Mont-Tremblant va devenir cette année la première ville québécoise à accueillir une étape de la prestigieuse série mondiale d'Ironman. L'épreuve reine du triathlon d'endurance aura lieu au mois d'août. Mais d'ici là, 2500 athlètes vont participer au demi-Ironman aujourd'hui dans les Laurentides. Portrait en cinq temps d'une discipline qui a le vent dans les voiles.

Le demi-Ironman! Pardon?

L'Ironman tire sa source du triathlon. L'épreuve qui marie la nage, la course et le vélo est née dans les années 1970 avant de faire son entrée aux Jeux olympiques en 2000. Le triathlon «classique» implique 1,5 km de nage, 40 km de vélo et 10 km de course. Un membre de la marine américaine fou d'entraînement a eu l'idée d'en faire une version extrême. Elle a eu lieu pour la première fois en 1978 à Hawaï et a pris le nom d'Ironman: 3,86 km de nage (2,4 miles), 180,25 km de vélo (112 miles) et un marathon pour finir (42,2 km). L'épreuve a connu un succès monstre au fil des ans et le demi-Ironman est né dans son sillon. Il représente la voie médiane entre le triathlon olympique et l'Ironman complet.

Une série mondiale

Devant la popularité grandissante du sport, des Américains ont créé en 1991 la World Triathlon Corporation (WTC). L'entreprise organise aujourd'hui 28 Ironman et une cinquantaine de demi-Ironman qui font partie d'un championnat mondial: un bon résultat lors de ces courses permet d'amasser des points pour participer au Championnat du monde d'Ironman et de demi-Ironman. Mont-Tremblant devient cette année la première étape québécoise dans cette série, avec son demi qui a lieu demain et l'Ironman complet au mois d'août.

Des amateurs et des pros

Mais ces triathlons gonflés à bloc n'attirent pas que des athlètes professionnels. Loin de là. La grande majorité est en fait composée d'amateurs qui pratiquent ce sport comme un hobby... intense. La triathlète Magali Tisseyre sera l'une des professionnelles présentes à Tremblant et elle espère d'ailleurs l'emporter chez les femmes (voir autre texte). «Dans la plupart des courses auxquelles je participe il y a beaucoup de compétitrices internationales et c'est très relevé, explique la Québécoise. Mais à Tremblant, il devrait y en avoir un peu moins vu qu'il s'agit de la première édition. Ce sera un peu plus accessible et j'espère en profiter.»

Une popularité croissante

Il est difficile de quantifier la croissance du sport. On sait que le nombre de triathlons aux États-Unis a triplé dans les sept dernières années. Quelque 2,3 millions d'Américains ont participé à au moins un triathlon en 2010; une hausse de 55% en un an. Cette explosion du triathlon est en grande partie expliquée par l'arrivée du sport aux Jeux olympiques de Sydney, en 2000. Les disciplines de l'Ironman ont donc normalement bénéficié de ce boom.

Des retombées économiques?

Les 2500 athlètes attendus demain à Mont-Tremblant viendront en grande partie du Québec (982) et de l'Ontario (665), mais aussi des quatre coins du monde. Bahreïn, Australie, Danemark, Guatemala... En ajoutant l'Ironman du mois d'août, les organisateurs évaluent les retombées économiques à 20 millions pour la région. Mais l'arrivée de l'épreuve dans les Laurentides pourrait aussi profiter aux nombreuses disciplines de l'endurance, croit Magali Tisseyre. «Le parcours a été tracé sur le sol en permanence, on a installé des indicateurs en bord de route, note-t-elle. L'événement a pris ses marques. Je pense que ça peut ouvrir la voie aux athlètes de longue distance au Québec.» Elle fait valoir que plusieurs athlètes amateurs vont être attirés dans la région pour s'entraîner en vue de l'événement. «Juste dans les derniers jours, j'ai vu des tonnes de cyclistes sur le parcours, dit-elle. C'est impressionnant!»

Magali Tisseyre rêve d'une victoire «à la maison»

Magali Tisseyre a remporté son lot de demi-Ironman au cours de sa carrière. Elle a même fini deux fois troisième lors du championnat du monde annuel qui couronne les meilleures de la discipline. Mais demain, à Mont-Tremblant, la Québécoise de 30 ans vise une victoire unique : un sacre devant les siens, à la maison.

« Ça fait un mois que je suis revenue au Québec et je m'entraîne sur le circuit de Tremblant pour me préparer, explique Tisseyre au bout du fil. C'est sûrement l'une des plus belles courses du circuit. C'est un événement qui va grandir et connaître du succès, et j'aimerais beaucoup remporter cette première édition, chez moi! »

Une victoire à ce premier demi-Ironman de Mont-Tremblant serait un bon coup de pouce pour sa saison. Mais cet exploit représenterait surtout un baume après une année 2011 difficile. Fin 2010, Magali Tisseyre quittait son entraîneur de toujours pour rejoindre Siri Lindley, une coach américaine réputée qui a aidé Mirinda Carfrae à remporter un championnat du monde Ironman. Tisseyre, qui avait quitté le Québec pour la Colombie-Britannique, devait maintenant partir vivre en Californie.

Ces changements n'ont pas livré les résultats escomptés. Troisième au championnat du monde de demi-Ironman en 2009 et 2010, Tisseyre visait la première place en 2011. Elle a finalement dû abandonner durant la course pour cause de méforme.

Elle a depuis remis le compteur à zéro. Elle a rompu avec Siri Lindley et a renoué avec son ancien entraîneur, Lance Watson. Tisseyre veut maintenant passer plus de temps au Québec et vise encore une fois les championnats du monde de demi qui auront lieu en septembre à Las Vegas.

« J'ai eu des victoires et des podiums l'année dernière, mais je n'ai pas fait le résultat escompté aux championnats du monde, tranche-t-elle. J'ai l'impression que mon ancienne entraîneure n'a jamais été capable de me faire parvenir à mon niveau physique optimal. »

Un parcours qui lui sied bien

Magali Tisseyre pense pouvoir bien faire à Tremblant. Moins forte en nage, elle excelle dans les secteurs pentus. « C'est un parcours qui va me convenir. J'aime quand il y a des cotes pour le vélo et la course à pied. Ce circuit n'est jamais tout à fait plat, il est vallonneux, décrit-elle. À la fin ça grimpe pas mal et ça pourrait m'avantager face à des filles aux cuisses fatiguées... »

Spécialisée exclusivement dans la distance du demi, la triathlète va faire le saut en Ironman dès l'année prochaine. Perfectionniste, elle veut d'abord récolter un bon résultat aux championnats du monde. Elle a d'ailleurs repoussé cette étape importante de sa carrière l'année dernière après sa contre-performance à Las Vegas.

« J'ai déjà eu deux bons résultats aux championnats du monde, mais j'aimerais le gagner avant de passer à l'Ironman, dit-elle. C'est comme ça que je me suis imaginé mon cheminement, en tout cas! »