Il faut parfois savoir écouter la tête plutôt que le cœur. Maude Charron a accepté d’être « sage » et de voir à long terme plutôt qu’à court terme. Affligée par une blessure au genou, l’haltérophile ne participera pas aux Championnats du monde, la semaine prochaine.

La Rimouskoise compose avec une tendinite du quadriceps médial depuis quelques semaines déjà. Son équipe de soutien se demandait s’il était judicieux de participer aux Mondiaux, qui approchent à grands pas.

« C’est un peu moi qui n’osais pas mettre les points sur les i, les barres sur les t, a-t-elle expliqué par visioconférence, vendredi matin. Je voulais continuer de me laisser croire que je pouvais compétitionner aux Championnats du monde. »

Ultimement, elle a pensé à long terme plutôt qu’à court terme.

L’objectif est les Jeux de Paris l’année prochaine. Ce n’est pas les Championnats la semaine prochaine.

Maude Charron, à propos de son absence de la compétition aux Mondiaux d’haltérophilie de Riyad

Elle devra tout de même se rendre en Arabie saoudite la semaine prochaine, étant donné qu’il s’agit d’une compétition obligatoire pour être admissible aux Jeux olympiques de Paris. Elle fera la pesée, sera inscrite, mais ne compétitionnera pas. « C’est dur sur l’ego et la motivation d’y aller en sachant que je ne pourrai pas compétitionner », souligne l’athlète.

Charron est déjà en période de rééducation – « ça va mieux, je suis quand même capable de plus m’entraîner ces temps-ci », note-t-elle. Il lui est cependant impossible de savoir exactement quand elle sera entièrement rétablie.

« Un tendon, ce n’est pas comme un muscle. Ça va guérir à sa propre vitesse. […] Ça va de quatre à six semaines, ça peut prendre trois mois, ça peut prendre deux ans… On m’a même dit que ça peut prendre jusqu’à 500 jours pour qu’un tendon revienne à la normale. On y va au jour le jour avec ce que mon genou me permet de faire chaque jour à l’entraînement. »

PHOTO ALAIN ROBERGE, ARCHIVES LA PRESSE

Maude Charron de retour des Jeux de Tokyo et de passage à Montréal avec sa médaille d’or, en 2021

L’haltérophile demeure persuadée qu’elle pourra prendre part aux prochains Jeux panaméricains, en octobre. Sa priorité sera toutefois de participer à la compétition de qualification olympique qui a lieu en décembre, au Qatar.

« Pour le Qatar, c’est sûr à 100 % que je vais être guérie, ou du moins que tout sera sous contrôle. Je pourrai faire une belle préparation pour avoir un pic pour cette compétition-là. »

Changement de plan

Outre les conseils des médecins et des physiothérapeutes, différents facteurs ont facilité la décision. Notamment sa position confortable au classement mondial (5e). Pour s’assurer d’une participation aux Jeux de Paris, elle doit faire partie du top 10. C’est donc dire que six adversaires doivent la dépasser aux Mondiaux ; ça prendrait « des performances extraordinaires ».

« Peut-être que je vais être battue par une ou deux personnes, mais je vais rester dans le top 10. Il va me rester encore deux autres grosses compétitions pour améliorer ce classement-là. Ma place à Paris n’est pas nécessairement mise en jeu. »

Dans le cas où elle est devancée, elle pourra améliorer son score au Qatar.

Charron continue donc de s’entraîner, mais ses exercices ont été ajustés à son état.

« On travaille autour. On essaie d’améliorer surtout ma technique. Vu que je ne peux pas charger super lourd, c’est une occasion pour moi et mon entraîneur de nous concentrer plus sur la technique, de corriger de petits défauts techniques que j’avais. On pratique autre chose : la stabilité des épaules et tout. »

« Mais depuis une semaine à peu près, ça va vraiment mieux, précise-t-elle. Mon genou est sur une belle courbe de progression, on commence à charger un peu plus, on fait un peu plus de squats, mais mes physiothérapeutes continuent de me dire : relaxe, tranquillement, étape par étape, une marche à la fois pour ne pas recréer une espèce de crise inflammatoire. »

Le mot d’ordre est donc de donner à son tendon le temps dont il a besoin.

« Pour les Jeux de Tokyo, ç’a été la pandémie. Maintenant, ce sera une blessure au genou. Je ne connais pas d’athlète qui a eu une préparation parfaite pour une compétition, donc ça fait partie de la game. »