L'ex-président du Comité olympique canadien (COC) Marcel Aubut s'est engagé auprès de son employeur hier à changer son comportement auprès des femmes. Mais les faits allégués, qui ont menés à cet engagement, ne mettent pas en jeu le poste d'associé qu'il détient au sein du bureau d'avocats BCF.

Au terme d'une séance extraordinaire du conseil d'administration de BCF, Marcel Aubut «a formulé l'engagement solennel de changer son comportement à l'égard des autres et en particulier à l'égard des femmes», a indiqué la firme dans un communiqué. «Il s'est engagé à travailler avec l'aide de professionnels réputés choisis par BCF pour l'assister dans sa démarche. Il a l'appui de BCF», lit-on aussi dans le document.

L'avocat s'est aussi engagé à ne pas présenter sa candidature afin d'obtenir un siège au conseil d'administration de BCF, en pleine période de renouvellement. «Il demeure associé au sein de la firme», a toutefois précisé le bureau d'avocats.

«Nous reconnaissons le caractère sensible et complexe des récents événements. Peu importe les circonstances et les acteurs, nous traitons ces questions avec fermeté, tout en conservant un climat serein et en faisant preuve d'humanisme», a assuré le président du conseil d'administration, André Morrissette, dans une déclaration. «Nous exprimons notre soutien à toutes les victimes de harcèlement», a-t-il aussi déclaré.

Marcel Aubut a remis sa démission du poste de président du COC samedi, après la révélation de la mise en branle d'une enquête du Comité au sujet d'allégations de harcèlement sexuel. À ce jour, le COC a reçu une plainte formelle. L'avocate Amélia Salehabadi-Fouques a aussi porté plainte au Barreau. Mais les services policiers n'ont été avisés d'aucune plainte officielle.

Victime présumée

De passage à l'émission Tout le monde en parle, hier, une victime présumée de Marcel Aubut s'est déclarée ouverte à discuter avec les policiers, se disant tout de même «incertaine» de «ce qu'elle allait faire».

La jeune femme, qui a été l'adjointe de Marcel Aubut pendant trois mois en 2011, a fait état d'un climat de travail toxique. «Ç'a commencé tout doucement, parfois des mains autour de la taille quand j'allais porter un dossier à son bureau», a-t-elle rapporté. «Ensuite, les mains descendaient plus bas. C'était des commentaires à propos de certaines parties de mon corps qui étaient inappropriés.»

Un événement particulier a finalement poussé la jeune femme à avertir le service des ressources humaines. «Il [Marcel Aubut] m'a demandé d'apporter un dossier dans une salle de conférence personnelle», a-t-elle raconté. «Quand j'ai ouvert la porte, il était seulement en boxers. Je comprends que c'est possible qu'il ait été en train de se changer, mais il aurait pu attendre avant de m'appeler.»

Après un congé imposé, l'adjointe s'est engagée à ne jamais évoquer l'incident, en échange d'un cachet de 10 000 $. «J'étais tellement épuisée de la situation, je voulais régler ça, je voulais juste plus rien savoir», a-t-elle affirmé pour justifier son geste. Elle considère néanmoins que Marcel Aubut a «abusé de sa position de pouvoir». «On ne peut pas s'en tirer parce qu'on est gros, qu'on a de l'argent, un gros poste. [...] Que ces histoires-là soient tassées, pour moi, c'est inhumain. Ça laisse des séquelles», a-t-elle laissé tomber.