La rubrique où les journalistes de l’équipe des Sports répondent à une question dans le plaisir

Mathias Brunet

Rien ne m’horripile plus qu’un analyste qui vous répète ce que vous venez de voir à l’écran. Je m’attends d’un analyste qu’il apporte une valeur ajoutée à ce qui vient de se dérouler sous nos yeux. Qu’il remonte à la source pour nous expliquer la naissance de l’action. Qu’il m’apporte des informations inédites sur les athlètes, même s’il s’agit d’une tranche de vie sympathique qui n’est pas liée au sport. J’ai aussi les oreilles sensibles au massacre du français, aux trop nombreux anglicismes qui pullulent dans notre milieu, comme les expressions « performer », « se présenter », « prendre » un lancer. Marc Denis a jeté une brise d’air frais à son arrivée sur les ondes de RDS il y a une dizaine d’années. Timbre de voix impeccable, justesse de l’analyse, français à point, on sent derrière ses propos tout le travail de préparation. On le tient presque pour acquis tellement il fait partie de notre paysage quotidien et tant on n’a rien à lui reprocher. Cet ancien gardien de la Ligue nationale de hockey offre non seulement des analyses de qualité, mais je ne me souviens pas d’un seul mauvais soir de sa part. Quand viendra le temps de le situer dans une perspective plus large, depuis le début de la présentation des matchs du Canadien à la radio et au petit écran au fil des décennies, il faudra se demander s’il y en a eu un meilleur.

Jean-François Tremblay

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, ARCHIVES LA PRESSE

Pierre Vercheval

En guise d’introduction, comprenez-moi bien, le Québec regorge de commentateurs et d’analystes de talent. Le premier étant évidemment Pierre Houde, dont la voix et la qualité de l’analyse bercent nos soirées depuis si longtemps. Mais je choisis Pierre Vercheval pour une raison très précise : il se bat contre ce qui se fait de mieux au monde en termes de diffusion télé sportive. Pierre Vercheval, mais également toute l’équipe qui l’accompagne, de Matthieu Proulx à David Arsenault en passant par Bruno Heppell, Danny Desriveaux ou Didier Orméjuste, doit convaincre les téléspectateurs de ne pas regarder la NFL en anglais. C’est un mandat exceptionnellement ambitieux. Vous imaginez le niveau d’excellence nécessaire pour s’opposer à la diffusion de la NFL ? Pour convaincre le public du Québec de syntoniser le football en français quand l’option anglaise est à deux clics de télécommande ? C’est mission accomplie, semaine après semaine, et c’est tout à l’honneur de probablement l’une des meilleures équipes de diffusion de l’histoire sportive québécoise.

Nicholas Richard

PHOTO IVANOH DEMERS, ARCHIVES LA PRESSE

Richard Garneau

J’ai toujours eu un faible pour les commentateurs/analystes/journalistes polyvalents. En tête de liste figure Richard Garneau. Il est pour moi le plus grand, toutes catégories confondues, dans la riche histoire du petit écran sportif québécois. J’ai regardé M. Garneau en toute fin de carrière, mais tout de même, sa polyvalence, sa classe, son niveau du langage, son souci du mot juste, sa capacité d’émerveillement et son amour profond pour les athlètes m’ont toujours inspiré. C’est aussi en partie grâce à lui que j’ai développé une passion pour l’olympisme. Malheureusement, M. Garneau nous a quittés en 2013. Et lorsque je regarde le portrait médiatique actuel, son digne successeur se trouve chez TVA Sports. À mon avis, Denis Casavant est sans égal. Même s’il n’est pas suffisamment mis de l’avant à mon goût, M. Casavant peut tout faire. Du hockey au baseball en passant par le football. J’adore de son travail la justesse de ses descriptions, son ton et son objectivité à tout rompre. Denis Casavant est actuellement le meilleur descripteur au Québec.

Alexandre Pratt

PHOTO FRANÇOIS ROY, ARCHIVES LA PRESSE

Marc Griffin

Je voue le plus grand des respects aux généralistes comme Denis Casavant, Pierre Houde et Frédéric Lord, capables de décrire jusqu’à trois sports différents au cours d’une même saison. Ça exige un gros travail de préparation. Du talent, aussi. Donnez une journée à Denis, et je suis convaincu qu’il peut faire tout le tournoi olympique de taekwondo. Sinon, j’adore Alain Usereau et Marc Griffin au baseball à RDS. Ils comblent les attentes du nerd de balle que je suis. Le moment le plus satisfaisant ? Quand Marc déplore le conservatisme d’un gérant – « pourquoi retient-il son coureur au premier but ? » –, et que le double jeu suivant lui donne raison.

Jean-François Téotonio

Peter Drury. L’Anglais est un véritable poète devant son micro, les yeux rivés sur les plus grands matchs de soccer au monde. Je manque de doigts – et surtout, d’espace – pour énumérer ses meilleures descriptions de buts. Il y a eu l’Afrique du Sud, à la Coupe du monde de 2010 : « Un but de l’Afrique du Sud ! Un but pour toute l’Afrique ! » Ou plus récemment, à la victoire de l’Argentine au Qatar, en 2022 : « Messi a serré la main du paradis… » Mais le moment le plus mémorable de l’illustre carrière de Drury, jusqu’à présent, c’est lorsqu’il a décrit le but du Grec Kostas Manolas pour l’AS Rome, au terme d’une irrésistible remontée contre le FC Barcelone, dans le cadre de la Ligue des champions de 2018. « Roma have risen from their ruins ! Manolas, the Greek God in Rome ! The unthinkable unfolds before our eyes ! This was not meant to happen. This could not happen. This is happening. […] It’s a Greek from Mount Olympus who has come to the seven hills of Rome and pulled off a miracle ! » Traduction : « Rome renaît de ses ruines ! Manolas, le dieu grec à Rome ! L’impossible se produit devant nos yeux. Ça ne devait pas se dérouler ainsi. Ça ne pouvait pas se dérouler ainsi. Ça se déroule ainsi. C’est un Grec, du mont Olympe, qui descend des sept collines de Rome pour réaliser un miracle ! » Et cela, sans y avoir pensé au préalable. Du génie. Chaque fois que j’entends sa voix en surimposition sur un match, je monte le son. Parce qu’avec Peter Drury, une simple remise en touche peut donner des frissons.

Voyez la description par Peter Drury du but en question

Richard Labbé

Lors de mon (très) bref passage sur le beat des Expos, à l’été 1999, j’avais très hâte de débarquer dans le vestiaire de l’autre équipe, n’importe laquelle. La raison ? J’avais entendu entre les branches que certaines vedettes du baseball majeur avaient pris l’habitude de mettre les télés du vestiaire sur les ondes de RDS dans le but de regarder des épisodes du Défi mini-putt… et aussi pour entendre les descriptions endiablées de Serge Vleminckx. Ça vous donne une idée. Le mini-putt n’allait jamais devenir aussi gros que le hockey ou le football, mais dans la bouche du bon Serge, le moindre coup roulé de deux pieds devenait aussi important qu’un septième match de finale de la Coupe Stanley. Au fil du temps, ces épisodes sont devenus des classiques partagés sur YouTube, et les meilleures phrases de l’émission (« As-tu vu ses yeux ? Maurice Richard ! ») sont maintenant préservées avec soin dans notre mémoire collective. Y a-t-il eu un descripteur qui a tant marqué une province en entier en aussi peu de temps ? Je ne crois pas.

Voyez la description endiablée par Serge Vleminckx

Appel à tous

Et vous, qui est votre commentateur ou analyste de sports favori à la télévision ou à la radio ?

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