Il a fallu patienter une semaine avant d'assister finalement à une première véritable régate dans cette 34e Coupe de l'America, et il n'y en aura sans doute que trois ou quatre autres avant la fin du mois. Difficile, on le devine, de soutenir l'intérêt du public en attendant la finale de la Coupe Louis-Vuitton, à compter du 17 août, puis la finale de la Coupe de l'America, à compter du 7 septembre.

Les organisateurs ne pouvaient évidemment prévoir qu'un accident mortel forcerait l'un des trois challengers - les Suédois de Team Artemis - à retarder son entrée en scène, mais ils se retrouvent avec un calendrier qui comptera davantage de régates en solitaire que de vraies courses d'ici la fin du mois de juillet.

Les amateurs y trouvent néanmoins leur compte, si on se fie aux commentaires entendus sur le site de la part de spectateurs venus des quatre coins du globe, même du Québec.

«Ce sont les voiliers les plus rapides jamais conçus pour cette compétition, a rappelé le directeur de la course, Iain Murray. Les amateurs, ceux qui connaissent un peu la voile - et ils sont nombreux -, comprennent à quel point c'est difficile de maîtriser ces embarcations et ils peuvent apprécier le spectacle, même avec un seul voilier sur le parcours.

«À l'époque, les régates se jouaient souvent dans les changements de bord face au vent ; j'ai l'impression que ce sont plutôt les empannages, vent arrière, qui sont importants avec ces voiliers. Les Néo-Zélandais réussissent déjà à empanner sans descendre de leurs foils, conservant ainsi une vitesse incroyable. L'autre jour, ils ont réussi à virer de bord sans descendre à moins de 30 noeuds!

«Cela dit, c'est vrai que l'objet de cette compétition est d'avoir des courses et que ce sont des courses que veulent voir la majorité des spectateurs, a concédé Murray. Nous espérons que ce sera le cas dans toutes les régates très bientôt. »

De l'action... en septembre

Il faudra donc être patient, mais le potentiel de spectacle démontré samedi par Emirates Team New Zealand et Luna Rossa laisse présager une belle fin d'été dans la baie de San Francisco. Les Néo-Zélandais se sont imposés par plus de cinq minutes, suscitant l'admiration de leurs admirateurs.

«Pour l'instant, c'est surtout par la qualité de leurs manoeuvres qu'ils se démarquent, a estimé le directeur de Luna Rossa, Max Sirena. Cela fait déjà plusieurs mois qu'ils naviguent ensemble sur leur AC72 et leur cohésion est incroyable. Durant la course, chaque empannage était une aventure pour nous, alors qu'eux restaient tranquillement sur leurs foils sans perdre de vitesse.

«Nous ne nous faisons pas d'illusion, a poursuivi Sirena. Ils [les Néo-Zélandais] vont sûrement remporter les régates préliminaires et passer directement en finale de la Coupe Louis-Vuitton. Nous avons un peu plus d'un mois pour les rattraper et nous croyons que c'est possible.»

Hier, même dans une autre course en solitaire, Emirates Team New Zealand a obtenu son quatrième point de régates préliminaires en donnant une nouvelle démonstration, brisant à nouveau la barre des 40 noeuds.

«Chaque fois que nous ramenons le voilier à la base sans bris et sans incident, on peut dire que nous avons eu une bonne journée, a rappelé le barreur néo-zélandais Dean Barker. Nous menons le bateau à la limite parce que c'est la seule façon que nous connaissons! Mais ce n'est pas aussi facile que cela en a l'air depuis le début de la compétition, croyez-moi...»