Le CF Montréal a fait école cette semaine avec ce qui doit être l’un des plus fracassants congédiements d’entraîneur de l’histoire sportive. Il n’en fallait pas plus pour nous inspirer cette édition de Mauvaise conduite.

Richard Labbé

On peut dire qu’il y a eu pas mal d’affaires faites sous le signe de l’inusité quand Pierre Gauthier était le directeur général du Canadien. Un défenseur, Jaroslav Spacek, a dû sécher pendant de longues minutes dans le bureau du DG avant de savoir où il avait été échangé, parce que le DG, un peu parano, avait peur que l’information se retrouve dans les médias. Un autre joueur, Mike Cammalleri, a été échangé en plein match.

Pour ajouter au cirque, il y a aussi eu le congédiement d’un entraîneur adjoint, Perry Pearn. Congédier un adjoint en pleine saison, c’est déjà assez rare et souvent inutile, mais Pearn a été remercié le 26 octobre 2011, à peine deux heures avant le début d’un match au Centre Bell ! Cette décision sans queue ni tête n’a d’ailleurs absolument rien donné, à part peut-être creuser encore plus l’écart entre Gauthier et le reste de l’équipe. La farce s’est enfin conclue en mars 2012, quand Gauthier lui-même a été congédié.

Mathias Brunet

PHOTO BERNARD BRAULT, ARCHIVES LA PRESSE

Claude Julien (à droite) derrière le banc des Devils du New Jersey, en 2006

Congédié un an plus tôt par le Canadien, Claude Julien connaît une saison de rêve à sa première année chez les Devils du New Jersey. Il reste une semaine à faire en saison « régulière » et les Devils, menés par les Elias, Parise, Gomez, Rafalski, Gionta et évidemment Martin Brodeur, trônent en tête de leur division, au sixième rang du classement général, avec une fiche de 47-24-8 et 102 points.

Claude Julien ne s’attendait certainement pas à recevoir cette brique sur la tête ce matin-là, d’autant plus que les Devils venaient de vaincre les Bruins de Boston, pour leur quatrième victoire en cinq matchs. Mais le patron, Lou Lamoriello, venait de décider que son club n’était pas prêt pour les rigueurs des séries éliminatoires. « Nous ne sommes pas dans le bon état d’esprit physiquement et psychologiquement pour les séries et j’ai une responsabilité envers les propriétaires, les fans et les joueurs », a-t-il justifié aux journalistes.

Les Devils ont éliminé le Lightning de Tampa Bay, l’un des pires clubs à accéder aux séries, mais ont été écartés en seulement cinq matchs au tour suivant par Ottawa... avec Lamoriello derrière le banc. Les Devils n’ont pas franchi la première ronde lors des quatre années suivantes. Et en 2011, l’année où les Devils étaient écartés des séries avec un maigre total de 81 points, Claude Julien remportait la Coupe Stanley à sa quatrième saison à Boston...

Simon-Olivier Lorange

PHOTO BERNARD BRAULT, ARCHIVES LA PRESSE

L’entraîneur des gardiens du Canadien, Stéphane Waite, avec Carey Price, en juillet 2020

Est-ce à ce point inusité ? Probablement pas. Est-il même historique ? Pas davantage. Mais le congédiement de Stéphane Waite, entraîneur des gardiens de but du Canadien pendant sept saisons, m’a particulièrement étonné. Que Waite soit remercié en mars 2021 n’était pas en soi inimaginable : son principal protégé, Carey Price, connaissait une saison ordinaire et la direction venait de montrer la porte à l’entraîneur-chef, Claude Julien, et à son adjoint, Kirk Muller. Le directeur général de l’époque, Marc Bergevin, avait semblé avancer publiquement que Waite n’avait pas à s’inquiéter ; or, comme on le sait, les choses changent parfois rapidement.

Ce qui a surtout laissé une impression étrange, c’est la manière dont le DG s’y est pris. Au début de la troisième période d’un match à domicile contre les Sénateurs d’Ottawa, Bergevin est entré dans la loge d’où Waite suivait la rencontre. « Tu me niaises ?! », avait-il alors lancé à son patron. Ce dernier était toutefois parfaitement sérieux. La discussion n’a duré que quelques minutes, et le Sherbrookois est descendu chercher ses effets personnels dans son bureau.

L’organisation a annoncé plus tard en soirée, après les points de presse d’après-match, que Waite ne faisait plus partie de l’équipe et que Sean Burke le remplaçait. Congédier un membre du personnel hockey n’est pas une nouvelle rare dans la vie d’une équipe de la LNH. Mais le faire comme s’il avait volé l’argent de la petite caisse, ce n’est pas tellement élégant.

Alexandre Pratt

PHOTO TIRÉE DE NFL.COM

L’entraîneur-chef des Rams de Los Angeles, George Allen, en 1978

L’ancien président et copropriétaire des Alouettes George Allen fut surtout un entraîneur légendaire aux États-Unis. Il a d’ailleurs été élu au Temple de la renommée. Ça ne veut pas dire que sa carrière fut un long fleuve tranquille. Le 24 décembre 1968, à 8 h, il a reçu un appel de Dan Reeves, propriétaire de son équipe, les Rams de Los Angeles. Les Rams avaient alors une fiche de 10-3-1.

« Je lui ai dit quelque chose comme Joyeux Noël, a-t-il raconté au Sports Illustrated. [Reeves] m’a répondu : “Tu es congédié. Nous deux, on ne s’entend plus ensemble.” » Dix ans plus tard, Allen est revenu avec ces mêmes Rams. L’expérience n’aura duré que deux matchs... en présaison.

Jean-François Tremblay

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, ARCHIVES LA PRESSE

L’entraîneur-chef de l’Impact de Montréal, Wilmer Cabrera, en 2019

Impossible de passer à côté du congédiement de Wilmer Cabrera par le club connu autrefois sous le nom d’Impact. Cabrera a été congédié le 24 octobre 2019, 16 jours après avoir été envoyé comme seul dirigeant devant les médias pour faire le bilan de la saison.

Bilan qu’il avait fait comme un grand garçon du haut de ses.. deux mois d’expérience à la barre du club, après un remplacement au pied levé de Rémi Garde. Le remplacement de Mauro Biello par Garde avait été un fabuleux échec, et l’embauche de Cabrera (quelques jours après son propre congédiement par le Dynamo de Houston) par Kevin Gilmore reste l’un des plus grands mystères de l’histoire du sport montréalais.

Un entraîneur sans envergure, qui n’a rien transformé au sein de l’équipe, et qui a ensuite été inexplicablement envoyé dans la gueule du loup au bilan de fin de saison. Puis un jour, comme ça, il était congédié, par communiqué, sans explication, rien. Pas que ce n’était pas un congédiement justifié, loin de là, mais cet épisode est un exemple parfait de la gestion dysfonctionnelle au sein de l’Impact à ce moment.

Appel à tous

Et vous, de quel congédiement d’entraîneur inusité vous souvenez-vous ?

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