Le jour n'est peut-être pas loin où l'équipe française de hockey féminin chauffera le Canada, ou que les Finlandaises vaincront les Américaines sur une base régulière.

Danièle Sauvageau estime que le soutien que les deux super puissances mondiales, le Canada et les États-Unis, ont apporté depuis les Jeux olympiques de Vancouver aux pays qui tirent de la patte depuis des décennies vont finir par rapporter des dividendes.

«Le Canada et les États-Unis continuent de s'améliorer, mais pas au même rythme que les autres pays, affirme l'ancienne entraîneuse de l'équipe canadienne, en entrevue à La Presse Canadienne. L'écart se rétrécit, pas aussi vite qu'on le voudrait, mais il se rétrécit. Nous finirons bien par atteindre la parité avant les 60 prochaines années!»

Les amateurs canadiens de hockey féminin pourront constater d'eux-mêmes les progrès des pays d'Europe, à compter de la semaine prochaine, à l'occasion des Championnats du monde de hockey qui auront lieu à Ottawa.

Après les JO de Vancouver, on a envoyé un message clair: la suprématie du Canada et des États-Unis, les deux seules nations de l'histoire championnes du monde et olympiques, servait mal la cause du hockey féminin. On évoquait même la possibilité d'exclure le sport du programme olympique.

Trois ans plus tard, Sauvageau estime que le hockey féminin n'a rien à craindre, que son avenir est assuré.

«Le tournoi de hockey féminin a été le deuxième événement des Jeux olympiques de 2010 le plus suivi au Canada, derrière le tournoi masculin et les compétitions de patinage artistique, relève-t-elle. La popularité du sport ne fait aucun doute au Canada, et dans plusieurs autres pays. On ne peut tout de même pas reprocher au Canada et aux États-Unis d'être dans une classe à part.

«C'est comme si, à l'époque où Michael Schumacher était très dominant en Formule 1, on lui avait demandé de lever le pied en course, a-t-il enchaîné. Ou encore si on avait demandé à Tiger Woods de faire moins d'oiselets quand il gagnait tous ses tournois.»

Cela dit, il fallait faire quelque chose et Sauvageau argue que le programme d'encadrement des pays d'Europe commence à rapporter des dividendes. Elle-même s'est impliquée, en partageant son savoir avec la France. Un des projets qu'elle a mis de l'avant a été d'organiser une tournée des Françaises au Québec, en août dernier.

On favorise également la venue en Amérique du Nord des meilleures joueuses européennes afin qu'elles puissent se frotter aux meilleures. C'est le cas de la talentueuse russe Iya Gavrilova, qui porte les couleurs de l'équipe de l'Université de Calgary.

Ces initiatives sont fort louables, mais Sauvageau admet que l'enjeu financier demeure le principal obstacle dans plusieurs pays, même ceux où le hockey masculin jouit d'une grande popularité.

Au Québec, la pratique du sport se porte bien, comme on a pu le constater dernièrement avec le triomphe des Carabins de Montréal aux Championnats universitaires canadiens. Sauvageau a eu carte blanche en 2008 afin de mettre sur pied l'équipe de l'Université de Montréal, et elle souhaite voir d'autres universités francophones du Québec emboîter le pas.

Le problème auquel on est confronté au Canada et au Québec, c'est qu'il y a peu de débouchés après les rangs collégiaux.

Les ouvertures sont rares au sein de l'équipe canadienne, qui se renouvelle au compte-gouttes.

L'avenir, selon elle, passe par l'expansion de la Ligue canadienne et la création d'équipes universitaires au Québec, à Sherbrooke, à Trois-Rivières et à Québec. On pourrait ainsi garder nos meilleures joueuses au Québec, au lieu de les voir s'expatrier dans les universités américaines.

Sauvageau rêve de voir naître la rivalité Montréal-Québec au hockey féminin, avant le retour de la «vraie rivalité» Canadien-Nordiques dans la LNH.