Prodige, surdouée, virtuose… Tous des qualificatifs qui peuvent accompagner le nom de Summer McIntosh. À 15 ans, la Canadienne a de l’avance sur certaines des plus grandes nageuses de l’histoire au même âge. Une manière détournée de dire qu’elle pourrait, elle aussi, entrer dans la légende.

« On ne peut pas savoir de quoi sera fait l’avenir pour Summer McIntosh, mais on a peut-être devant nous la plus grande nageuse de l’histoire du Canada », estime Benoit Huot, multiple médaillé paralympique et analyste à Radio-Canada, au sortir de Mondiaux qui ont mis l’Ontarienne au premier plan.

Avec deux titres de championne du monde, au 200 m papillon et au 400 m quatre nages, en plus de sa médaille d’argent au 400 m style libre et de sa médaille de bronze au relais 4 x 200 m, McIntosh a confirmé qu’elle était la nageuse la plus prometteuse au monde.

Huot pense qu’« elle a tout pour devenir la Katie Ledecky du Canada ». Ce qui n’est pas peu dire. Ledecky est considérée comme la nageuse la plus prolifique de l’histoire avec ses 22 médailles en Championnats du monde, dont 19 en or, et ses 9 médailles olympiques, dont 7 en or, à tout juste 25 ans.

Cependant, McIntosh est plus rapide que l’Américaine au même âge.

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Summer McIntosh (à gauche) et l’Américaine Katie Ledecky lors des Mondiaux de natation, la semaine dernière, à Budapest

Au cours de la dernière année, celle qui est née quelques mois après la sortie du film Les bagnoles a connu une progression fulgurante. Au rayon de ses faits d’armes, des performances qui ont déjà leur place parmi les plus mémorables de l’histoire de la natation féminine.

Son chrono au 400 m style libre aux essais canadiens était le 11e de l’histoire. Elle a réalisé le 400 m quatre nages le plus rapide de l’histoire chez les athlètes de 15 ans et moins avec un chrono de 4 min 29,12 s, un temps plus rapide que ce qui a valu à Yui Ohashi l’or olympique à Tokyo. C’est aussi elle qui a nagé les 200 m libre et papillon les plus rapides de tous les temps pour une athlète de 15 ans et moins.

Ses prestations aux Mondiaux ont fait réagir aux quatre coins du monde de la natation. Pourtant, McIntosh ne semble pas s’en faire outre mesure, notamment parce qu’elle est consciente que dans la victoire ou dans la défaite, la vie ne dépend pas que de la natation.

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Summer McIntosh quitte le podium après y avoir reçu la médaille d’or pour sa victoire à l’épreuve du 400 m quatre nages.

Son entraîneur, Kevin Thorburn, est mort en avril 2020. Puis, en janvier 2021, son père a reçu un diagnostic de cancer. Tout pour ébranler une jeune fille toujours à l’école secondaire. Toutefois, McIntosh a gardé son sang-froid et a battu Penny Oleksiak aux essais canadiens pour se qualifier pour ses premiers Jeux olympiques, à 14 ans.

D’ailleurs, si Huot entrevoit que McIntosh pourrait connaître peut-être plus de succès que la plus grande médaillée olympique de l’histoire du pays, c’est que l’adolescente a déjà remporté deux médailles qu’Oleksiak n’est toujours pas parvenue à gagner, soit l’or dans des épreuves individuelles en Championnats du monde.

« Elle n’a pas encore de médailles olympiques, mais elle a l’attitude, le désir, le soutien et l’encadrement », explique Huot.

Une détermination en or

Au-delà de ses résultats, McIntosh impressionne par son calme, sa maturité et un désir insatiable de faire mieux à chaque nouvelle longueur. Fille de Jill McIntosh, nageuse qui a représenté le Canada aux Jeux de Los Angeles en 1984, elle sait ce que ça prend pour réussir. Elle sait aussi qu’elle y parviendra en gardant le sourire, qu’elle affiche catégoriquement avant et après chaque course.

Selon Huot, la recette du succès de McIntosh est composée de deux éléments : un « talent incomparable » et un « travail acharné ».

Elle est arrivée au Centre de haute performance de Toronto il y a deux ans, lorsqu’elle avait 13 ans. « Déjà à cette époque, l’entraîneur-chef Ben Titley me disait qu’il avait rarement vu quelque chose d’aussi particulier. Elle pouvait maintenir des séquences d’intervalles avec un rythme extrêmement élevé à un si jeune âge et en ayant un petit physique, à côté d’une championne olympique comme Penny », se souvient Huot.

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La Canadienne Summer McIntosh a brillé lors des Mondiaux de natation, la semaine dernière, à Budapest, où elle a remporté quatre médailles, dont deux en or.

McIntosh aura l’occasion de briller aux Jeux de Paris en 2024 et d’ici là, elle s’entraînera au sein d’une équipe de nageuses qui pourra l’aider et l’inspirer à atteindre les plus hauts sommets. Même si ce n’est pas la motivation qui manque chez la Torontoise.

« Il y a peu d’athlètes qui s’entraînent aussi fort qu’elle. Il y a peu d’athlètes qui ont envie de monter sur la plus haute marche du podium autant qu’elle », poursuit Huot.

Des semaines comme celle des Mondiaux, elle en revivra une tonne. En revanche, des nageuses comme elle, il n’y en aura que très peu.