Défait à Rome, rayonnant dans le froid à Oslo : Usain Bolt a terminé jeudi sur un excellent demi-tour de piste sa mini-tournée européenne, avant de regagner la Jamaïque pour les sélections nationales (21-23 juin), au cours desquelles la superstar de l'athlétisme devra mater l'ennemi intérieur.

Une défaite sur 100 m face à l'Américain Justin Gatlin, une victoire sans concurrence sur 200 m. Vu ainsi, le premier passage de Bolt en Europe cette saison ne laissera pas de souvenirs impérissables.

Heureusement, ses 19 sec 79/100 sur le 200 m d'Oslo ont eu le mérite de lever les interrogations nées la semaine précédente en Italie.

Bolt va bien, merci pour lui. «Je me sens plutôt en bonne forme», a expliqué le Jamaïcain, qui reconnaît aussi avoir pris un peu de retard dans sa préparation à cause d'une blessure aux ischio-jambiers en tout début de saison.

Le sextuple champion olympique n'envisage pas pour autant de revoir ses ambitions à la baisse. En premier lieu, il y a les titres.

«J'ai les yeux rivés sur les trophées», a-t-il martelé avec un regard d'acier à plusieurs reprises. «Année après année, les gens viennent et veulent me battre. Si on me bat, je retourne à l'entraînement. Chaque année, pratiquement, je perds une course par saison. Mais au moment des grands Championnats, c'est là que ça compte, j'ai toujours répondu présent», assène Bolt.

Le Jamaïcain a toutefois un affront à laver en août à Moscou (10-18 août). Depuis deux ans et son faux départ de Daegu, Bolt est en effet l'homme le plus rapide du monde... mais il n'est plus le champion du monde en titre du 100 m, la discipline reine.

Les sélections jamaïcaines vont à ce titre apporter quelques éclaircissements. Le 100 et le 200 m de Kingston offriront la première vraie confrontation de la saison entre les deux meilleurs sprinteurs de la planète, Bolt et son partenaire d'entraînement Yohan Blake, sacré à Daegu.

Même si Blake ne sera probablement pas au même niveau que l'an passé (il vient de faire sa rentrée sur 200 m en 20.72 seulement, après s'être blessé à la cuisse droite en avril), la façon dont Bolt saura - sauf surprise - mater la concurrence sera révélatrice de sa capacité à aller plus vite cette saison.

Bolt s'est aussi fixé d'autres objectifs cette année: battre ses propres records du monde des 100 et 200 m (9.58, 19.19), qui commencent à dater (Mondiaux-2009 à Berlin).

«Ma blessure de début de saison m'a fait prendre du retard. On verra après Paris (le 6 juillet, sur 200 m) où j'en suis et on travaillera alors ce qu'il faut», a indiqué Bolt.

Les prochaines semaines, avec des températures plus clémentes, devraient donc offrir à Bolt l'occasion de courir plus vite, et de confirmer si besoin était que le Jamaïcain évolue un cran au-dessus des autres.

À titre de comparaison, dans toute l'histoire de l'athlétisme, seuls 12 athlètes ont couru plus vite que Bolt jeudi sur 200 m, malgré le froid qui touchait Oslo...