Dimanche dernier, nous vous demandions quel était l’évènement sportif qui vous avait fait pleurer, de tristesse ou de joie. Voici quelques-unes des excellentes réponses que nous avons reçues.

La fermeture du vieux Forum, sans le moindre doute, avec ce vieux monsieur très digne et très seul au centre de la glace, en train de recevoir tout l’amour d’une foule qui ne l’avait jamais vu jouer. Le frisson collectif était palpable, c’était une ovation qui refusait de s’éteindre, qui traduisait la fierté de tout un peuple pour ce porte-étendard de la nation. Héros malgré lui, humble et ému, le premier Québécois sans doute à être reconnu universellement par son seul prénom, Maurice absorbait toute cette déferlante le plus stoïquement possible, en balayant du regard l’amphithéâtre, son théâtre… Personne n’aurait pu résister face à cette bombe d’amour larguée spontanément, et Maurice lui-même fut envahi par les larmes quand ses défenses ont fini par céder, après d’interminables minutes de vaine résistance. Pas un œil sec dans la place. Avoir ainsi la chance de saluer un grand homme de son vivant est assez rare. Quel destin fabuleux !

François Robillard

PHOTO BERNARD BRAULT, ARCHIVES LA PRESSE

La patineuse artistique Joannie Rochette sur le podium aux Jeux olympiques de Vancouver en 2010

Quoi de plus émouvant que la performance de Joannie Rochette aux Jeux olympiques de 2010 à Vancouver ? Comment a-t-elle pu offrir une telle performance et monter sur le podium seulement 48 heures après le décès tragique de sa mère ? Je n’ai pas regretté d’avoir attendu si tard en soirée pour assister à cet évènement en direct.

Denis Laroche

PHOTO TIRÉE DU SITE DE LA LNH

Saku Koivu lors de son retour au jeu après avoir combattu un cancer, le 9 avril 2002

Le tout premier évènement qui m’est venu en tête en lisant votre question est le retour de Saku Koivu : l’ovation bouleversante qu’il a reçue tout comme le regard admiratif et ému de tous les joueurs et entraîneurs des deux équipes ainsi que celui des arbitres. Ouf !

Pierre Perreault

PHOTO MARTIN TREMBLAY, ARCHIVES LA PRESSE

Claude Raymond et Brad Wilkerson lors du dernier match des Expos à Montréal, le 29 septembre 2004

Bonsoir, ils sont partis ! Vingt ans plus tard, le pincement au cœur est toujours présent. Le dernier match des Expos au Stade olympique en 2004 m’a réellement remué. Après le retrait final, je suis resté figé devant ma télé et j’ai versé quelques larmes en entendant le discours émouvant de Claude Raymond. Comme des milliers de Québécois, j’ai profondément aimé cette équipe souvent négligée, rarement chanceuse, toujours excitante. Trois prises et la partie était jouée : la vente honteuse de Gary Carter en 1984, la grève stupide et inutile de 1994 et la tutelle insultante qui devait mener au déménagement en 2004. Les Expos sont morts et ne reviendront jamais. J’en veux encore au Baseball majeur pour ces 20 étés volés.

Benoit Huberdeau

PHOTO KIN CHEUNG, ARCHIVES ASSOCIATED PRESS

Roger Federer en larmes après le dernier match de sa carrière, le 23 septembre 2022, avec Rafael Nadal

Lorsque Roger Federer a pris sa retraite et qu’il pleurait lors de son discours d’adieu, et que Rafa pleurait aussi. Comment ne pas pleurer également ? Je pourrais le réécouter 100 fois et chaque fois je pleurerais (je viens de le faire et oui, j’ai encore pleuré).

Francine Brisebois

PHOTO TIRÉE DU SITE DE LA LNH

Raymond Bourque et Joe Sakic avec la Coupe Stanley en 2001

L’évènement sportif qui m’a le plus ému a été de voir Raymond Bourque soulever la Coupe Stanley en 2001. Des larmes de joie bien sûr, puisque ce n’était que justice pour ce grand joueur, mais aussi de déception : il aurait dû vivre ce moment à Boston. Mais au bout du compte, un moment de grâce pour les fans de l’Avalanche et de Bourque !

