La rubrique où les journalistes de l’équipe des Sports répondent à une question dans le plaisir

Simon-Olivier Lorange

J’ai eu la chance d’assister, comme vulgaire spectateur, à des évènements forts en émotion. Le dernier match de la saison de l’Atlético de Madrid, en 2016, tout juste avant son départ pour la finale de la Ligue des champions. Un match de football au stade de l’Université du Tennessee, à Knoxville, au milieu de 100 000 fans habillés en orange. Un autre au Soldier Field, à Chicago, où jamais auparavant je n’avais vu des partisans aussi furieux contre leur propre club. Il n’empêche qu’à mon très humble avis, rien n’égale encore un match local du Canadien de Montréal en séries éliminatoires. Deux souvenirs me reviennent spontanément. Il y a le fameux match de 53 arrêts de Jaroslav Halak, en 2010. Mais encore davantage le match numéro 3 contre le Lightning de Tampa Bay, en 2004 : je n’ai encore, à ce jour, jamais été exposé à un niveau de décibels aussi élevé que lorsque Patrice Brisebois a donné l’avance 3-2 au Tricolore en fin de troisième période. C’était toutefois un tout petit peu plus silencieux lorsque les visiteurs ont égalé la marque puis gagné en prolongation.

Mathias Brunet

PHOTO PAUL SANCYA, ARCHIVES ASSOCIATED PRESS

Un match de football des Wolverines de l’Université du Michigan

L’ambiance à un match de séries éliminatoires au Centre Bell est difficile à battre. Les débuts de Didier Drogba dans l’uniforme de l’Impact de Montréal ont aussi plongé le stade Saputo dans une frénésie inégalée. Mais rien ne va surpasser l’ambiance vécue au stade de football Ann Arbor, dans le Michigan, pour les matchs des Wolverines contre les Nittany Lions de l’Université Penn State et les Cavaliers de l’Université Virginia, que j’ai couverts en 1994 pour suivre le parcours du porteur de ballon québécois Tshimanga Biakabutuka, un ancien de la polyvalente Jacques-Rousseau de Longueuil repêché au huitième rang au total dans la NFL. Je me souviens encore de cette réflexion, à quelques instants du début de la rencontre, en foulant la pelouse du stade avant de remonter sur la tribune de presse, avec plus de 106 000 spectateurs qui hurlent à tue-tête, et une fanfare presque aussi bruyante qui faisait presque vibrer mes vêtements. Je vivais le sentiment le plus fort de ma jeune carrière de journaliste. Une sensation jamais égalée.

Jean-François Tremblay

PHOTO GARY A. VASQUEZ, ARCHIVES USA TODAY SPORTS

Match des Golden Knights de Vegas lors des séries éliminatoires de 2021

J’ai visité plusieurs arénas de la LNH, plusieurs stades de football et de baseball, des stades de soccer. J’ai été très chanceux de pouvoir assister à du sport à tous ces endroits, j’en suis très conscient. Mais en toute franchise, rien n’égalera jamais le premier match de la finale de la Coupe Stanley à Las Vegas en 2018. Les Golden Knights étaient encore une équipe recrue, avec un public à conquérir, dans la capitale mondiale du spectacle. Vous pouvez imaginer l’effervescence. Un spectacle d’Imagine Dragons avant le match, un spectacle du Blue Man Group à l’entracte, du théâtre sur glace avec un chevalier – évidemment – doré, une foule survoltée. Ajoutez à cela une ville qui vibrait organiquement avec ses Golden Knights, malgré un programme chargé le long de la Strip. Je remercie encore le ciel que mes deux collègues affectés au hockey de l’époque, dont l’ancienneté écrasait la mienne, aient pris leurs vacances estivales à ce moment.

