Le Comité antidopage jamaïcain (Jadco) n'a trouvé aucune circonstance atténuante à l'ancien détenteur du record du monde du 100 m Asafa Powell, qu'il a suspendu jeudi pour 18 mois et dont il a stigmatisé les négligences.

Powell a aussitôt indiqué qu'il allait saisir la Tribunal arbitral du sport (TAS) pour faire annuler «cette sanction injustifiée et injuste».

Le champion olympique 2008 du 4x100 m ne pourra pas recourir avant le 20 décembre 2014 (BIEN 20 décembre), a précisé le Jadco.

«Le jury est parvenu à la décision unanime que M. Powell a été négligent et que (cette infraction) est de sa faute en raison notamment de son statut d'athlète de haut niveau. Sa période de suspension sera de 18 mois, à partir de la date de son contrôle positif», a déclaré Lennox Gayle, le président du Jadco.

Powell avait été contrôlé positif à un produit stimulant (oxilofrine), apparenté à l'éphédrine en juin 2013 dans le cadre des Championnats de Jamaïque qui servaient de qualifications pour les Mondiaux-2013 de Moscou auxquels il n'avait pas pu participer.

Lors de son audition par la commission de discipline du Jadco en janvier, le sprinteur de 31 ans avait mis en cause son physiothérapeute et préparateur physique, Christopher Xuereb, qui lui avait fait des injections et qui lui avait fait doubler sa prise de compléments alimentaires, le matin même de son contrôle positif.

- Neuf compléments alimentaires -

Selon Powell,  Xuereb avec qui il travaillait depuis seulement deux mois, avait été le premier à lui conseiller de prendre des compléments alimentaires, neuf différents au total, dont l'un, dénommé Epiphany D1, aurait contenu la substance incriminée.

Powell avait également indiqué lors de son audition, à la grande surprise du jury, qu'il ne «connaissait pas le code (antidopage)»: «Je ne connaissais pas la liste, je savais juste qu'il y avait une liste qu'on était supposé consulter», avait-il assuré.

Sur son site internet, Powell qui a été dépossédé du record du monde du 100 m, établi en 2005 (9 sec 77/100) et amélioré en 2007 (9 sec 74/100), par Usain Bolt en 2008, a rappelé que les expertises, réalisées par deux laboratoires différents sur le complément alimentaire incriminé, avaient confirmé la présence d'oxilofrine et que l'Agence mondiale antidopage et l'Agence américaine antidopage étaient parvenus aux mêmes conclusions.

«C'est la première fois en presque douze ans de sport de haut-niveau et après 150 contrôles que j'ai fait l'objet d'un contrôle positif, pour un stimulant dont les experts s'accordent à dire qu'il  n'améliore pas les performances», s'est défendu Powell.

- Campbell-Brown blanchie -

«Dans des cas comme celui-ci, la suspension va normalement d'un avertissement à trois ou, au pire, six mois de suspension, et je suis toujours, prêt à accepter. Mais la sanction prononcée jeudi n'est clairement pas dans cette ligne», a regretté celui qui était la star de l'athlétisme jamaïcain avant l'explosion de Bolt.

Une des partenaires d'entraînement de Powell, Sherone Simpson, médaillée d'argent sur 100 m aux Jeux de Pékin, avait été également suspendue mardi pour dix-huit mois pour dopage au même stimulant, l'oxilofrine, lors des Championnats de Jamaïque en juin 2013.

Simpson, championne olympique 2004 et vice-championne olympique 2012 du relais 4x100 m avait également mis en cause Xuereb.

L'athlétisme jamaïcain a été l'objet de plusieurs retentissantes affaires de dopage lors des derniers mois qui ont mis en cause l'efficacité de la lutte antidopage dans ce pays.

Un autre icône de la discipline, Veronica Campbell-Brown, avait été contrôlée positif à un diurétique en mai 2013, avant d'être blanchie de toute accusation de dopage par le TAS en février.

A la suite de son contrôle positif lors de la réunion de Kingston le 4 mai 2013, au hydrochlorothiazide - un produit interdit uniquement en compétition -, Campbell-Brown avait été suspendue deux ans, manquant du coup les sélections jamaïcaines pour les Mondiaux 2013, où elle aurait dû défendre son titre sur 200 m.