Pour son frère, pour son chum : Samuel Finn tentera de mettre la main sur un deuxième record Guinness

Faire de l’impossible un possible. C’est un peu la spécialité de Samuel Finn. Pour la deuxième fois en moins de quatre ans, il s’attaque à un record Guinness : il tentera de réussir 1000 burpees en une heure. À nouveau record, même motivation : Cédric.

Peut-être avez-vous déjà entendu parler de l’histoire de Samuel Finn. En 2019, le Québécois a battu un premier record Guinness en réalisant 5234 burpees en 12 heures. En amont, il avait amassé 70 000 $ pour le fonds Cédric Finn de la Fondation du cancer des Cèdres.

Cédric, c’est le frère de Samuel. Il avait 26 ans, en 2016, quand il a découvert une petite masse dans ses muscles fessiers. Ce qui devait initialement être un poil incarné s’est finalement avéré un sarcome des tissus mous ; un cancer rare et agressif, qui s’est propagé dans ses poumons, puis son cerveau.

Au bout de neuf mois d’opérations, de chimiothérapie et de radiothérapie, les médecins ont annoncé à Cédric qu’il n’y avait plus rien à faire. Il s’est éteint le 20 janvier 2017.

Ced, ce n’était pas juste mon frère. C’était mon chum. En grandissant, on faisait tout ensemble. Il y a une grande partie de moi qui est partie.

Samuel Finn

Pendant que son frère menait son combat, Samuel, à la recherche de solutions, a appelé « partout » pour tenter de trouver des traitements expérimentaux.

PHOTO TIRÉE DU COMPTE INSTAGRAM DE SAMUEL FINN

Les frères Cédric et Samuel Finn

« Personne n’était capable de faire quoi que ce soit pour Ced, dit Samuel au bout du fil. Je me suis dit : câline, il faut que je trouve le moyen d’amener de la visibilité et de faire progresser la recherche pour ce sarcome-là. »

Ainsi est né son premier défi, qu’il a réussi haut la main. Trois ans et demi plus tard, le voilà qu’il renouvelle l’initiative. Il tentera maintenant de battre le record de 990 burpees en une heure. Son objectif ? 1000 burpees et 80 000 $ pour la Fondation du cancer des Cèdres.

Ça, c’est l’équivalent de 17 burpees la minute.

Un burpee toutes les 3,5 secondes.

« J’ai décidé de rester avec les burpees parce que c’est un mouvement qui est difficile, mais simple. C’est-à-dire que tout le monde est capable d’en faire, nous explique-t-il.

— Tu n’es pas tanné de faire des burpees ?

— Oui ! Assurément ! s’exclame-t-il en riant. Ce n’est pas un mouvement que j’aime faire à la base. C’est très répétitif, donc l’entraînement n’est pas le fun non plus. »

C’est un peu ça, Samuel Finn : l’art de se lancer des défis un peu fous, voire terrifiants… Et puis, des burpees, « c’est tellement facile comparativement à ce que [son] frère a vécu et ce que tout le monde qui est touché par le cancer vit », rappelle-t-il.

« Il n’y a pas place à l’erreur »

Ce défi, Samuel Finn l’appelle sa « mission impossible ». Comme en 2019, il a « des doutes ». Et comme en 2019, il est convaincu que son entraînement le mènera ultimement à bâtir de la confiance et à arriver prêt pour le grand jour.

L’homme de 32 ans n’hésite néanmoins pas à le reconnaître : ce record l’effraie plus que le premier. Cette fois-ci, la préparation physique est beaucoup plus importante.

La cadence est tellement rapide. Il n’y a pas place à l’erreur. Mon rythme cardiaque va être très élevé pendant les 60 minutes au complet. Ça va être un effort maximal que je devrai maintenir, ce qui est très difficile à faire. […] Je ne sais même pas si je vais avoir le temps de boire de l’eau.

Samuel Finn

Sur les conseils d’un entraîneur, il s’entraîne de 8 à 10 fois par semaine depuis la mi-juin. Pour habituer son corps, il alterne ses entraînements entre des répétitions de burpees et d’autres mouvements.

« Dans une séance, je vais peut-être aller chercher de 200 à 300 répétitions de burpees. Le reste va être avec du rameur stationnaire. L’objectif, c’est vraiment de travailler mon système cardiovasculaire avec des burpees quatre fois par semaine. Plus on avance, plus le volume va augmenter. »

Pour surmonter ce défi, l’ancien hockeyeur de la LHJMQ et fils de l’ancien joueur de la LNH Steven Finn compte affronter chaque minute, une à la fois. En 2019, lors de son défi de 12 heures, Samuel avait pris trois pauses de 10 minutes afin de récupérer et de manger. À sa dernière pause, alors qu’il lui restait encore plus de 1500 burpees à réaliser, l’épuisement était tel qu’il a commencé à faire de l’hypothermie. À ce moment, ses proches ont placé une photo de Cédric devant lui.

« Chaque fois que je me couchais par terre, je regardais mon frère, je me rappelais son courage et je me disais : je peux en faire un de plus, puis un autre et un autre. Ça m’a grandement aidé.

« Cette fois-ci, c’est sûr que la photo va être là pendant l’heure au complet. »

Un médecin sera d’ailleurs sur place lors du grand jour afin de s’assurer qu’il « respecte [son] cœur ».

Le pouvoir des sept jours

Samuel Finn, qui documente ses entraînements sur son compte Instagram (@sam_finn_), compte battre le record Guinness au Centre Performe Plus de Boisbriand à la fin du mois de septembre. La date reste encore à déterminer ; s’il réalise que c’est « trop rapide », il n’aura « pas peur » de repousser le moment.

Les gens peuvent venir voir et faire des burpees avec moi. Ça va être tout un évènement.

Samuel Finn

Notre entretien tire à sa fin quand on demande à Samuel si, au-delà de la visibilité qu’il souhaite apporter au sarcome des tissus mous, il espère véhiculer un message. À cela, il répond que son frère lui a appris deux leçons.

PHOTO TIRÉE DU COMPTE INSTAGRAM DE SAMUEL FINN

Samuel Finn à l’entraînement

D’abord, qu’« on est tous capables de bien plus que ce que l’on pense ».

Puis, le pouvoir des sept jours.

À la toute fin de son combat, quand les médecins ont dit à Cédric qu’il était temps de rentrer chez lui pour profiter du temps qu’il lui restait, les deux frangins ont discuté.

« À un moment donné, il m’a dit : “Sam, tout ce dont je rêverais, c’est d’avoir sept jours en santé sans cette tumeur-là dans mon cerveau. On partirait toute la famille ensemble, on aurait les meilleurs sept jours de nos vies.” »

À ce moment-là, Samuel a pensé aux sept derniers jours, qu’il venait de tenir pour acquis. « On passe à travers sept jours comme si c’était rien, mais il y a des gens comme Ced et d’autres qui rêveraient d’avoir un sept jours en santé. »

Son message, donc ?

« Ne jamais tenir sept jours pour acquis. »