Richard Labbé

PHOTO TIRÉE DU SITE DES COLTS D’INDIANAPOLIS

Le RCA Dome, ancien domicile des Colts d’Indianapolis

Pas facile de répondre à ça, car les choix sont nombreux ; un match de football universitaire à Nebraska, par exemple, c’est quelque chose, tout comme c’était le cas naguère pour un match de soccer intérieur au Centre Molson. Mais la place où je ne m’entendais plus penser parce que ça criait tellement fort dans les gradins, c’était au stade des Colts à Indianapolis, pas le stade actuel mais le précédent, le RCA Dome, un vieux stade couvert qui pouvait vous rendre sourd pendant trois jours tellement le bruit y était assourdissant. En plus, Indianapolis n’est pas si grande, et quand les Colts y jouent un gros match, on a l’impression que c’est la ville en entier qui est dans le stade.

Nicholas Richard

PHOTO DOMINICK GRAVEL, ARCHIVES LA PRESSE

La foule à un match du Rocket de Laval en 2022

Ce n’est peut-être pas à l’international ou encore d’immense envergure, mais chaque match du Rocket de Laval demeure une expérience dont les amateurs de hockey québécois seraient fous de se passer. Prix modique, espaces de stationnement, que de bons billets, une ambiance familiale et une foule qui aime et qui connaît son équipe. On est loin des cravates et de la prétention du Centre Bell. J’ai souvenir encore du tout premier match du Rocket, en 2017, lorsque Guy Lafleur avait fait la mise en jeu protocolaire. Même mon père, grand fan des Bruins devant l’Éternel, était pris par l’émotion. Et que dire du but en prolongation de Rafaël Harvey-Pinard, en finale de l’Est, en 2022. J’ai cru que le métro allait tomber en panne tellement le sol a tremblé. Vive la couronne nord !

Guillaume Lefrançois

PHOTO FOURNIE PAR GUILLAUME LEFRANÇOIS

Notre journaliste Guillaume Lefrançois (avec le chandail noir à l’avant) avec des amateurs de lutte, dont le commentateur de TVA Sports Patric Laprade (à gauche) et le lutteur Kevin Steen, alias Kevin Owens (deuxième à partir de la gauche)

Les pancartes concoctées par les amateurs dans les spectacles de lutte sont toujours divertissantes. Mais certaines doivent être prises plus au sérieux que d’autres. C’était le cas le 11 juin 2006, au Hammerstein Ballroom, folklorique salle située à deux pas de l’Empire State Building à New York. À l’occasion du spectacle One Night Stand, un quidam était arrivé avec une inscription qui disait : « If Cena wins we riot ». Traduction : si John Cena gagne, nous faisons une émeute. Les combats ont beau être scénarisés, quiconque connaissait la culture de la lutte de cette époque savait qu’il y avait une réelle chance que ça explose. John Cena, aujourd’hui reconnu comme un des plus grands noms de l’histoire du catch, n’était pas encore pleinement accepté par les « purs et durs », contrairement à son rival ce soir-là, Rob Van Dam.

PHOTO FOURNIE PAR GUILLAUME LEFRANÇOIS

On ne saura jamais si la foule allait tenir parole, « faire une émeute », puisque John Cena a finalement perdu son combat.

Il faut aussi préciser que le Hammerstein Ballroom était un des lieux de prédilection de l’Extreme Championship Wrestling (ECW), une organisation qui a connu un certain succès dans les années 1990, en présentant des combats d’une violence impressionnante. Et le spectacle mettait en vedette de nombreux anciens piliers de l’ECW. C’était un peu l’équivalent de la tournée réunion de The Police. Effectivement, l’ambiance était de feu. La foule a rugi du début à la fin et tous les classiques y étaient, comme les spectateurs qui hurlaient « Balls » à chaque coup de poing donné par Balls Mahoney. Coup de cœur pour le Sandman, un type qui faisait son entrée à travers la foule, en s’éclatant des canettes de bière en plein front, au son d’Enter Sandman, bien sûr. Le combat n’était pas encore commencé qu’il saignait déjà du front. On ne saura jamais si la foule allait tenir parole, puisque John Cena a finalement perdu, renvoyant tout le monde heureux à la maison.

Appel à tous

Et vous, où avez-vous été témoin de la meilleure ambiance pour un évènement sportif ?

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