Vida Blue, qui fit son entrée dans les majeures avec une balle rapide impossible à frapper et qui devint le joueur le plus en vue du baseball en 1971, est mort samedi. Il avait 73 ans.

Les A's ont annoncé son décès, mais n’ont pas précisé le lieu ni la cause de sa mort.

Vida Blue était une des vedettes des flamboyants Athletics, champions de la Série mondiale trois années de suite, de 1972 à 1974. Mais ses performances au cours de ces années n’ont jamais généré autant d’adulation qu’à sa première saison.

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Blue Vida, joueur de baseball des Athletics d’Oakland, en action, 1971

Après avoir perdu lors du match inaugural contre les Senators de Washington en 1971, Blue, un gaucher, a enchaîné huit victoires d’affilée. Cinq de ses 12 premiers matchs furent des matchs complets et des blanchissages. Dès juillet, il menait les deux ligues au chapitre des jeux blancs, des victoires, des matchs complets et de la MPM.

Il a fêté ses 22 ans en juillet, alors que sa photo était en une de Sports Illustrated et Time Magazine.

Au monticule, c’était un homme pressé. Contrairement à presque tous les lanceurs, Blue se rendait au monticule et en revenait en courant. Le chroniqueur de baseball Roger Angell s’émerveillait de son élan extrêmement dynamique au monticule.

« On veut Vida ! »

Les frappeurs adverses évoquaient avec stupéfaction comment sa balle rapide disparaissait ou évitait leurs bâtons. Les journalistes obsédaient sur les deux pièces de dix sous qu’il portait toujours dans sa poche, au monticule : certains écrivirent que c’était un porte-bonheur devant l’aider à gagner 20 matchs. Dans toute la Ligue américaine, les assistances étaient en hausse quand il lançait, atteignant des sommets jamais vus depuis des années. À une occasion, les partisans d’une équipe adverse (les Tigers de Detroit) scandèrent : « On veut Vida ! » avant le match.

Les A's perdirent contre les Orioles de Baltimore lors du championnat de la Ligue américaine en 1971, mais Blue réussit l’exploit de remporter à sa première saison complète les trophées Cy Young et celui du joueur le plus utile.

En 1971, Blue gagna le salaire dérisoire de 15 000 $, un chiffre qui attira même un commentaire du président des États-Unis :

C’est le joueur le plus sous-payé du baseball ».

Richard Nixon, président des États-Unis

Après la saison, Blue demanda 115 000 dollars pour 1972. L’excentrique et têtu propriétaire des A's, Charlie O. Finley, lui offrit 50 000 $ et rendit publics les chiffres. Blue, déjà à cran avec Finley parce que celui-ci lui avait offert 2000 $ publiquement pour qu’il change son prénom, répliqua par une conférence de presse durant laquelle il annonça qu’il quittait le sport pour devenir vice-président des relations publiques d’une entreprise sidérurgique.

En fin de compte, Blue et Finley s’entendent sur un montant de 63 150 $.

Sa deuxième saison se termina avec une fiche modeste de 6-10. En éliminatoires, il lança bien — comme releveur — sans être exceptionnel. Les A's remportèrent la Série mondiale.

Cet homme m’a rendu amer face au baseball. Peu importe ce qu’il fera à l’avenir, je n’oublierai jamais qu’il m’a traité comme un maudit garçon de couleur.

Vida Blue au sujet de Charlie O. Finley en 1973

Blue devint ensuite un lanceur hors pair en saison régulière, avec 20 victoires ou plus lors de trois de ses cinq premières saisons, tout en contribuant au succès des A's en séries éliminatoires.

Mustache Gang

Blue est l’un des nombreux grands noms des Athletics de cette époque, comme Blue Moon Odom, Reggie Jackson, Catfish Hunter, Rollie Fingers, Mudcat Grant, et Rick Monday, surnommés la Mustache Gang (le port de la moustache avait été initié par Reggie Jackson, qui allait signer en 1976 comme agent libre avec les Yankees de New York pour 3 millions de dollars, après avoir refusé l’offre de 5 millions des Expos de Montréal).

Blue a été échangé aux Giants de San Francisco en 1978 et a eu une autre bonne saison, avec une fiche de 18-10 et une MPM de 2,79.

Sa vie hors du terrain allait cependant faire la manchette en 1983, avec les Royals de Kansas City. Blue et des coéquipiers furent interrogés dans le cadre d’une enquête fédérale sur la cocaïne. Il plaida coupable de possession de drogue, passa 81 jours en prison et fut suspendu pour un an par le baseball majeur.

Cet événement fut une surprise, Blue ayant montré une maturité et un sang-froid remarquables alors qu’il était une superstar de 22 ans.

Dans son autobiographie de 2011, Vida Blue : ma vie, Blue a indiqué qu’il avait lutté contre la toxicomanie pendant de nombreuses années. « Parallèlement à toute la gloire que j’avais acquise, il y avait une obscurité grandissante qui m’atteignait », écrit-il. « Et la lumière commença à faiblir dès 1972 », l’année de son combat contre Finley.

Vida Rochelle Blue Jr. est né le 28 juillet 1949 à Mansfield, une petite ville du nord de la Louisiane. Sa famille habitait dans une rue non pavée et son père travaillait dans une aciérie. Excellent au monticule, il était aussi quart-arrière vedette de l’équipe de football de son école secondaire.

Il avait l’intention de jouer au football au collégial, mais la mort subite de son père, à l’âge de 45 ans, changea ses projets. Sa mère lui indiqua que dès lors, il était l’homme de la famille. Quand à l’âge de 18 ans, les A's lui offrirent un boni de signature de 35 000 $, il accepta et en donna une grande partie à sa famille.

Blue a pris sa retraite avant la saison 1987. Il travailla ensuite comme analyste des matchs des Giants de San Francisco. Il n’a pas été admis au Temple de la renommée. Un refus attribuable, a-t-il déclaré, à sa consommation de drogue.

Cet article a été publié dans le New York Times (en anglais)