Les membres du CIO ont avoué mercredi leur tourment concernant le choix de la ville organisatrice des Jeux olympiques d'été de 2016 qui sera désignée vendredi à Copenhague.

Plusieurs avouent ne pas avoir fait leur choix à deux jours du vote et disent qu'il n'y a pas de favori clair.

Selon Samih Moudallal, membre du Comité international olympique depuis 1988, le scrutin de vendredi, qui éliminera une ville à chaque tour, revient à devoir choisir entre des membres de sa propre famille.

«Comment choisit-on parmi ses frères?», a déclaré Moudallal à l'Associated Press, en expliquant que son choix n'est pas fait. «Il faut à la fois faire parler son cerveau et son coeur.

«C'est un choix très difficile.»

Michelle Obama, la première dame des États-Unis, s'est envolée pour Copenhague mercredi, pour venir appuyer la candidature de Chicago. Le président américain viendra en personne, vendredi, donner le signal fort du soutien de la présidence à la ville de l'Illinois.

Ces apports de «VIP» pourraient influencer les votes, même si les membres du CIO expliquent en choeur que cela ne sera pas décisif.

Le roi d'Espagne Juan Carlos et le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva devaient être à pied d'oeuvre, mercredi, alors que le Premier ministre japonais Yukio Hatoyama doit arriver jeudi.

La tension monte, à l'instar des possibles infractions au règlement du CIO. Malgré de récents avertissements réitérés aux quatre villes candidates de ne pas critiquer leurs adversaires, le vice-président du comité olympique espagnol Jose Maria Odriozola a déclaré à l'agence EFE que «Rio est la pire candidature».

Contrairement aux prévisions des preneurs aux livres, il a estimé que Madrid et Tokyo sont favorites.

Les votes des membres du CIO peuvent être imprévisibles.

Le vice-président du CIO Chiharu Igaya a expliqué que «beaucoup» de membres du CIO ne sont pas décidés et qu'ils feront leur choix uniquement après l'ultime présentation des dossiers des quatre villes vendredi.

«Les quatre villes sont au coude à coude», a-t-il dit.

«Oui, la présentation finale risque d'être cruciale», indique Willi Kaltschmitt, membre du CIO depuis 1988. Il pense que la moitié ou plus de ses 105 collègues n'ont pas encore choisi.

Le lobbying de dernière minute peut être décisif. L'ex-premier ministre britannique Tony Blair et sa femme Cherie l'ont prouvé quand Londres était candidate à l'organisation des Jeux 2012. Blair avait fait le voyage de Singapour avant le vote, et passé deux jours à effectuer un intense lobbying auprès des membres du CIO, en invitant certains dans sa suite à l'hôtel pour des entretiens particuliers.

«Personne ne peut affecter notre décision, tempère Moudallal, membre syrien du CIO. Nous sommes membres du CIO, nous oeuvrons pour l'intérêt olympique et pas pour les intérêts des États-Unis ou du Japon.»

Au final, le choix le plus important pour le CIO sera le signal qu'il entend donner au monde par son choix.

Offrir les Jeux pour la première fois à l'Amérique du Sud serait un signal fort. Les membres du CIO imaginent le retentissant impact de donner les compétitions à un continent vierge, et Rio possède une candidature techniquement forte.

«La plupart des pays sud-américains seraient comblés de voir les Jeux attribués au Brésil», souligne Kaltschmitt.

Mais Chicago, considéré par certains comme le rival le plus dangereux pour Rio, pourrait paraître supérieur en matière de retombées économiques et de sécurité. Il est envisageable que les membres du CIO puissent en ces temps de récession économique juger que les Etats-Unis, qui pour la dernière fois ont accueilli les JO d'été en 1996 - mais plus récemment ceux d'hiver à Salt Lake City en 2002 -, soient une destination sans danger.

«L'une des choses importantes pour nous est la récession économique», dit Nat Indrapana, membre thaïlandais du CIO. Il note que «Chicago a fait une belle présentation» au CIO en juin.

Il y a un lien émotif entre Obama et sa ville adoptive de Chicago. En cas de réélection, le premier président noir des Etats-Unis pourrait voir la dernière année de son mandat rehaussée par la désignation de Chicago.

La ville qui recevra le moins de vote sera éliminée à l'issue de chaque tour jusqu'à ce qu'une candidate obtienne la majorité. Le vote devrait durer au maximum trois tours.