Les musiciens de l’Orchestre symphonique de Montréal troqueront leurs beaux habits pour les chandails du Canadien, des Alouettes et du CF Montréal lors du concert Sportissimo !, du 4 au 8 février prochain. Le chef Adam Johnson invite d’ailleurs les membres du public à porter les couleurs de leur équipe préférée, alors que l’OSM mettra en lumière les liens entre la haute performance musicale et sportive.

La relation entre l’OSM et le milieu sportif ne date pas d’hier. Le 2 avril 2009, l’orchestre a célébré les 100 ans du Canadien au Centre Bell. Trois ans plus tôt, il présentait un concert caritatif au stade Percival-Molson, à l’invitation des Alouettes.

Il s’est aussi inspiré de la traversée de l’Atlantique en solitaire de Mylène Paquette pour élaborer un concert. Sans oublier le match de baseball amical disputé entre les musiciens et certains joueurs des Expos en 1986.

À moins de six mois des Jeux olympiques d’été de Paris (26 juillet au 11 août 2024), l’orchestre invite les mélomanes à découvrir la haute performance physique des… musiciens.

En effet, ces derniers doivent non seulement porter certains instruments très lourds (tuba, contrebasse, saxophone baryton, timbales, etc.) et adopter une bonne posture pour éviter des blessures, mais ils en imposent également beaucoup à leur corps en jouant à ce niveau.

« Comme les athlètes, les musiciens cherchent l’équilibre entre l’entraînement et le repos pour ne pas pousser leurs muscles et leurs tendons au point d’avoir une tendinite, explique Adam Johnson. Par exemple, un premier violoniste à l’OSM a des milliers de notes à jouer à chaque concert, et il monte sur scène chaque semaine. »

Tout jeune, le chef traçait déjà des parallèles entre le sport et la musique en assistant à son premier concert symphonique.

« J’étais un athlète de ski alpin, je me passionnais pour les sports et quand j’ai entendu la 5e Symphonie de Beethoven, j’ai reconnu un aspect physique dans la vitesse et dans la virtuosité de la musique, en plus d’être impressionné par la synchronicité des coups d’archet. Ça m’avait beaucoup attiré vers le monde classique. »

Marier musique et sport

Encore aujourd’hui, le maestro utilise la musique pour motiver ses enjambées. « Certaines symphonies majestueuses donnent beaucoup d’énergie. Quand je fais du ski en montagne, c’est à la fois un exercice et une activité de contemplation. Je trouve que la musique classique marie elle aussi le mouvement et la beauté. »

Il ajoute que le grand public est bien plus exposé qu’il ne l’imagine à la musique symphonique. Outre la présence des hymnes nationaux durant les évènements sportifs, il est impossible de ne pas penser à l’orgue au hockey.

Ça fait partie de la personnalité du sport. D’ailleurs, on commence notre concert avec un solo à l’orgue.

Adam Johnson

Le concert Sportissimo ! s’ouvrira avec la version pour orgue de Citius, Altius, Fortius que le compositeur Maxime Goulet avait créée en version orchestrale pour célébrer la tenue des Jeux olympiques à Vancouver en 2010. « C’est une musique pleine d’énergie qui vise le dépassement de soi », affirme Adam Johnson.

On pourra également entendre un extrait de Javelin, une pièce commandée au compositeur Michael Torke en prévision de la cérémonie d’ouverture des Jeux d’Atlanta de 1996. « Nous allons la jouer en projetant une vidéo de planche à neige que l’athlète autochtone Liam Gill avait d’abord créée avec de la musique hip-hop. »

Dans le répertoire de la soirée, on remarque également une œuvre du grand John Williams (Star Wars, Indiana Jones, Home Alone), Olympic Fanfare and Theme, qu’il avait composée pour les Jeux de Los Angeles en 1984. Une pièce de Joseph Bologne, compositeur et champion d’escrime. Et un amalgame de musiques et de sons de basketball qui illustreront la fébrilité des deux dernières minutes d’une partie.

Toutes ces créations seront dirigées par Adam Johnson, à qui revient la responsabilité de faire briller les solistes, en évitant l’équivalent des « mangeux de puck » au hockey.

« Avec 80 musiciens sur scène, mon travail est de tout balancer pour que les musiciens qui ont un rôle plus important en matière de mélodie soient bien entendus, pendant que les autres jouent l’accompagnement, afin que la musique soit bien comprise. Si tout le monde joue sa partie comme si c’était la plus importante, ça ne donnera pas un résultat harmonieux. »

S’entraînant depuis des décennies, tous les musiciens possèdent le talent pour briller en solo et l’écoute pour propulser l’orchestre. « C’est très important quand on joue en équipe de savoir écouter et de comprendre notre place par rapport aux autres, dit Johnson. Comme dans une formation sportive. »

Le concert Sportissimo ! du 4 février est offert au grand public, alors que les représentations du 5 au 8 février sont réservées à des groupes scolaires.

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