L'émigration des athlètes de pointe vers les centres d'entraînement nationaux ou aux États-Unis n'est pas exclusive au Québec, plaide le directeur général de la Fédération québécoise d'athlétisme (FQA). Laurent Godbout aimerait néanmoins renverser la tendance.

«C'est frustrant pour nos entraîneurs, nos clubs, aussi comme dirigeant, a dit Godbout. Il faut en être conscients, prendre le miroir et le tourner vers nous, regarder ce qu'on peut faire pour rectifier la situation. Pour que nos athlètes aient confiance dans la possibilité d'accéder à des ressources de haut niveau ici.»

C'est aussi le souhait de Martin Goulet, chef de la direction technique nationale à Athlétisme Canada, qui a invité son homologue à organiser une rencontre informelle avec des entraîneurs québécois.

En poste depuis un an, Godbout aimerait que les athlètes de pointe communiquent davantage avec la FQA plutôt que de la considérer comme une simple pourvoyeuse de chèques ou un centre d'information fiscale. «J'aimerais m'impliquer dans le cheminement de l'athlète», résume-t-il.

Dans le cas de Kimberly Hyacinthe, qu'il a rencontrée pendant quelques heures au début du mois, il a été placé devant le fait accompli. Avant que la sprinteuse ne décide de déménager à Toronto, il aurait aimé pouvoir lui proposer des solutions de rechange, comme les universités Laval ou de Sherbrooke.

Avec ses généreux programmes de financement (gouvernement, Fondation de l'athlète d'excellence, Alliance sport-études, etc.) et les services médicaux et thérapeutiques offerts dans le cadre du nouvel Institut national du sport, le Québec a ses avantages, fait valoir Godbout. Mais Hyacinthe cherchait avant tout un groupe d'entraînement mieux adapté à son niveau, ce qu'elle retrouvera à Toronto, concède le directeur général: «Je peux l'avouer, on est un peu impuissant devant ça.» Le défi sera de conserver une masse critique d'athlètes au Québec au cours des prochaines années.