(Mont-Tremblant) Le Ironman 70.3 de Mont-Tremblant a été annulé en raison de la piètre qualité de l’air, dimanche matin, un peu moins d’une heure avant que le départ ne soit donné.

Les athlètes commençaient à arriver sur la plage afin de se préparer pour la nage de 1,9 km, aux alentours de 6 h 15, quand l’annonceur a rappelé tout le monde à la zone de transition pour une « annonce importante ». L’évènement était annulé.

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La décision a été prise en collaboration avec les autorités provinciales de la santé, « en raison de l’alerte aux cendres et des concentrations élevées de particules fines entraînant un piètre indice de qualité de l’air dans la région de Tremblant », a fait savoir le Groupe Ironman. Les prévisions n’indiquaient pas que les conditions s’amélioreraient au cours de la journée.

Le directeur régional du Groupe Ironman, Dave Christen, avait la mine basse en rencontrant La Presse, alors que tous les athlètes récupéraient leur vélo et s’échangeaient leurs émotions.

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Le directeur régional du Groupe Ironman, Dave Christen

« C’est incroyablement décevant pour notre équipe de prendre des décisions comme celle-là. Mais pour être honnête, c’était une décision vraiment facile », a-t-il fait savoir.

Avec les mesures actuelles, toutes les autorités sanitaires sur la planète auraient demandé à ce que tout le monde reste à l’intérieur et quitte l’environnement extérieur.

Dave Christen, directeur régional du Groupe Ironman

Le nuage de fumée et l’odeur qui flottaient dans l’air aux petites heures, conséquence des incendies de forêt au Québec, laissaient présager qu’une telle décision serait prise. Selon M. Christen, les organisateurs de l’évènement ont commencé à monitorer la qualité de l’air il y a quelques jours, quand l’air et le vent ont commencé à « changer ».

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« Avec la fumée des incendies de forêt, nous attendons jusqu’à la fin parce que le vent et l’environnement peuvent changer très rapidement, explique-t-il. Nous voulions voir si quelque chose allait arriver pendant la nuit, mais ça a commencé à progresser vraiment drastiquement et ça a empiré de façon significative ce matin. »

M. Christen a affirmé comprendre la déception des athlètes, qui ont investi « du temps, de l’argent, de l’énergie dans leur préparation ». « C’est hors de notre contrôle, mais c’est très frustrant pour les athlètes, j’en suis certain. Plusieurs d’entre eux ont des parcours de vie uniques jusqu’à la ligne de départ. Leurs cœurs sont brisés qu’on ne leur donne pas l’opportunité d’avoir leur journée. C’est une journée difficile, mais une décision facile. »

Réactions diverses

« Je ne peux pas croire ! », « On se voit à une autre course ! », « Je suis fâchée ! »…

Les réactions étaient diverses parmi les 3200 athlètes qui s’affairaient à récupérer leur vélo et à retrouver leurs proches afin de rentrer à la maison.

« Il faut croire que le changement climatique, c’est vrai, nous a dit Marc Trudeau, triathlète de 63 ans. C’est quelque chose, hein ? C’est frustrant, mais il faut l’accepter. C’est hors de mon contrôle, je ne peux rien faire. »

Jacques Galarneau, animateur pour le Ironman de Mont-Tremblant depuis neuf ans, était présent lorsque les premiers athlètes ont été avisés de l’annulation de la course.

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L’animateur pour le Ironman de Mont-Tremblant, Jacques Galarneau

« Je vois la déception chez les athlètes, mais en même temps, la réaction majeure qu’il y a eu, c’est que les gens ont applaudi lorsqu’on a fait la première annonce. Ça, ça me dit à quel point les gens réalisent ce qui se passe », a-t-il laissé entendre, ému par ce dont il avait été témoin un peu plus tôt.

De son côté, Chantal Gagnon s’apprêtait à prendre part à son deuxième demi-Ironman. C’est la deuxième fois qu’elle fait face à une annulation. La première fois, c’était en raison de la pandémie. La femme de 53 ans s’est dite déçue, mais elle comprenait la situation.

« On sent que l’air est difficile. Je m’étais dit que si j’en faisais un autre, je ne le ferais pas à Tremblant pour découvrir une autre ville. Sûrement qu’Ironman va nous dire qu’on peut déplacer notre inscription. »

Todd Marcellus était immobile avec son vélo, une quinzaine de minutes après l’annulation. L’homme de 50 ans était fin prêt pour son premier Ironman 70.3.

« Je suis déçu, c’est certain. C’est cinq mois de préparation et ça se finit juste comme ça… Mais c’est la qualité de l’air. C’est la bonne décision, c’est juste un peu désolant. Ça fait mal d’avoir fait tout ça. Je vais en faire un autre, c’est certain. »

Anne-Marie Dubois et Pascale Caouette, deux amies de 49 ans qui se sont rencontrées par le sport en 2015, affichaient un sourire malgré tout.

« Hier soir, j’avais des doutes, a dit Mme Dubois, dont c’était le dernier de cinq demi-Ironman. Ce matin, je me disais… Quand ils ont annulé, question de sécurité, je trouvais que c’était normal. Ils n’avaient pas le choix. On est déçus, énormément, mais je pense que c’était le choix à faire. »

[Notre entraînement] n’est pas tombé à l’eau parce que c’est une façon de vivre, de s’entraîner toujours, de vouloir être en forme et se dépasser. Aujourd’hui, c’était comme la célébration de l’entraînement. Pour nous, c’était un party aujourd’hui.

Anne-Marie Dubois

Quant à Mme Caouette, elle se réjouissait d’avoir au moins pu faire le Triathlon 5150, la veille. « Je suis privilégiée », a-t-elle affirmé.

Selon le classement en direct de la qualité de l’air dans les principales villes du monde, réalisé par IQAir, Montréal affichait le pire indice de qualité de l’air au monde, dimanche matin.