Aurélie Rivard et Nicolas-Guy Turbide représenteront le Canada aux Championnats du monde de paranatation, au Portugal, à compter de dimanche. Pour les deux nageurs, il s’agit de la première étape d’un nouveau cycle paralympique qui les mènera à Paris en 2024. Un cycle qu’ils ont l’intention d’aborder avec plus de légèreté.

Ils seront 31 nageurs canadiens à débarquer à Madeira. La Presse a intercepté les deux médaillés paralympiques dans leur chambre d’hôtel à Crawley, en Angleterre, à environ une heure de Londres, où ils ont passé 11 jours avant de s’envoler pour le Portugal.

En natation, les Mondiaux sont la compétition la plus importante après les Jeux paralympiques. De très peu. Habituellement, et ça s’est confirmé au cours des 20 dernières années, les Championnats du monde sont plus rapides que les Jeux. C’est là que la majorité des records de vitesse sont établis.

Cela s’explique notamment par le fait que, contrairement aux Jeux paralympiques, tout est mis en place pour offrir aux athlètes de meilleures conditions de performance. Aux Jeux, par exemple, les nageurs peuvent être appelés à concourir tôt le matin ou tard le soir pour satisfaire les réseaux de télévision américains.

Aux Mondiaux, tout est pensé autour des athlètes, tout est concentré autour de la performance, donc c’est toujours plus vite, c’est plus excitant.

Aurélie Rivard

Plus rien à prouver

Questionnés pour savoir s’ils ressentaient une certaine pression considérant le fait qu’il s’agit de la première compétition d’envergure depuis les Jeux de Tokyo, Turbide répond sans hésiter : « Je n’ai même pas l’impression que je vais en compé[tition] ! »

PHOTO MARKO DJURICA, ARCHIVES REUTERS

Le paranageur Nicolas-Guy Turbide

« Moi non plus ! », ajoute immédiatement Rivard en éclatant de rire.

« C’est difficile à croire, parce que se rendre à Tokyo a été pénible. Il y avait toujours des obstacles. Là, on dirait que ç’a tellement été simple de se rendre aux Championnats du monde que c’est difficile de croire qu’on nage dans seulement quelques jours, sans complication », affirme la gagnante de cinq médailles aux derniers Jeux.

Après deux années extrêmement compliquées où les deux athlètes se sont remis en question, ces Mondiaux et ce quasi-retour à la normale seront une excellente manière pour les nageurs de voir où ils en sont dans leur progression. « Ça donne une bonne idée de ce dont les Jeux paralympiques vont avoir l’air », indique Rivard.

Turbide note qu’ils arrivent malgré tout sans pression. « On n’a surtout rien à prouver », souligne-t-il.

Avec leurs multiples médailles gagnées aux Jeux paralympiques, aux Mondiaux et aux Jeux parapanaméricains, Turbide et Rivard ont marqué à leur manière l’histoire de la paranatation au Canada. À respectivement 25 et 26 ans, ils placent toujours la performance au centre de leurs priorités. « Mais il nous en reste pas mal moins qu’il nous en restait. Il faut apprécier et profiter de l’expérience. »

« J’approche ça avec beaucoup plus de zénitude et de légèreté que l’année passée. On a beaucoup d’expérience, on essaie de se fier là-dessus. […] Il faut aussi le voir comme la première année d’un cycle de trois ans », explique Rivard.

En route vers Paris

Les deux vétérans ont donc les Jeux paralympiques de Paris de 2024 dans leur ligne de mire. Ce qui était loin d’être certain il y a quelques mois à peine, au sortir d’une séquence éprouvante ponctuée par les Jeux de Tokyo.

Ç’a été difficile de revenir dans la piscine après Tokyo, mais l’une des raisons pour lesquelles je continue, c’est que je ne voulais pas finir ma carrière sur l’année pandémique de Tokyo.

Aurélie Rivard

Elle veut toujours se dépasser, emmagasiner le plus de souvenirs possible et surtout prendre pleinement conscience du privilège qu’elle a de nager à un haut niveau depuis une quinzaine d’années. « Quand ce sera une corvée, que ce sera laid, que ce ne sera plus plaisant, je pense que ça va être un signe qu’il faut que je passe à autre chose. »

Pour sa part, Turbide résume rapidement à quoi s’est arrêtée sa décision : « C’est parce que j’aime vraiment beaucoup ça, c’est aussi simple que ça. » Il carbure toujours autant à l’entraînement et il est primordial pour lui ne pas se poser trop de questions.

Les deux nageurs veulent prendre une étape à la fois, car c’est plus facile et surtout plus sain. « D’avoir à recommencer cette année, de mettre à jour nos objectifs, de voir où on est rendus. On s’ajuste en fonction de ce qui se passera et après on verra. Pour nous deux, c’est une solution qui marche bien pour l’instant », explique Turbide.

« On est des nageurs à la base, on aime encore ça et on pense que notre place est encore ici », renchérit Rivard.

Pour l’instant, la prochaine étape est au Portugal et ils ont bien l’intention de reprendre là où ils avaient laissé à Tokyo.