Il faudra garder l'oeil ouvert durant les cérémonies de clôture des Jeux de Sotchi.

C'est que Daniele Finzi Pasca, le metteur en scène de la cérémonie qui doit être vue par des centaines de millions de personnes dans le monde, compte «travailler dans l'ombre», un peu «comme un virus» afin de soutenir les droits de l'homme et les droits des homosexuels, un sujet épineux pour la Russie et le Comité international olympique (CIO).

Dans un courriel envoyé à La Presse, Julie Hamelin, cofondatrice de la Compagnia Finzi Pasca, qui travaille sur l'écriture du spectacle de clôture des Jeux, note que les valeurs «progressistes» seront au coeur de l'imposant spectacle.

«Vous raconter ce que l'on va faire serait affaiblir un peu nos stratégies, écrit-elle. Mais nous pouvons vous garantir que nous allons tout faire pour que les athlètes et les délégations aient toute la liberté de s'exprimer sous une forme ou sous une autre pendant les cérémonies.»

Le CIO et le gouvernement russe ont jusqu'ici refusé de dire s'il serait toléré que des athlètes ou des officiels expriment leur appui à la cause homosexuelle. Le CIO interdit tout geste politique durant les Jeux.

La semaine dernière, le président du CIO, Thomas Bach, a refusé de rencontrer un groupe d'homosexuels en Russie, prêtant le flanc aux critiques, qui accusent le Comité de chercher à esquiver la question du non-respect des droits de l'homme dans le pays hôte des Jeux.

Une loi controversée

En juin, la Russie avait provoqué un tollé dans les pays occidentaux en adoptant une loi interdisant la «propagande homosexuelle». La loi prévoit notamment une peine de deux semaines d'emprisonnement pour des personnes du même sexe qui se tiendraient la main ou échangeraient un baiser en public.

Le mot «propagande» dans la loi laisse matière à interprétation. Ainsi, une épinglette aux couleurs du drapeau arc-en-ciel de la fierté gaie peut être vue comme de la propagande, et donc être illégale.

Depuis l'adoption de la loi, on rapporte une hausse du harcèlement et des attaques contre les personnes présumées homosexuelles en Russie.

Julie Hamelin, qui est cofondatrice du Cirque Éloize, explique avoir souvent travaillé dans des pays «dans lesquels certaines valeurs ne sont pas souvent partagées».

«Dans tous les pays où l'on va, on a la chance de rencontrer des gens avec une vision progressiste, qui partagent nos valeurs. Notre tâche est souvent de les soutenir en ayant recours à des stratégies différentes, parfois en prenant des positions fortes et claires et parfois en travaillant dans l'ombre.»

Parmi ces valeurs se trouvent «la liberté d'expression, l'égalité entre homme et femme, les droits des homosexuels, la protection de l'enfance», écrit-elle cette semaine en réponse à une demande d'entrevue sur la question des droits de l'homme en Russie, envoyée la semaine dernière par La Presse. Le duo Hamelin-Finzi Pasca se trouve actuellement en Russie.

Cirque Éloize

Acteur et metteur en scène suisse-italien, Daniele Finzi Pasca est surtout connu au Québec grâce à son travail avec le Cirque Éloize et le Cirque du Soleil. Finzi Pasca avait conçu le spectacle de clôture des Jeux de Turin, en 2006. Il mettra également en scène le spectacle d'ouverture des Jeux paralympiques, qui suivront les Jeux de Sotchi.

Le spectacle de clôture doit avoir lieu le 23 février.

Devant le tollé provoqué par la loi, le gouvernement russe tente depuis peu d'envoyer une image d'ouverture.

En août, le ministre russe des Sports, Vitaly Mutko, avait dit que la loi allait s'appliquer aux athlètes internationaux.

«Un athlète ayant une orientation sexuelle non traditionnelle ne sera pas interdit de séjour à Sotchi. Mais s'il va dans les rues et commence à faire de la propagande, alors bien sûr, il devra répondre de ses actes.»

Depuis, le président russe Vladimir Poutine a fait part de sa volonté de «tout faire pour que les athlètes se sentent à l'aise à Sotchi, peu importe leur race ou leur orientation sexuelle».