(New York) Pour avoir une longue et fructueuse carrière, il faut avoir la mémoire courte.

À la veille des Internationaux de tennis des États-Unis et au cœur de la saison la plus difficile de sa jeune carrière, Félix Auger-Aliassime semble avoir fait sienne cette philosophie, dont il s’armera pour affronter au premier tour l’Américain Mackenzie McDonald, 39e au classement mondial.

La 15tête de série du tournoi new-yorkais a ébauché sans trop le vouloir cette réflexion, vendredi après-midi, après s’être entraîné avec l’Italien Jannik Sinner sous un ciel gris et menaçant. Il a d’abord évoqué la nécessité de « laisser le passé derrière » en répondant à une question sur sa victoire récente à Cincinnati, qui mettait fin à une série de cinq défaites d’affilée en première ronde, notamment à Washington, Wimbledon et Roland-Garros.

Ce succès lui a-t-il permis de retrouver une certaine confiance ?

« C’était bien au moment de gagner », a-t-il répondu. « Après ça, le tournoi continue », a-t-il ajouté en passant sous silence sa défaite au tour suivant. « Il faut toujours laisser les problèmes derrière soi. Victoire ou défaite, j’essaie de me concentrer sur ce qui fonctionne dans mon jeu et d’anticiper ce que je dois faire pour bien jouer ici. »

Il faut avoir la mémoire courte. Il faut continuer à avancer. Il faut essayer, essayer.

Félix Auger-Aliassime

Et Félix Auger-Aliassime de répéter, comme s’il tenait à être bien compris : « Il faut avoir la mémoire courte. »

À court terme, cette philosophie permet vraisemblablement au tennisman québécois de se présenter à New York avec des idées moins sombres que ne l’était le ciel durant son entraînement avec la sixième tête de série au US Open.

« J’ai eu un peu de temps après Cincinnati pour m’entraîner, pour essayer d’arriver au tournoi avec le meilleur état d’esprit possible, a-t-il dit. Naturellement, quand tu gagnes beaucoup de matchs, c’est plus facile, comme ç’a été le cas dans les dernières années. Tu arrives dans un tournoi comme celui-ci en disant : “J’ai beaucoup de victoires derrière moi.” Mais là, je dois faire un effort conscient pour dire : “OK, la réalité est différente, mais je pense que je peux faire un effort pour bien m’entraîner et rester positif malgré tout.” »

« L’entraînement se passe plutôt bien », a ajouté FAA en disant avoir travaillé au cours des derniers jours sur des aspects techniques de son jeu, dont le service et le retour de service. « Il faut espérer que je puisse montrer de belles choses sur le terrain. »

2022 comme exemple

Félix Auger-Aliassime, qui vient à peine de célébrer son 23anniversaire de naissance, en est évidemment capable. Dans les derniers mois de 2022, tout semblait lui sourire.

« À la fin de l’année dernière, tout était tombé en place », a-t-il confirmé. « Je jouais bien, je me disais : “Je suis en train de devenir le joueur que je veux être.” »

PHOTO COLE BURSTON, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE

Félix Auger-Aliassime

Mais une blessure à un genou a contribué à ce qui, il l’admet volontiers, est la période la plus difficile de sa carrière.

« Physiquement, cela a été plus compliqué avec la blessure, a-t-il expliqué. Ça n’est jamais évident parce qu’on se sert de son corps comme un outil de travail. Quand on se lève le matin, qu’on a des choses à accomplir et qu’on n’est pas bien dans son corps, c’est compliqué. Cette partie-là a été longue et un peu pesante. »

Le retour à la compétition n’a pas été plus facile.

J’espérais que ça irait plus vite, mais ça n’a pas été le cas. Depuis que j’étais adolescent, c’était le crescendo sur le plan du tennis. Maintenant, j’essaie de relever un gros défi.

Félix Auger-Aliassime

« C’est un apprentissage. Il y a beaucoup de tennis à jouer. J’espère que je pourrai continuer à jouer pendant de nombreuses années. »

Mais pour y parvenir, il faut avoir la mémoire courte, laisser les problèmes derrière soi et « retrouver de bonnes sensations », pour emprunter une autre expression chère au principal intéressé.

Félix Auger-Aliassime pourra s’y mettre dès son premier match du tournoi face à Mackenzie Macdonald, qu’il a vaincu sur le gazon à Halle, en Allemagne, en 2022.

« Ça ne sera pas nécessairement facile, déclare le Québécois. C’est un joueur qui a un bon classement et un joueur qui n’est pas loin d’être une tête de série dans le tournoi. »

Et d’ajouter : « C’est un bon test. À la limite, je sais que si je peux enlever un match comme celui-là, ça va me donner de la confiance pour la suite du tournoi. J’essaie d’être très, très prêt pour le premier match, d’avoir la meilleure concentration possible pour passer ce test. »