Impressionnant d'aisance pour son premier marathon, l'Éthiopien Kenenisa Bekele a pris rendez-vous avec le record du monde en remportant dimanche l'exigeant marathon de Paris avec à la clé le record de l'épreuve en 2 h 5 min 4 s, une énorme performance.

«Je suis satisfait, j'ai fait le temps que j'attendais», a sobrement commenté celui qui est incontestablement l'un des plus grands fondeurs de l'histoire.

Triple champion olympique, quintuple champion du monde sur 5000 et 10 000 m, Bekele vient de réussir avec brio son examen de passage sur la plus mythique des distances.

À 31 ans, Bekele peut s'enorgueillir d'avoir réussi sur la route de meilleurs débuts que l'empereur Haile Gebreselassie, qui avait terminé 3e de son premier marathon (2 h 6 : 35) à Londres en 2002, sur un parcours pourtant plus clément.

Dimanche, alors que la chaleur a progressivement obligé les organismes à fournir de plus amples efforts, Bekele a suivi à la lettre le plan de route établi.

Avec un semi-marathon atteint en 1 h 2 min 9 s, il était certes en deçà des plus ambitieux objectifs qu'il s'était fixés à cette étape de la course (1 h 1 : 40 demandé aux lièvres).

Crampe à 10 km de l'arrivée 

Alors, à 15 km, Bekele a pris son destin en main, faisant exploser le petit groupe de neuf coureurs qui l'accompagnaient encore.

Deux bornes de plus, et il distançait également son compatriote Tamirat Tola, le dernier qui lui tenait tête.

Avec un rythme de 2 min 50 s au kilomètre, Bekele se rapprochait alors d'une victoire en 2 heures 04 minutes.

Mais l'Éthiopien allait finalement baisser pavillon dans les derniers kilomètres, victime d'une crampe aux ischio-jambiers à 10 km de l'arrivée.

«J'ai dû ralentir le rythme, c'était vraiment dur. J'aurais sans doute fait autour de 2 h 4 si je n'avais pas eu ça», a expliqué l'athlète.

«À 5 km de l'arrivée, mon ischio s'est de nouveau détendu et j'ai pu accélérer. Je pense que dans le futur je ferai mieux, c'est très positif», a-t-il estimé.

Voilà donc Kenenisa Bekele pleinement compétitif sur les épreuves sur route, après son succès sur le semi-marathon de Newcastle à l'automne dernier.

Duels à venir avec Farah 

Les prochaines années de la discipline s'annoncent exceptionnelles, avec également l'arrivée programmée du Britannique Mo Farah, qui a succédé à Bekele au panthéon des fondeurs (doublé olympique et doublé mondial sur 5000 et 10 000 m en 2012 et 2013).

Mo Farah, justement, fera lui ses grands débuts sur la distance reine dimanche prochain avec le marathon de Londres. Il sera intéressant de voir ce que Farah sera capable de faire, au milieu d'un plateau beaucoup plus relevé que celui de Paris où Bekele, finalement, a dû courir presque seul.

Derrière Bekele, son compatriote Limenih Getachew (2 h 6 : 49) et le Kényan Luka Kanda (2:08:02) complètent le podium, à bonne distance.

Chez les femmes, la victoire est revenue à la Kényane Flomena Cheyech (2 h 22 : 44) devant les deux Éthiopiennes Yebrgual Melese (2 h 26 : 21) et Ahmed Zemzem (2 h : 29:35).