Les athlètes nouvellement admis au Temple de la renommée du Panthéon des sports du Québec ont marqué l’imaginaire. Néanmoins, le fait qu’aucun d’entre eux n’était prédestiné à connaître un tel succès unit aussi les membres de cette cuvée.

« On dirait que j’ai encore le syndrome de l’imposteur, a d’abord dit Charline Labonté lors du cocktail qui avait lieu au club de golf Métropolitain Anjou avant la cérémonie. Je regarde la cuvée… c’est quelque chose ! »

Avec elle, Benoit Huot, Erik Guay, Georges St-Pierre, Martin St-Louis, Michelle Gendron et Olga Hrycak sont devenus, mercredi, des immortels du sport québécois.

Guay était tout aussi impressionné d’être intronisé aux côtés de si grands noms.

C’est une grande cuvée. C’est un honneur exceptionnel que je reçois avec humilité et fierté. On reconnaît quand même bien nos athlètes au Québec et je trouve qu’on est chanceux.

Erik Guay

D’ailleurs, les temps et les mœurs ont changé depuis la première cérémonie d’intronisation il y a 31 ans. Georges St-Pierre est peut-être le mieux placé pour le comprendre, lui qui a commencé les arts martiaux mixtes à un moment où il était interdit de les pratiquer. « Être intronisé, ça me rend vraiment très fier. »

Sourire aux détracteurs

Tous les athlètes présents à la soirée ont commencé leur carrière avec une prise au compteur. Voire deux.

Labonté évoluait dans un monde complètement masculin. Huot a dû prouver à tous qu’il pouvait percer même en étant en situation de handicap. Guay et St-Pierre ont marqué l’histoire de disciplines qui étaient atypiques il y a quelque temps.

PHOTO CATHERINE LEFEBVRE, COLLABORATION SPÉCIALE

Benoit Huot

Maintenant, leurs noms font partie de la légende.

Labonté se rappelle son premier entraîneur à vie, dans le novice C, qui ne voulait pas la faire jouer au poste de gardien de but, car elle était la seule fille de son équipe. « Encore aujourd’hui, je repense à ce coach-là et j’aimerais ça le revoir. Lui serrer la main et lui faire un sourire », a-t-elle dit en riant, trois médailles d’or olympiques plus tard.

Je ne voulais pas prouver à quelqu’un qui ne croyait pas en moi qu’il avait tort, mais prouver à ceux qui croyaient en moi qu’ils avaient raison.

Charline Labonté

St-Pierre a la même vision des choses. Cependant, il lui a fallu plus de temps pour le réaliser. Si dorénavant il n’y a que le regard des gens qu’il aime qui lui importe, l’un des plus grands combattants de l’histoire de l’UFC affirme qu’il n’en a pas toujours été ainsi. « Il y a eu un grand changement dans la manière dont je vois les choses. Quand je compétitionnais au début, ce que les autres pensaient de moi, c’était très important. Et après ma retraite, j’ai eu comme un déclic. »

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Georges St-Pierre

Benoit Huot, quant à lui, s’est servi des regards qui étaient portés sur lui pour changer les choses. Très tôt dans sa carrière, le nageur gagnant de 20 médailles paralympiques a compris que sa tribune pouvait faire avancer la cause. Au-delà des médailles, sa priorité a toujours été de « faire rayonner le mouvement paralympique ».

Il explique que l’éducation et son rôle d’ambassadeur ont pris une place considérable dans son cheminement. Même s’il reste encore « beaucoup de travail à faire », cette intronisation au Temple de la renommée est peut-être la confirmation que son objectif de démocratiser le sport paralympique s’est concrétisé.

Nul n’est prophète en son pays

Erik Guay a connu la gloire en Europe. Il a remporté au cours de sa carrière deux titres en championnats du monde et un globe de cristal. Les deux plus hautes distinctions après une médaille olympique dans le monde du ski alpin. Encore aujourd’hui, Guay précise humblement qu’il se fait arrêter dans la rue en Autriche, tellement ses réalisations ont été grandioses.

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Erik Guay

Cependant, bien malgré lui, son prestige était moindre dans sa province natale. Ainsi, être récompensé d’un tel honneur lui confirme que même s’il a bien profité de son succès de l’autre côté de l’Atlantique, les Québécois ont toujours été derrière lui.

Maintenant, il veut redonner pour que ses compatriotes puissent à leur tour atteindre les plus hauts sommets.

« On a tout ce qu’il faut pour compétitionner avec les grands en Europe, estime-t-il. On est fiers d’avoir une nouvelle Coupe du monde à Tremblant. Je pense que ça motivera nos jeunes athlètes québécois à prouver que ce n’est pas juste en Europe que ça se passe. »

Idem pour St-Pierre, qui a d’abord été élevé au rang de supervedette en Asie. À son retour au Centre Bell, en 2008, il a ressenti tout l’amour que son peuple lui portait : « C’est le moment le plus mémorable de ma carrière. […] Quand l’annonceur a annoncé mon nom, je n’ai pas pu l’entendre puisque la foule faisait trop de bruit. C’était malade. C’est comme si j’étais à côté d’un haut-parleur dans une discothèque et que la vibration frappait ma peau. »