Une caméra infrarouge pourrait-elle aider les thérapeutes du sport à analyser la progression d’une blessure ? C’est ce qu’étudie la thérapeute du sport Julie Lamoureux. Et c’est chez les Alouettes de Montréal qu’elle effectue ses recherches.

Julie Lamoureux a obtenu son baccalauréat en thérapie du sport il y a un an.

Pour son mémoire de maîtrise à l’Université Concordia, elle cherchait un sujet qui l’intéresserait et qui l’aiderait en même temps dans sa carrière. Elle a donc décidé de réaliser une étude « observatoire » sur l’utilisation des caméras infrarouges dans l’analyse de la guérison d’une blessure.

Les Alouettes de Montréal ont accepté de l’accueillir pour lui permettre de faire ses recherches.

« Le but ultime, c’est qu’on pourrait utiliser [la caméra infrarouge] pour guider notre réhabilitation et voir comment ça avance pour avoir un meilleur retour au jeu », nous explique la femme de 24 ans.

Mais encore ?

Ladite caméra, la Flir C7 de son petit nom, est d’abord utilisée afin de prendre une photo de départ, quand l’athlète est en santé. Cinq photos sont prises : deux du haut du corps, deux du bas du corps et une des genoux. Les images permettent de déterminer la température de chaque partie du corps : le chaud étant blanc, jaune ou rouge et le froid étant bleu ou mauve.

PHOTO CHRIS WATTIE, ARCHIVES REUTERS

L’utilisation de l’infrarouge dans le domaine musculo-squelettique est encore une nouveauté.

Lorsqu’un joueur se blesse, une nouvelle photo est prise aussitôt que possible, c’est-à-dire la journée même de la blessure ou la journée suivante.

« Souvent, avec une blessure, il y a un processus d’inflammation, dit Mme Lamoureux. On s’attendrait donc à ce qu’il y ait une augmentation de la température. Sur la caméra, tu verrais qu’un genou est plus blanc ou rouge comparé à l’autre.

« Pendant que la personne fait sa réhabilitation normale avec des thérapeutes, on prend des photos pour voir si la caméra détecte les changements de température, pour monitorer le progrès de la guérison de la blessure. »

Pendant le processus de réadaptation, les tissus guérissent et la température, logiquement, diminuera graduellement jusqu’à retrouver une « symétrie » avec l’autre jambe.

À long terme

Pour l’instant, le projet est exactement ça : un projet. Les joueurs des Alouettes qui se sont portés volontaires pour y participer ont été pris en photo dans la dernière semaine de juin ; ce sont les photos initiales, soit la « cueillette de données ». Le processus s’enclenchera si l’un d’eux se blesse.

PHOTO FOURNIE PAR JULIE LAMOUREUX

Julie Lamoureux

Les résultats amassés pendant l’étude seront confidentiels et ne serviront qu’à évaluer si la caméra « mesure bien le changement de température ». Ils ne pourront donc être utilisés par le thérapeute du sport en chef des Alouettes, Tristan Castonguay.

D’où le terme « étude d’observation ».

« Éventuellement, ce serait de l’utiliser pour notre réhabilitation, par exemple pour voir quelle partie de la jambe est encore inflammée ou plus chaude qu’une autre région. C’est un peu plus objectif comme mesure d’avoir le visuel devant toi. »

La Flir C7 a cela d’avantageux qu’elle est petite, portable, et qu’elle n’amène aucun risque, contrairement à d’autres types d’imagerie.

« Il n’y a pas de radiation, note Julie Lamoureux. […] C’est super rapide à faire et ça peut être fait par pas mal n’importe quel professionnel de la santé. Il faut juste savoir comment l’utiliser.

« Si, par exemple, je veux prendre des photos le mardi, mercredi, jeudi, c’est beaucoup plus facile parce que je peux les faire moi-même. Je n’ai pas besoin de prendre un rendez-vous, ça n’a pas besoin d’être un professionnel spécifique (IRM). »

L’infrarouge a déjà été utilisé dans d’autres secteurs, comme avec les fractures, fait savoir Mme Lamoureux. Mais dans le domaine musculo-squelettique, c’est encore nouveau. Si l’étude est concentrée sur le football, passion de la native de Dorval, la caméra pourrait un jour être utilisée pour des blessures dans d’autres sports.

Mme Lamoureux insiste toutefois sur le fait que la caméra ne peut pas servir à donner de diagnostic et qu’elle ne peut pas être utilisée « pour retourner des joueurs au jeu ». Cela dit, « pour aider avec un suivi, c’est facile à utiliser tous les jours, si on veut », résume-t-elle.