Karine Prémont

PHOTO BERNARD BRAULT, ARCHIVES LA PRESSE

Gilles Villeneuve avec sa femme Joann sur le podium du Grand Prix du Canada en 1978

Cela ne me rajeunit pas, mais la mort tragique de Gilles Villeneuve, au sommet de son art, dépasse en désolation tout ce que j’ai pu voir par la suite. Ce fut un homme d’exception par son authenticité et son engagement total dans tout ce qu’il entreprenait. Accessible, loyal, juste et pugnace, il avait des qualités chevaleresques. Son talent, son courage et sa facilité à communiquer auront fini de construire sa légende. Les anecdotes ne manquent pas pour illustrer le respect et l’amour qu’on lui portait dans le milieu. Il n’hésita pas à sacrifier jusqu’à sa maison pour pouvoir piloter et prit tous les risques imaginables pour arriver à performer. Tant pour les experts que pour les amateurs qui l’auront vu sur la piste, il restera à jamais une des rares icônes du sport automobile.

Jean Gaudette

PHOTO BERNARD BRAULT, ARCHIVES LA PRESSE

Alexandre Bilodeau a remporté l’or en bosses aux Jeux olympiques de 2010 à Vancouver.

Les Jeux olympiques d’hiver tenus à Vancouver en 2010 m’ont tiré des tonneaux de larmes. Mon mari de toujours était alors aux soins intensifs et j’avais les nerfs à vif. Alors le but de Sidney Crosby en prolongation donnant la médaille d’or au Canada contre les États-Unis, la médaille d’or remportée par l’équipe canadienne féminine de hockey face aux Américaines ainsi que la médaille d’or d’Alexandre Bilodeau en ski de bosses (quelle descente !), la toute première obtenue par un Canadien sur le sol canadien tous sports confondus, et ce, sous les yeux de son frère aîné atteint de paralysie cérébrale et transporté de joie. Ces moments, jamais je ne les oublierai. Je les ai tellement pleurés. Dans ma douleur, de véritables baumes. Merci, le sport !

Lucie St-Arneault

PHOTO ANNE-CHRISTINE POUJOULAT, ARCHIVES AGENCE FRANCE-PRESSE

Le cycliste québécois Hugo Houle lors de sa victoire d’étape au Tour de France, le 19 juillet 2022

Le 19 juillet 2022, le Québécois Hugo Houle m’a fait craquer. Je n’ai pu retenir mes larmes devant cet exploit hors du commun. Il faut savoir que le Tour de France est une des épreuves sportives les plus exigeantes pour un athlète. Hugo Houle a gagné une étape dans les exigeantes Pyrénées, devenant seulement le deuxième Canadien à réaliser cet exploit. Encore plus extraordinaire, c’est sa réaction lorsque sa victoire est devenue évidente qui m’a le plus bouleversé. Il a saisi la croix qu’il porte à son cou et, en larmes, il a pointé le ciel en dédiant sa victoire à son frère Pierrick, mort quelques années plutôt, victime d’un chauffard. Ce jour-là, un athlète de chez nous a fait vibrer la planète cycliste au complet.

Claude Crepeau

PHOTO FOURNIE PAR LUCIE TREMBLAY

Pierre-Olivier Breault (au centre) et sa mère Lucie Tremblay avec la Coupe Grey

Deux évènements resteront gravés dans ma mémoire. En 2014, l’Université de Montréal accueillait le match de la Coupe Vanier (football universitaire) pour la première fois de son histoire. Les Carabins ont enfin battu leurs rivaux de Québec et se sont rendus au match ultime non sans difficulté. À l’automne 2023, après une saison en dents de scie, les Alouettes de Montréal ont aussi gagné les grands honneurs, mais tout cela, vous le savez ! Ce qui m’a arraché des larmes de bonheur et d’émotion, c’est que mon fils faisait partie de l’équipe des Carabins en 2014 et est aujourd’hui le préparateur physique des Alouettes. Les efforts d’un jeune étudiant qui n’aimait pas tant l’école, mais que le football a amené à obtenir une maîtrise et à gagner sa vie aujourd’hui dans un sport qu’il aime. L’émotion vient souvent avec ce qui nous lie à l’évènement et dans ces deux victoires (Carabins et Alouettes), outre mon fils, je connais l’histoire de plusieurs de ces joueurs et entraîneurs qui se sont dépassés.

Lucie Tremblay, mère de Pierre-Olivier Breault