Les médaillés olympiques Joannie Rochette et Patrick Chan avaient peine à contenir leur joie, jeudi matin, à la patinoire de l’Atrium Le 1000, au centre-ville de Montréal. D’une part, parce qu’ils chaussaient à nouveau des patins, et d’autre part, parce qu’ils seront les ambassadeurs des Championnats du monde de patinage artistique de Montréal, en mars 2024.

« C’est quelque chose de gros, je suis jalouse. J’aurais aimé vivre ça à Montréal », a expliqué Rochette sur le podium, au centre de la patinoire.

Un peu plus tard, loin des projecteurs, elle s’est posée. « Je dois enlever mes patins. Ce sont des nouveaux et ils ne sont pas encore cassés », a-t-elle dit en délaçant son ancien outil de travail.

PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, LA PRESSE

Joannie Rochette

À l’occasion de cet évènement d’envergure, présenté du 18 au 24 mars au Centre Bell, il est essentiel de souligner à quel point tenir les Mondiaux de patinage artistique est prestigieux. Après tout, il n’y a pas que les Jeux olympiques. Mieux encore, le calibre est souvent plus relevé que lors du rendez-vous quadriennal.

« Ce n’est pas la même chose que les Olympiques en termes d’envergure, mais pour nous – en mettant l’accent sur le dernier mot –, c’est la compétition la plus importante de l’année », dit-elle avant de se rétracter : « Je dis “nous”, mais je veux dire à l’époque où j’étais patineuse. »

PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, LA PRESSE

Le vice-président de la Fédération internationale de patinage, Benoit Lavoie

Présent pour l’annonce des ambassadeurs, le vice-président de la Fédération internationale de patinage, Benoit Lavoie, n’a pas caché les intentions du comité organisateur : « Ce sera un évènement de grande qualité. Ce sera historique ! On s’en souviendra longtemps », a-t-il évoqué dans son veston aux couleurs de la Fédération.

« Les gens qui viendront auront droit au même niveau qu’aux Jeux. Il faut leur faire réaliser à quel point c’est spécial. Ça n’arrive tellement pas souvent qu’on ait ça ici. D’habitude, c’est partout dans le monde, mais là, ce sera chez nous ! », lance la patineuse Marjorie Lajoie en bordure de la patinoire, les deux patins sur le tapis rouge déroulé pour l’occasion. 

Plaisir et pression

Nikolaj Sorensen et Laurence Fournier Beaudry ont pris le cinquième rang, il y a deux mois, aux derniers Championnats du monde, au Japon, au terme de la meilleure saison de leur carrière.

Ces Mondiaux à Montréal représenteront la chance de réaliser leur plus grand objectif : monter sur le podium en Championnats du monde. « On ne le cache pas, on veut une médaille », affirme Sorensen.

PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, LA PRESSE

Laurence Fournier Beaudry et Nikolaj Sorensen

La saison dernière, le couple a coché toutes les cases sur sa liste de souhaits. Tous deux ont patiné à la hauteur de leurs propres standards. « La pression, elle vient surtout de nous. »

À Montréal, dans moins d’un an, peut-être que l’apport d’une foule déjà conquise pourrait les propulser sur le podium, croit Fournier Beaudry.

Ça nous donnera encore plus d’énergie, parce que c’est le public qui nous donne de l’énergie, savoir que les gens qu’on aime seront là.

Laurence Fournier Beaudry

Pour Zachary Lagha, le partenaire de Lajoie, la clé est d’oublier le contexte et de simplement faire ce qu’ils font de mieux. « C’est juste une autre glace, lance-t-il sérieusement pendant que sa coéquipière rit. Que ce soit à Montréal, en Suède ou au Japon, il faut juste patiner. C’est chouette que ce soit à Montréal et c’est sûr qu’il y aura plus de bruit, mais malgré tout, ça reste une compétition. Il faut juste patiner ! »

PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, LA PRESSE

Zachary Lagha et Marjorie Lajoie

L’autre ambassadeur de l’évènement, Patrick Chan, se rappelle les Jeux olympiques de 2010, à Vancouver, sur le sol canadien. Le seul conseil qu’il aurait à donner aux patineurs canadiens serait d’en profiter le plus possible, car les souvenirs, c’est tout ce qu’il restera une fois les patins accrochés.

« C’est super intense d’avoir ça chez nous. Il faut qu’ils se rappellent tous le travail effectué pour se rendre là. Il ne faut pas tout prendre trop au sérieux. J’ai 32 ans, j’ai du recul, et je suis un peu déçu de ne pas avoir pris le temps de pleinement en profiter. J’étais trop sérieux, trop intense, trop concentré. Il faut s’amuser, c’est du sport. »

Les billets seront mis en vente le 15 juin prochain.