« Actuellement, avec les nombreux jeunes qui jouent [à des jeux d’argent] en ligne, je n’aime tout simplement pas la voie dans laquelle nous nous engageons comme société. »

Karl Subban, père de P.K., Malcolm et Jordan, était de passage au Salon du livre de Montréal ce week-end. Il a rencontré La Presse, vendredi. Au menu de cette agréable discussion dans le hall de son hôtel : son nouveau livre pour enfants, la retraite de son fils et… les jeux en ligne.

C’est que M. Subban est nouvellement membre du comité de la Campagne pour l’interdiction des publicités de paris sportifs et de casinos en ligne (BanAdsForGambling.ca), laquelle cherche à « influencer tous les [ordres] de gouvernement pour amener des changements au Canada ».

M. Subban ne s’est pas fait prier avant d’accepter l’invitation à se joindre au comité. En tant qu’ancien directeur d’école et père de cinq enfants, il a « passé toute [sa] vie à travailler avec des enfants pour les aider à atteindre leur plein potentiel », nous explique-t-il.

« Avant même qu’on me le demande, je savais que de plus en plus de jeunes s’adonnaient aux jeux [en ligne], et que cela peut constituer un obstacle à l’atteinte de leur plein potentiel en plus de causer de graves dommages. C’est addictif. »

Je pense que ça deviendra incontrôlable si on ne fait rien pour changer ça.

Karl Subban, au sujet des publicités de jeu en ligne

Ce n’est un secret pour personne que les publicités de paris sportifs et casinos en ligne se sont multipliées au cours des dernières années. D’autant que, de nos jours, l’accès aux plateformes est on ne peut plus facile pour quiconque possède un cellulaire.

Le comité dont fait partie M. Subban prend également position contre les joueurs, athlètes ou acteurs vedettes faisant la promotion des jeux en ligne. Wayne Gretzky, Connor McDavid et Auston Matthews, entre autres, sont de ceux qui sont déjà apparus dans des publicités de paris sportifs.

« Si tu regardes les jeunes qui admirent les superstars, ils se disent : “S’il peut le faire, alors je le peux, et si c’est bon pour lui, alors ce doit être bon pour moi.” [Ces vedettes] ont un grand pouvoir ; leur influence a un grand pouvoir. Nous devons apporter des changements avant que ça devienne hors de contrôle. »

PHOTO JOSIE DESMARAIS, LA PRESSE

Karl Subban

Bien sûr, ça ne se fera « pas du jour au lendemain », mais M. Subban a bon espoir de voir des changements s’opérer avec le temps. « Je sais que c’est une business et les business opèrent pour faire de l’argent. Mais parfois, ce n’est pas une question de business. C’est une question de gens. De jeunes gens. »

M. Subban ignore si P.K. a déjà été approché pour prendre part à ce genre de publicités. « Je l’aime, dit-il, et s’il le faisait, je n’aimerais pas l’idée qu’il fasse ça. Nous pouvons aimer nos enfants, mais nous n’avons pas à aimer tout ce qu’ils disent ou font. »

Ces raisons d’être fier

Parlant de P.K., voilà un an que l’ancien défenseur du Canadien est à la retraite. Il travaille aujourd’hui comme analyste hockey à temps plein au réseau ESPN.

« Est-ce que je le vois plus qu’avant ? Non, lâche Karl Subban. Je le voyais souvent à la télévision, mais maintenant, il occupe un rôle différent. […] Il est tellement occupé. »

PHOTO BERNARD BRAULT, ARCHIVES LA PRESSE

P.K. Subban dans l’uniforme du Canadien en 2016

Le sympathique père de famille aura eu le bonheur de voir évoluer son fils dans la plus grande ligue de hockey au monde pendant 12 saisons… et de le voir être repêché par le Canadien, son équipe d’enfance.

« Il m’a donné tellement de raisons d’être fier », glisse-t-il.

« Sais-tu de quoi je suis le plus fier ? […] Les gens pensent à P.K. qui a atteint la LNH. Oui, j’en suis fier, mais je suis plus fier du fait qu’il voulait travailler pour y arriver. Beaucoup de jeunes veulent atteindre un rêve, mais ne veulent pas payer le prix pour y arriver. Il a payé le prix et ça me réjouit énormément. »

M. Subban est fier, aussi, du travail de son fils dans la collectivité et de l’impact qu’il a eu. Il souligne également son passage réussi de la patinoire à la télévision. « Il donne l’impression que c’est si facile », dit-il.

Les patins de hockey

Karl Subban a publié en septembre son premier livre pour enfants, intitulé Les patins de hockey. L’Ontarien y raconte l’histoire d’un jeune P.K. qui, à l’approche de l’hiver, n’a toujours pas de patins à se mettre aux pieds et qui attend avec impatience que le facteur arrive avec la boîte tant attendue.

« Les gens me demandent si c’est une histoire vraie. Il y a tellement de choses à propos de ce livre qui sont vraies. »

Les patins de hockey est né de deux sources d’inspiration : l’une après que M. Subban a lu le même livre à sa petite-fille des dizaines de fois, l’autre à partir de l’expérience vécue avec ses enfants.

Je voulais écrire un livre qui inspirerait et qui motiverait les jeunes à lire encore, encore et encore. Parce que plus ils veulent lire, plus grandes seront leurs réussites à l’école.

Karl Subban

« Mes gars ont joué au hockey pendant de nombreuses années sans utiliser d’équipement neuf. C’était tout le temps de l’équipement usagé. La plupart des enfants commencent le sport avec des patins flambant neufs. Tout est neuf. [Mes enfants] ont dû attendre. Il y a quelque chose d’important dans le fait d’attendre, de retarder la gratification.

« Quand tu regardes l’histoire de P.K… Il a traversé tellement de moments de déception et il a quand même réussi. Il ne faut pas voir les déceptions comme quelque chose de mauvais pour toi. Il faut que tu les regardes comme quelque chose qui est bon pour toi. »

Les patins de hockey

Les patins de hockey

Petit Homme

32 pages