Maude Charron a remporté jeudi deux médailles à ses premiers Mondiaux d’haltérophilie, à Bogota, chez les moins de 59 kg. Deux cerises imprévues sur un gâteau. Comme celui qu’elle s’offrira cette semaine avec un bon café colombien.

L’athlète de Rimouski a remporté le bronze à l’aide de son poids combiné de 231 kilos, à laquelle s’est ajoutée une médaille d’argent à l’arrachée avec une performance de 103 kilos. Elle a soulevé 128 kilos à l’épaulé-jeté pour grimper sur le podium, où elle n’a été devancée que par la Colombienne Yenny Fernanda Alvarez Caicedo (234 kilos) et la Taïwanaise Kuo Hsing-chun (232 kilos).

Charron, médaillée d’or aux Jeux olympiques de Tokyo chez les 64 kg, se place ainsi en excellente position pour obtenir sa qualification en vue des Jeux de 2024 dans cette nouvelle division de poids, un choix dicté par l’élimination de la catégorie des 64 kg aux Olympiques.

« J’avais de la pression, surtout que je m’imposais moi-même. Je voulais me prouver que j’avais ma place dans cette catégorie et valider que le choix d’aller chez les 59 kg et non chez les 71 kg était un bon choix », a dit Charron en visioconférence de sa chambre d’hôtel de Bogota, vendredi.

« J’ai aussi choisi un entraîneur américain dernièrement (Spencer Arnold) : je voulais donc prouver à ma fédération que ça a fonctionné, que notre travail a porté fruit. Que je continue de donner de bons résultats. Je sentais que je devais obtenir de bons résultats. »

D’autant plus qu’avec le nouveau format de qualifications olympiques, où un seul bon résultat dans une grosse compétition pourrait procurer un billet vers Paris, Charron vient d’engranger d’importants points à sa première sortie internationale à ce poids.

« Tout le monde veut lever lourd. Les gens sont prêts à se blesser sur la plateforme juste pour obtenir leur billet. C’était vraiment intense et ça ajoutait un peu de pression. Mais je suis bonne sous la pression », a noté Charron.

« Sans vendre la peau de l’ours, j’ai dit à ma mère et mon chum ce matin qu’il faudrait commencer à regarder les billets pour Paris ! En le sachant près de 20 mois d’avance — contrairement à un mois d’avance pour Tokyo —, ça enlève énormément de pression. On va continuer d’aller aux compétitions où je dois aller, mais il n’y aura plus la pression de faire un gros total, car c’est déjà acquis.

« Je ne venais pas ici pour les médailles, je venais ici pour faire ma première compétition chez les 59 kg. Je voulais un top 10 parce que c’est ce que ça prend pour aller aux Jeux. Je voulais en plus faire un top-5, car avec les filles qui étaient ici, je croyais que c’était à ma portée. Le reste, c’est du bonus. »

Nouveau départ

Charron, qui s’entraîne toujours dans le garage familial de Rimouski, sentait qu’elle avait besoin d’un nouveau départ pour ce nouveau cycle olympique, d’où son appel à Arnold.

« Avec le nouveau processus de qualification, j’avais besoin de travailler différemment, a expliqué celle qui étudie en techniques policières. C’est un entraîneur que je connaissais déjà ; il a d’autres athlètes sur le circuit, d’autres olympiens, dont une médaillée d’argent à Tokyo. Il a beaucoup d’expertise et est très méticuleux.

« J’avais besoin de quelqu’un qui allait faire monter d’un cran ma préparation tout en s’assurant que ça reste plaisant pour moi. Je voulais m’entraîner dans de nouvelles conditions pour ce nouveau cycle et cette nouvelle catégorie de poids. Je voulais tout repartir à neuf pour bien lancer ça. »

Charron compte profiter des prochains jours pour faire un peu de tourisme en Colombie et veut assister à la compétition chez les 71 kg, le 12 décembre. Elle prendra un vol de retour le lendemain, afin de passer les Fêtes en famille.

Elle s’attaquera ensuite à sa préparation en vue des Championnats du Commonwealth et des Championnats panaméricains, qui serviront aussi de qualifications pour Paris 2024.