Douze des quinze joueuses de l’équipe de flag football de l’Université de Montréal font partie de l’équipe nationale, Team Canada, la plus haute reconnaissance dans cette discipline. Mais l’université ne met à leur disposition ni casier, ni vestiaire, ni terrain pour s’entraîner.

L’équipe de flag football ne réussit pas à se forger une place en tant que Carabins. Considérée comme un club sportif au sein de l’université, l’équipe de flag football de l’Université de Montréal (UdeM) ne bénéficie d’aucun privilège accordé aux joueurs de football des Carabins.

Médecine sportive, équipement, location de terrains… L’ensemble des responsabilités affiliées à la pratique du sport reposent sur les épaules des joueuses.

« Si on faisait partie des Carabins, on aurait droit à des exemptions scolaires pour nos tournois, on pourrait suivre moins de cours par session, avoir accès à des consultations en médecine sportive et avoir de l’équipement pour pratiquer notre sport », explique Clara Beaudoin, receveuse pour l’équipe de l’UdeM, en entrevue avec La Presse.

Actuellement, 80 % des joueuses de l’UdeM font partie de Team Canada, un statut qui leur donne la chance de compétitionner à l’international pour représenter l’unifolié. Or, les 12 joueuses en question ne peuvent adhérer au programme de Carabins internationaux, qui encadre et soutient les athlètes d’excellence à l’étranger.

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Pas moins de 12 des 15 joueuses de l’Université de Montréal font partie de l’équipe nationale canadienne de flag football, un statut qui leur donne la chance de compétitionner à l’international pour représenter l’unifolié.

« Si l’athlète est de calibre international, qu’elle est reconnue dans la fédération et qu’elle performe, elle peut intégrer le programme de Carabins internationaux », explique la directrice générale du CEPSUM et des sports d’excellence à l’Université de Montréal, Manon Simard.

Mme Simard précise toutefois qu’il est impossible d’accorder ce statut à plusieurs membres d’une même équipe.

La joueuse, trésorière et présidente par intérim de l’équipe, Noémie Olmand, répond que les joueuses ont besoin d’un statut de l’université.

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Noémie Olmand

On doit au moins être reconnues comme athlètes Carabins internationaux pour pouvoir continuer nos tournois à l’extérieur du pays […], mais puisque ce n’est pas prestigieux de mettre une équipe au complet sur ce programme, et que notre sport n’est pas reconnu, l’organisation ne veut pas.

Noémie Olmand

Pourtant, deux joueuses de l’équipe ont réussi à obtenir ce titre lorsqu’elles ont joué à l’international, l’an dernier.

Un problème de reconnaissance partagé

Les joueuses de l’UdeM ne sont pas les seules à mener ce combat. Les équipes de flag football féminin de l’Université Concordia, de l’Université de Trois-Rivières, de l’Université de Sherbrooke, de l’Université Laval et de l’Université du Québec en Outaouais souffrent du même problème. Seule l’Université du Québec à Montréal (UQAM) reconnaît son équipe de flag football féminin comme « équipe sportive d’excellence ».

Le directeur général de la fédération de Football Québec, Steve Duchesneau, précise que, contrairement aux dires de Mme Simard, la fédération reconnaît ce sport. « Le flag football n’est pas reconnu comme étant un sport d’excellence par le ministère de l’Éducation, du Loisir et du Sport puisque ce n’est pas une discipline olympique. »

Les joueuses de l’équipe de l’UdeM se désolent que leurs adversaires soient dans le même bateau qu’elles.

« Malgré nos propres enjeux de reconnaissance, nous avons à cœur ceux de nos rivales », affirme Clara Beaudoin.

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Clara Beaudoin

Entre équipes, nous nous serrons les coudes puisque nous vivons les mêmes défis et nous aspirons à un but commun : élever notre sport au niveau élite qu’il mérite.

Clara Beaudoin

L’entraîneur-chef du club de flag football de l’UdeM, Alexandre Desjardins, dénonce la lourdeur du processus. « Les membres de la ligue ne savent plus à qui demander des suivis. »

« Tant que le sport ne sera pas reconnu par la fédération, il sera difficile pour les six équipes restantes de faire bouger les choses », affirme Alexandre Desjardins.

Le flag football compte 12 500 joueurs et joueuses au niveau scolaire, d’après le recensement du Réseau des sports du Québec (RSEQ).

« C’est humiliant, gênant et frustrant »

Devant ce manque de ressources, les joueuses de l’UdeM doivent se tourner vers des donateurs afin d’alléger le fardeau financier de l’équipe. Cette recherche n’est pas sans obstacle.

« Nous n’avons pas le droit d’avoir des commanditaires qui pourraient entrer en conflit avec ceux des Carabins. De plus, nous n’avons pas le droit de leur faire de la publicité, ce qui rend la tâche de trouver des commanditaires quasiment impossible », explique Noémie Olmand.

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Les joueuses de l’équipe féminine de flag football de l’Université de Montréal

En mars dernier, la famille d’une des joueuses de l’UdeM a fait un don de quelques milliers de dollars à l’équipe pour diminuer les coûts imposés aux athlètes. À leur plus grande surprise, une épinglette lui a été envoyée, accompagnée d’une lettre de remerciements et d’une affichette aux couleurs des Carabins, bien que l’équipe n’arrive pas à intégrer la prestigieuse organisation.

« Étant donné que nous ne sommes pas financés comme les équipes Carabins, nous faisons des demandes de dons. Mais lorsque nos donateurs font un don, ils reçoivent des remerciements de l’organisation Carabins. C’est humiliant, gênant et frustrant », s’indigne la trésorière de l’équipe, Noémie Olmand.