L'ouverture de la Maison olympique canadienne «envoie un message fort quant à l'engagement du Canada envers le sport olympique», estime le président du Comité international olympique (CIO), Thomas Bach.

«Ça va beaucoup aider au mouvement olympique canadien. Ça va encourager les athlètes canadiens à toujours voir un symbole de leurs efforts», a-t-il observé.

De passage à Montréal en marge de l'inauguration de la Maison, hier, M. Bach s'est notamment réjoui du fait que les anneaux olympiques seront illuminés en permanence sur le toit de l'édifice du boulevard René-Lévesque Ouest.

Montréal devient ainsi la première ville, à l'exception de Lausanne où siège le CIO, à arborer les fameux anneaux, marque de commerce que protégeait jalousement le Comité jusque-là.

M. Bach a indiqué que la décision de permettre à la métropole d'utiliser les anneaux olympiques s'inscrit dans la philosophie de l'«Agenda 2020» qu'il tente d'instaurer au sein du mouvement olympique. En résumé, ce programme vise à rendre l'olympisme plus accessible, tout en contribuant au développement durable des villes hôtes des Jeux.

«Cette Maison olympique canadienne est un exemple extraordinaire, a-t-il souligné. Vous voyez l'accessibilité à l'olympisme pour les citoyens de Montréal et du Canada, [la possibilité] de partager l'expérience olympique et de voir l'héritage des Jeux olympiques de Montréal. Avec les anneaux sur le toit, c'est évident que les Jeux ne se terminent pas avec la cérémonie de clôture, qu'ils laissent un héritage durable à une ville, une région et un pays.»

Sous le signe de l'émotion

La journée d'hier a été riche en émotions pour M. Bach. Au cours de ses nombreux déplacements, il a notamment eu l'occasion de se rendre au CEPSUM de l'Université de Montréal, où il avait remporté la médaille d'or en escrime avec l'équipe ouest-allemande aux Jeux d'été de 1976. C'était d'ailleurs la première fois qu'il revenait dans la métropole depuis sa victoire.

Le Comité olympique canadien (COC) et son président Marcel Aubut ont tenu à marquer le coup en grand. Ainsi, on a demandé à une haie d'honneur formée de près de 500 enfants d'accueillir M. Bach à son arrivée au CEPSUM. À l'intérieur, on avait recréé les lieux de compétition d'escrime des Jeux de 1976, avec le podium, les drapeaux des pays médaillés - l'Allemagne de l'Ouest, l'Italie et la France - et une hôtesse vêtue d'une tenue de l'époque.

M. Bach a pris tout son temps pour observer attentivement les lieux en compagnie de sa femme Claudia. Par la suite, deux jeunes escrimeurs ont fait leur entrée pour échanger quelques coups de fleuret. Quelques instants plus tard, le président du CIO s'est vu remettre un doctorat honoris causa de l'Université de Montréal.

«Il y a 39 ans, j'ai réalisé un rêve ici, a-t-il raconté. C'est un grand plaisir pour moi d'être de retour et d'être reçu avec autant de chaleur.»

L'ex-athlète n'a pu retenir ses larmes pendant cette cérémonie, alors qu'il a dit avoir une pensée pour son coéquipier Harald Hein, qui avait réussi la touche victorieuse pour son équipe lors des Jeux, et qui est mort d'un cancer du cerveau en 2008.

En matinée, à l'hôtel de ville de Montréal, M. Bach avait aussi eu la gorge nouée en se remémorant son triomphe de 1976, avant que le maire Denis Coderre lui remette les clés de la ville et fasse de lui un citoyen d'honneur de la métropole.

«C'est une émotion très forte, a-t-il lancé avec un trémolo dans la voix. C'est la ville où j'ai réalisé le rêve de ma vie sportive. [...] Mes coéquipiers et moi avons finalement compris ce que nous avions réalisé à notre retour à la maison. Il y avait 30 000 personnes dans les rues de la ville, alors qu'en temps normal, 11 000 y vivaient.»

Durant la journée, M. Bach a également visité les locaux de l'Agence mondiale antidopage, rue Victoria, en plus de participer à un grand dîner au Palais des congrès auquel 2000 personnes, dont plusieurs athlètes olympiques canadiens, étaient conviées.

En chiffres

1300



Le nombre de noms gravés sur le monument de la flamme olympique à l'entrée. Il s'agit des quelque 1300 médaillés olympiques de l'histoire canadienne.



15


Les millions de dollars investis dans ce projet. Les trois ordres de gouvernement y ont injecté un total de 8,5 millions.

Des Jeux à Toronto?

Au moment où les Jeux panaméricains s'ouvrent à Toronto, plusieurs se demandent si la Ville Reine pourrait être une candidate intéressante pour recevoir les Jeux olympiques, et ainsi devenir la quatrième ville canadienne à accueillir l'événement. Hier, Thomas Bach, président du CIO, n'a pas exclu cette possibilité. «Je ne peux qu'encourager le Comité olympique canadien, le maire et la communauté de Toronto à étudier cette question très attentivement. Dans cet esprit, des Jeux panaméricains fructueux peuvent aider», a-t-il expliqué.

Des drapeaux plus légers qu'ils n'en ont l'air

De nombreux athlètes canadiens et internationaux ont participé aux festivités entourant l'inauguration de la Maison olympique canadienne. C'était notamment le cas de Greg Joy, médaillé d'argent au saut en hauteur et porte-drapeau du Canada lors de la cérémonie de clôture des Jeux de Montréal. «Quand j'ai été choisi pour ça, j'étais renversé, a-t-il raconté. J'étais le dernier porte-drapeau à entrer sur le terrain, puisque nous étions les hôtes. Les drapeaux sont en fait assez légers. Personne ne le sait, mais ils ne pèsent rien. Mon bras s'est soudainement lancé dans les airs parce que je le tenais aussi haut que je le pouvais!»