meilleurs disponibles pour notre effectif, mais il y a beaucoup de talent local, indique-t-elle. Ce que je veux, c’est permettre aux jeunes de rêver. Que des jeunes si disent : ‟Si un jour, je veux jouer au basket pro chez nous, dans ma cour, avec ma famille et mes amis.” »